Chapitre 7

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J'ouvris les yeux lentement. La première chose que je vis fut un visage. Celui d'un homme assez grand, aux yeux d'un bleu si clair que j'avais l'impression d'observer le ciel. Il passa sa main dans ses courts cheveux châtain en me fixant.

- Bon retour parmi nous, m'accueillit-il timidement.

Je levai ma tête que j'avais posé sur mes pattes avant, les oreilles relevées. Je cherchai du regard à comprendre où je me trouvais. L'espace était petit, ça semblait être une chambre. Des rayons de lumière baignaient la pièce d'une atmosphère chaleureuse. Je voulu me relever totalement mais une douleur au flan me fit gémir.

- Fais attention, me prévint l'homme aux yeux du ciel. Cette blessure n'est pas totalement guérie, m'expliqua-t-il en pointant du doigt mon flan.

Je le fixai, la tête penchée sur le côté.

- Tu as faim peut-être ? Il est midi.

J'hochai la tête ativement au son de mon estomac qui gargouillait.

- Tu m'étonnes, sourit l'homme, après cinq jours de sommeil.

Je restai immobile, le cerveau tournant à plein régime. Que c'était-il passé il y a cinq jours ? J'avais visiblement été gravement blessée. Pourquoi étais-je dans cet endroit et non chez moi ? Ma mère devait s'inqu...
Des flashs brouillèrent ma vision.
La rivière, le bruit de l'eau grouillante. Le silence. Les yeux vert pailletés d'or. La douceur des caresses. La batte. Le bruit du verre qui se brise. La peur. L'odeur du sang. L'herbe rosée. La noirceur des yeux. Le corps inerte de ma mère. La douleur. Le claquements des mâchoires. La colère. Le soulagement. Et la douleur. La douleur. La douleur.

Je revins à moi la gueule ouverte dans un gémissement de douleur, le corps replié sur lui même. Je pleurai, je grognai. Revivre la perte de ma mère était insupportable... Elle ne pouvait pas être morte. C'était impossible...
Je sautai du lit malgré ma blessure et m'aperçus que l'homme aux yeux du ciel n'était plus là. La douleur écrasait ma poitrine comme un étau de fer. Il fallait que je retrouve ma mère.
Au moment où je franchis la porte de la chambre afin de partir, un groupe entra précipitamment dans ce qui paraissait être le salon de la maison. Ils s'immobilisèrent tous en m'aperçevant, et un homme s'avança prudemment vers moi. Je le reconnus comme étant l'Alpha à la force surhumaine que j'avais combattu. L'homme aux yeux vert pailletés d'or. Celui qui m'avait sauvé de la rivière. Elior me rappelais-je enfin.
Il traversa le salon jusqu'à moi, s'abaissa presque à ma hauteur et me fixa droit dans les yeux.

- Je sais que tu me comprends louve. Sache que tu es en sécurité ici. Cependant si tu tente quoi que ce soit contre l'un des miens, c'est à moi que tu aura affaire, et ça risque de ne pas te plaire.

Je baissai ma tête en signe de soumission, afin qu'il comprenne que j'acceptais ses termes. Après tout, lui m'avait sauvé la vie et les autres m'avaient soigné. Je leur devais au moins ça.
Je perçus des chuchotements derrière lui mais n'y prêtais pas attention.

- Bien, conclut-il.

J'observai ses yeux plongés dans les miens, et je sentis quelque chose passer entre nous. Une sorte d'onde à la fois tiède et électrisante. Les paillettes dorées de ses yeux semblèrent danser un instant, devenir plus intenses. Le temps parut s'arrêter. Ses doigts de glissèrent derrière mon oreille droite. Je me sentis en confiance, ma peur des hommes sembla s'éloigner petit à petit. Ses caresses étaient délicieuses.
Un énorme bruit nous fit sursauter tous les deux. Je reculai vivement comme si ses doigts m'avaient brûlé, et vis une lueur d'incompréhension passer dans ses prunelles. J'aperçus le petit louveteau aux yeux d'or, qui poussait tout le monde du bout de son museau afin de parvenir jusqu'à moi. Il vint se loger contre mon flan sans aucune peur, et aboya de ce qui me semblait être de la joie. Toutes les personnes présentes à l'entrée du salon nous fixaient, un certain malaise planait dans la pièce. L'émotion monta dans mon coeur. Ce petit se comportait comme si j'étais sa mère. J'avais toujours su que je ne pourrais avoir d'enfant, de par ce que j'avais vécu, mais le sentir blotti contre moi... C'était un sentiment si particulier, unique.
Je m'alongeai au sol en faisant attention au petit, et posai ma tête sur mes pattes avant. Les larmes coulaient de mes yeux sans que je ne puisse les contrôler. Pour quelle raison tout ça m'arrivait-il ? Pourquoi m'avait-on retirer la seule et unique personne qui m'avait aimé tout comme je l'avais aimé. La souffrance était si terrible. Mon souffle s'était coupé devant le corps sans vie de ma mère. Mon coeur s'était arrêté en une simple seconde.
Pourquoi ?

SylverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant