Chapitre 5

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Sylver.

Maman c'est toi .?.. ! Maman

N'oublie jamais qui tu es.
Ne fais confiance à personne, l'ennemi est toujours plus proche que l'on ne pense.

Je t'en supplie, ne pars pas...

Il le faut ma chérie. Sache que je ne regretterai jamais de t'avoir accueillit, aimé et chérit comme ma propre fille.

Je t'aime tellement si tu savais, tu es la seule mère que je n'ai jamais eu.

Adieu Sylver. Je t'aime.

Non ! Maman !

* * *

Snif, snif. Snif.

Un bruit incessant ne faisait que de me déranger dans mon sommeil. Je ne voulais pourtant qu'une chose, mourir près de ma mère.

Snif snif snif. Snif, snif.

Mon esprit totalement embrumé ne comprenait pas d'où provenait ce son étrange. Il persista de longues minutes et je finis par ouvrir mes lourdes paupières. 
Le petit louveteau gris aux yeux jaunes de la dernière fois se tenait devant moi. Il devint flou tandis que les yeux dans le vague après cette seconde de lucidité, je me laissais de nouveau dériver vers une mort certaine. A quoi bon vivre dans un monde si cruelle ? On m'avait arraché au seul être qui comptait pour moi, après toutes les tortures endurées durant ces années. À quoi rimait tout ça ?

Je percevais les petits gémissements de tristesse de l'animal, et sentis sa truffe fraîche se poser sur la mienne. Je ne sus pourquoi, mais je me concentrais sur cette sensation. C'était agréable, se frottement léger, comme une caresse fraîche qui m'appaisait enfin après toutes ces horreurs.

Je ne ressentais plus aucune douleur, aucune sensation, à part cette douce caresse.
J'eus l'impression de flotter dans le néant tandis que mon corps refusait de lâcher. Tout sentiment m'avait quitté, je me sentais vide et j'étais lasse de cette vie dont je ne voulais plus. Certain aurait sûrement trouver cela lâche ou totalement inconscient, mais c'était ainsi que je voyais les choses. 

* * *

Découvrir cette jeune louve seule au milieu de ma forêt m'avait énormément étonné. Je savais que le territoire sur lequel elle se trouvait était neutre, mais il était impensable qu'une femelle soit solitaire, elle risquait beaucoup trop gros. Cependant, la colère qui me rongeait depuis le petit matin, lorsque mon frère m'avait appris qu'un louveteau avait disparu, m'avait fait réagir de façon violente. Mon aura d'Alpha s'était étendue plus que d'ordinaire car mon loup était, autant que moi, très énervé. Je m'étais alors battu avec la femelle, que j'avais prise pour une soumise, mais qui s'était révélée extrêmement coriace.
Elle avait réussi je ne sais comment à attraper la nuque de mon loup, qui avait très mal pris ce geste, signe qu'elle était supérieure à nous. Elle ne faisait que se défendre, mais c'était l'instinct qui nous avait fait réagir et l'envoyer dans la rivière.
Étonnement, alors que la femelle se noyait, mon loup avait accouru pour la sauver, malgré mes protestations. Je n'arrivais pas à comprendre le sens de son geste.

Nous l'avions porté sur notre dos jusqu'à arriver sur le territoire où résidait notre meute. Elle avait finit par se réveiller mais je m'étais rendu compte qu'elle était très craintive, malgré ce qu'elle laissait paraître aux premiers abords. Cependant j'étais vraiment troublé, car elle ne s'était pas retransformer en humaine, et j'étais pourtant sur que c'était une louve-garou. Aucun loup normal n'aurait pu avoir ce pouvoir étrange qui émanait de son corps. Ni ce regard gonflé d'intelligence.
Cette louve était de plus magnifique, d'une couleur argentée que seule une louve-garou pouvait posséder.
Cela faisait bien cinq bonnes heures qu'elle s'était enfuie en explosant ma baie vitrée. Et ça faisait autant de temps que j'étais accoudé à mon bureau, l'esprit en ébullition.
Je perçu soudain des pas précipités et vis mon frère Jay ouvrir la porte de mon bureau, essoufflé.

- Que se passe-t-il encore ?

- On a retrouvé Sam, mais il reste sous sa forme de louveteau et ne fait que de tenter de s'en aller. Personne ne comprend ce qu'il a, expliqua mon acolyte.

- Emmène moi à lui.

- Tout de suite !

Je suivis Jay à travers notre village, longeant les maisons de bois, la petite école, l'infirmerie et le potager où des femmes agenouillées s'occupaient des plans. Nous arrivâmes bientôt sur la place centrale du village.
J'entendis bien avant de voir le petit louveteau qui gémissait. Les gens s'écartèrent de mon passage, me laissant arriver jusqu'à Sam. Celui-ci était retenu par deux hommes et je vis sa mère qui pleurait à chaudes larmes non loin.

- Alors Sam, tu ne veux pas être un grand garçon et nous dire ce qui se passe ? l'abordai-je calmement.

- Aouh ! fut sa seule réponse.
Je vis dans ses yeux que quelque chose n'allait pas.

- Je te suis Sam. Je te fais confiance.

- Mais chef... Intervint André, l'un de mes Betas.

- Il n'y a aucune discussion, plus vite ça sera fait, plus vite ce problème sera réglé, tranchai-je.

- J'ai comme le pressentiment que ça ne fait que commencer, murmura Jay,  que j'entendis cependant.

- Aller en route Sam, nous te suivons ! Finis-je comme s'il n'avait rien dit.

Le petit louveteau nous emmena dans les profondeurs de la forêt en courant à une vitesse assez impressionnante pour ses 6 ans. Un des vieux sentiers me sembla familier, et c'est à la vision de la petite pleine d'herbe au bord de la rivière que je reconnus l'endroit de ce matin, où je m'étais battu avec la louve.
Sam commença à couiner, et je l'apercus devant la femelle argentée. Je m'approchai du corps de celle-ci qui semblait inanimé, et plissai les yeux devant toutes les blessures qu'elle arborait. Un long silence régna dans la prairie tandis que les hommes qui m'avaient suivi observaient la louve à moitié morte avec horreur et stupéfaction. Je sentis mon loup s'agiter sans comprendre pourquoi, alors je m'approchai de la louve. Le sifflement de sa respiration permettait de savoir qu'elle était en vie, mais il était si ténu que je compris que s'en était fini pour elle. Mon estomac se serra. Cependant Sam se retransforma devant nous et tel un ouragan, commença à crier:

- Mais vous attendez quoi ? Sauvez la ! Sauvez la ! des sanglots étranglés sortaient de sa gorge à chaque mot.

Je le regardai avec une tristesse qui m'était étrangère, et il me fixa.

- C'est elle qui m'a trouvé et pas toi ! Si elle meurt, je m'enfuierai encore et tu me trouvera plus jamais !

- Sam, elle n'est pas de notre meute, c'est une louve solitaire, elle est en marge de notre société. De plus, elle m'a attaqué, c'est inacceptable, répondis-je d'un ton dur.

- Mais non ! Tu dis n'importe quoi d'abord ! les larmes dégoulinaient sur son petit visage. Elle était avec sa maman d'abord ! Et maintenant elle est morte, et.. et.. elle est toute seule ! Pourquoi t'es méchant ?! le petit tremblait de colère. Quand mon papa il est mort tu m'as aidé ! Pourquoi tu veux pas elle ?!

J'entrevis mon frère Jay se pencher sur la louve avec une certaine émotion, et la prendre dans ses bras. Quelque chose s'agita en moi.

- C'est bon Sam, ajouta-t-il.

Il me fixa du regard, cherchant mon approbation. J'haussai les épaules. À quoi bon, elle serait morte au petit matin. Aucune louve ne pouvait survivre à une telle attaque. Son corps était déchiquetée, en lambeaux, deux de ses pattes étaient brisées tout comme plusieurs de ses côtes, il lui manquait un morceau de flan et elle saignait tellement que son pelage avait pris une teinte rouillée. Mais si cela pouvait éviter un autre drame avec Sam, mieux valait qu'elle meure chez nous, plutôt qu'ici.

Nous partîmes en direction du village dans un silence de mort. Je savais très bien que mes hommes n'adhéraient pas à ma froideur et à ma distance dans de telles situations. Cependant ils devaient comprendre qu'avant de penser aux autres, il fallait penser à la meute. Nous étions incapables de dire si cette louve pouvait être un danger pour nous. Il faut parfois savoir oublier tout sentiment pour prendre les meilleurs décisions, les plus rationnelles possibles. Or peu de gens le comprenait. J'espérais cependant trouver un nouvel Alpha qui comprendrait cette nécessité.

SylverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant