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La maison est étonnamment silencieuse et pour fait, Sabrina est chez son amie et j'imagine Fanny dans sa chambre, affalée devant la télé qui diffuse son feuilleton préféré. Quand je me retrouve dans la cuisine, je décide de me faire un sandwich comme je les aime. Sur une tranche de pain de mie, j'étale une belle couche de pâte à tartiner que je recouvre d'une tranche de pain de mie couverte de beurre de cacahuètes. Étant de nature assez fine, je peux me permettre ce genre d'encas sans me sentir coupable.

Avant de monter dans la chambre, j'hésite et prépare un deuxième sandwich pour Ileana. Je me dis qu'elle ne le mangera probablement pas mais je prends quand même le risque.

Je pénètre dans ma chambre avec les deux assiettes en main et Ileana ne m'adresse pas un regard pour ne pas changer...

« Tiens, je t'ai préparé un sandwich au cas ou. Comme je ne sais pas ce que tu aimes, je suis plutôt allée vers ce que j'aime moi : pâte à tartiner et beurre de cacahuètes.»

Ileana se retourne vers moi et observe le « goûter » que je lui ai préparé. Elle le fixe pendant une bonne minute et reprend sa lecture sans un mot. Je pose l'assiette sur son côté du lit et déguste mon sandwich en silence. Je n'abandonne pas et tente une nouvelle et énième approche en lui demandant :

« Que lis-tu ?

__ Les Grandes Espérances de Charles Dickens. Tu ne connais sûrement pas, elle ajoute avec certitude.

__ "Une fois pour toutes j'ai senti, à mon grand regret, très souvent pour ne pas dire toujours, que je l'aimais malgré la raison, malgré les promesses, malgré la tranquillité, malgré l'espoir, malgré le bonheur, malgré enfin tous les découragements qui pouvaient m'assaillir. Lui cité-je du tac au tac. Tu en es arrivée là" ?

La blonde se retourne vers moi, étonnée. Elle me fixe pendant ce qui me semble être une éternité et je fais de mon mieux pour soutenir son regard perturbant. Soudain, elle se lève en posant délicatement son livre et me rejoint sur le lit. Elle saisit le sandwich sucré qu'elle commence à manger et me lance d'un ton calme, paisible :

«Il est délicieux. Merci.»

Je lui souris timidement, bouche bée face à ce changement d'attitude mais surtout ravie de voir qu'elle apprécie mon attention.

« Ce n'est rien. »

Je lui ai répondu d'un ton détaché mais je suis aux anges. Je me sens un tout petit peu plus proche d'elle et ça me suffit pour l'instant.

Katherine (tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant