Katherine (tome 1)

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Je commence à paniquer. Elle a envie que l'on ait une discussion et je sais que je ne pourrai pas l'éviter. Que vais-je lui dire? Que va-t-elle me dire? Et maintenant qu'elle sait tout, comment va-t-elle se comporter avec moi? Tous mes muscles sont tendus et je décide de prendre une douche; je suis sûre qu'elle me fera le plus grand bien. La sensation de l'eau chaude sur mon corps me plaît tellement que je reste sous le jet brûlant jusqu'à ce que celui-ci devienne froid. En jetant un œil sur ma montre, je me rends compte que ça fait une heure que je suis à l'intérieur. Cette douche m'a tellement détendue que je n'ai même pas senti le temps passer et j'en ai presque oublié la confrontation à venir. Je me sèche, enfile un short et un t-shirt beaucoup trop grand pour moi. Je passe une serviette autour de mes cheveux mouillés avant de sortir de la salle de bain. Je m'immobilise en pénétrant dans ma chambre. Ileana est assise sur le lit. Elle tente de croiser mon regard mais je préfère regarder dans le vide, beaucoup trop gênée.

« Salut », elle murmure, en se levant.

Je croise les doigts pour qu'elle s'éloigne le plus possible de moi et je suis rassurée lorsque je la vois fermer la porte et puis se rasseoir.

« Salut », je lui réponds en jouant nerveusement avec mes doigts.
« Tu es prête à parler? »
Non! Non! Non! Évidemment que non! Mais je sais bien que je n'ai pas le choix et je me contente de hocher la tête.

« C'est, je pense, la plus belle lettre que j'aie jamais lue, dit-elle en se levant encore une fois. Je crois que c'est bien la première fois qu'une personne prend le temps de m'écrire quelque chose », elle annonce en se rapprochant de moi.
Ma raison me crie de m'éloigner d'elle mais mes pieds semblent être collés au sol.

« Tu penses vraiment tout ce que tu as écrit? » me demande-t-elle avec ce qui me semble être un mélange de nervosité et de peur.

Je ne lui réponds pas et baisse les yeux. Elle s'approche de plus en plus de moi et j'ai l'impression que je vais défaillir quand elle me prend par le menton et me pousse à la regarder dans les yeux.

« Réponds-moi, s'il te plait... » elle murmure en jouant avec ses cheveux.

Ses joues sont rouges et je suis incapable de dire si elles le sont à cause du sport ou de la situation actuelle. Son cou, lui, est brillant, son cou... Je préfère regarder son visage tout compte fait. Quand je regarde ses lèvres pulpeuses je réalise que c'était une mauvaise idée. Bon, je vais être forte et la regarder dans les yeux, il ne peut rien m'arriver après tout... Quand je plonge mes yeux dans les siens, je plonge dans un monde parallèle et je lui souffle alors, comme envoûtée, en contemplant ses deux émeraudes :

« J'en ai pensé chaque mot. Sans exception. »

Impossible de soutenir son regard à présent. Il est devenu si intense que j'ai peur qu'il me brûle le visage. Je sens le souffle d'Ileana sur ma peau et ma respiration se bloque quand elle se penche vers moi et me souffle dans l'oreille:

« Tu n'as aucune idée de l'effet que tu me fais... »

Mes poils se dressent sous son souffle chaud dans mo oreille et je me sens rougir violemment. Ai-je bien entendu? Est-ce que ça veut dire ce que je crois que ça veut dire? Non, non, j'ai sûrement mal compris...

J'ai du mal à masquer les milliards de frissons qui me parcourent lorsqu'elle elle me fait un petit clin d'œil sexy et je me mords la lèvre inférieure.

« Arrête de faire ça... s'il te plaît... » elle m'implore en baissant les yeux.
Je baisse les yeux à mon tour mais ne peux m'empêcher de sourire face à sa réaction.

« Je t'en prie Katherine, tu ne sais pas ce que ça me fait », murmure-t-elle en me tournant le dos.

« Non, ne te tourne pas, ne me tourne pas le dos, regarde moi. »

Ces mots m'échappent et je les regrette aussitôt. Ileana se retourne brusquement et je décèle une lueur d'espoir dans ses yeux. Ce jeu a duré trop longtemps et je pense que c'est le moment de conclure. Dans un élan de courage, je saisis sa main et l'attire vers moi. Je fais tout mon possible pour ne pas flancher quand l'adolescente place sa main libre sur mon visage et se penche vers moi. Ce simple contact me fait frémir et j'adore me sentir aussi proche d'elle. J'ai envie que sa main reste sur mon visage pour toujours. J'ai envie que ses doigts restent mêlés aux miens pour toujours. J'ai envie qu'elle reste près de moi pour toujours...
Je sens les battements de mon cœur et je suis sûre qu'Ileana les sent aussi. Soudain, sa bouche est sur la mienne. Je comprends enfin ce que les gens veulent dire lorsqu'ils parlent de papillons dans le ventre. Sauf que moi, j'ai des papillons partout dans le corps. Sa main me caresse le visage et je laisse la mienne venir caresser son bras. Ses lèvres sont si douces et si délicates que ça me fait presque mal. J'ai envie de plus. J'ai besoin de plus. Pourtant, je n'ai même pas le temps de m'habituer à cette sensation nouvelle et agréable (si agréable!) que je sens sa langue trembler derrière ses lèvres. Ileana met fin à notre baiser et semble terrifiée.

« Je suis désolée, elle souffle en retirant sa main de sur mon visage et en fermant les yeux, je ne sais pas ce qui m'a pris. »

Je tente de garder la face, de faire comme si tout allait bien. Je ne sais pas trop quoi répondre, je suis vexée, frustrée, je n'arrive pas à formuler de phrase. Pourquoi s'excuse-t-elle ?

« N-ne t'inquiète pas. »

Bravo Katherine, c'est tout ce que tu trouves à dire?

Encore une fois, les mots m'échappent avant que je ne m'en rende compte. Mais je ne les regrette pas cette fois:

« Non, à vrai dire, je ne suis pas désolée. J'en avais envie. J'en ai encore envie...»

Ileana ouvre brusquement les yeux et me regarde, perplexe. Je prends mon courage à deux mains et l'embrasse de nouveau. L'hésitation a laissé place à de la détermination. On s'embrasse, et c'est comme s'il n'y a que nous deux sur terre. Alors que nos bouches sont pressées l'une contre l'autre, Ileana pose sa main sur ma taille et c'est à cet instant précis que je comprends. Je ne veux pas seulement être sa colocataire. Je ne veux pas seulement être son amie. Je veux l'embrasser. Encore et encore.