Katherine (tome 1)

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Katherine.

Le chemin pour aller à l'école se fait dans un silence pesant. Quel début de journée! Cette fille me rend folle. Avec sa cuillère dans la bouche, j'ai bien cru que j'allais m'évanouir. Et son corps... Je n'en ai jamais vu de tel même chez les mannequins les plus influents. Je sais que ce n'est pas bien mais je n'ai pas pu m'empêcher de la regarder pendant elle s'habillait. J'étais comme hypnotisée. Oui, hypnotisée par sa poitrine bombée par la serviette lorsqu'elle est rentrée. Hypnotisée par ses longues jambes. Hypnotisée par ses fesses rebondies. Hypnotisée par son dos musclé...

J'ai vu Irina nue des milliards de fois mais je ne l'ai jamais regardée de cette manière. Je n'ai jamais pensé à elle de cette manière. Mais surtout, je n'ai jamais ressenti ça. Ce besoin de la toucher, de l'embrasser, de la posséder. Et je ressens ça avec Ileana. J'ai envie qu'elle soit à moi. Mon corps à envie d'elle. Mon esprit à envie d'elle. Mais je ne peux pas l'avoir. Elle m'a embrassée et je l'ai repoussée. La connaissant, elle ne viendra plus jamais vers moi; elle n'essayera plus jamais quoique ce soit avec moi. Elle a trop de fierté et même si elle ne regrette pas nos baisers, je suis certaine qu'elle ne voit pas les choses sous cet angle.

Elle ne me voit pas comme ça et elle ne me verra sûrement jamais de cette manière. Je ne suis probablement qu'une conquête de plus. Peut être même qu'après trois bisous, elle ne me considère même pas comme conquête mais juste comme un passe temps et ça fait atrocement mal. Ça fait atrocement mal de savoir que la fille qui me plaît me considère comme un passe temps. Mais c'est peut-être pour le mieux. Je n'ai pas le droit de l'aimer. Pas de cette manière...

La cloche retentit au moment où nous pénétrons dans la salle de classe. Ouf! Pas de billet de retard aujourd'hui! Nous avons deux heures d'anglais et notre prof nous explique que nous allons regarder un film sur les attaques à mains armées dans les écoles ici, aux États-Unis. Super! Exactement ce qu'un adolescent a envie de regarder à huit heures du matin! Ileana s'endort en moins de cinq minutes ce que la professeure, trop occupée a corriger des copies ne remarque pas. J'essaye de me concentrer sur le film mais ne comprends absolument rien.

Je m'empare alors d'une feuille et un crayon et me mets à dessiner. Le crayon me contrôle. Ma main ne fait que suivre les mouvements qu'il lui indique et au fur et à mesure que le dessin prend forme, je reconnais une femme de face, les cheveux au vent, le regard plongeant. Je rectifie quelques détails, rajoute quelques grains de beauté, une fine cicatrice sur le menton et une heure plus tard, je suis plongée dans les yeux plus que réalistes d'Ileana. Qu'est-ce qui m'a pris? Je ne savais pas que je savais dessiner mais je ne sais surtout pas pourquoi c'est elle que j'ai dessinée...
Je regarde le portrait que j'ai réalisé une nouvelle fois et je souris. Je suis fière de moi. Il est vraiment réussi. Je jette un coup d'œil à la maîtresse toujours plongée dans ses copies avant de parcourir la salle du regard. Les trois quarts des élèves dorment et les restants sont sur leurs portables. Je me tourne vers Ileana et la regarde. Elle a l'air profondément endormie. Sereine. Détendue. Je suis absorbée par son visage angélique quand je reçois un bout de papier sur la tête. Je l'ouvre en fronçant les sourcils et lis:

JE SUIS AU BOUT DE MA VIE. TU VIENS AVEC MOI À L'INFIRMERIE? J'EN PEUX PLUS DE CE FILM À LA CON!!!!

Qu'est-ce que j'aime Irina! Je souris et lève un pouce dans sa direction. Nous nous levons et, après l'avoir vue simuler un mal de ventre et une envie de vomir, je sors de la classe avec Irina en direction de l'infirmerie.

« Alors madame me fait des cachotteries! lance ma meilleure amie d'un air amusé.

_ De quoi tu parles? Quelles cachotteries?
_ Oh arrête! Je te connais depuis quoi? Huit ans? Tu as changéces derniers temps. Depuis qu'Ileana est arrivée, je te trouve bizarre. Tuparles moins, tu es plus sur la réserve que d'habitude, tu te mets à dessiner...Oui, je t'ai vue en cours, elle me dit face à mon regard étonné.

Elle reprend:

« Allez, crache le morceau.
_ Tu dis n'importe quoi. Je n'ai pas changé, c'est juste queoui, c'est étrange de vivre avec quelqu'un qui se trouve avoir le même âge quemoi. C'est compliqué d'être face à une fille renfermée. Mais j'adore Ileana et saprésence me fait du bien.
_ C'est de ça que je parle. Tu as des étoiles dans les yeux rien qu'en me parlant d'elle. C'est comme si tu es amoureuse d'elle ou je ne sais pas», annonce mon amie en rigolant.

Je la regarde aussitôt.

« _ Putain mais j'ai raison! Tu es amoureuse d'elle! Crie-t-elle dans le couloir.
   _ Tais-toi! Mais tu es folle de crier comme ça?
   _ Attends, mais c'est sérieux? Tu l'aimes»

Irina est choquée et je la comprends. Mais j'ai peur, tellement peur qu'elle soit dégoûtée et qu'elle ne veuille plus être mon amie

« Je ne sais pas ce que je ressens exactement. Mais oui, depuis qu'on s'est embrassées c'est la deuxième guerre mondiale dans ma tête. Je ne sais vraiment pas quoi faire. Je ne sais même pas si elle veut de moi », je réponds en baissant les yeux.
_ J'hallucine! Vous vous êtes embrassées?! Hurle Irina. Pourquoi tu m'as rien dit? »

Merde, j'ai encore fait une bêtise. Mais ce n'est pas grave, autant qu'elle connaisse toute l'histoire. Je lui raconte tout, sans omettre de détails, et une fois mon récit terminé, je la regarde en appréhendant sa réaction.

« C'est trop cool! J'ai toujours voulu coucher avec une fille!C'est sur ma liste des dix choses à faire avant de mourir. Tu en as de lachance! T'as embrassé la plus belle de toutes, à part moi bien sûr. Mais c'estbien dommage parce que j'aurais bien aimé me la taper cette fille! Je suis sûreque ça aurait excité Justin en plus »

Je frappe doucement ma meilleure amie avant de me jeter dans ses bras.

« T'es vraiment la meilleure amie du monde!
_ Je sais, je sais. On me le dit souvent. » J'explose de rire et nous allons à l'infirmerie.

Irina jette le médicament pour son pseudo mal de ventre en sortant et nous nous dirigeons vers notre salle de classe. Mon amie prend la parole et a l'air sérieuse tout à coup:

« Bon, écoute. S'il y a une chose qui est sûre, c'est que tu escomplètement dingue d'Ileana. Je sais que comme vous vivez dans la mêmebaraque, vous ne pouvez pas vraiment vous exposer. Mais ce n'est pas important.Ce qui compte, c'est que vous soyez sur la même longueur d'ondes. Et mon petitdoigt me dit que c'est le cas dans la mesure ou elle t'a embrassée hier soir.
_ Mais tu connais Ileana, cette fille a sûrement eu des tonnesde mecs dans sa vie. Je ne suis probablement qu'un amusement pour elle, rien deplus.
_ Qu'est-ce que tu en sais, toi des mecs qu'elle a eus? Toiaussi tu es belle à tomber par terre mais ce n'est pas pour autant que tu as eudes tonnes de conquête. Essaye de t'ouvrir à elle. Tu n'as rien à perdre. Dis-luice que tu ressens ou embrasse la directement, dans le pire des cas elle terepoussera et dans le meilleur des cas elle sera à toi. C'est un risque àprendre mais la récompense n'en vaut-elle pas la peine? »

Je regarde Irina surprise d'une part par cette facette de sa personnalité que j'ai rarement l'occasion de voir. Aussi, je trouve qu'elle a raison sur toute la ligne. Est-ce qu'Ileana en vaut la peine? Oui, mille fois oui. Est-ce que je suis prête à prendre le risque? Je crois bien que oui. Je remercie ma meilleure amie et nous rentrons dans la salle. La prof, toujours en train de corriger nous accueille d'un signe de tête. Je regarde l'immense horloge accrochée sur le mur. Ah ça va, encore vingt minutes, je peux survivre. Je rejoins ma chaise mais je le regrette aussitôt parce que j'aperçois bien vite Ileana avec un papier dans les mains. Le portrait que j'ai réalisé. Seigneur! Pourquoi l'ai-je laissé sur la table? Quand je pose mes fesses sur la chaise je l'entends me dire doucement, sans m'accorder un regard:

« Je ne savais pas que tu savais dessiner. Tu aurais dû enlever cette satanée cicatrice, elle rajoute en souriant.
_ Je te trouve belle avec.
_ Tu en as des talents cachés! Tu écris bien, tu dessines bien, tu embrasses bien... »