Katherine (tome 1)

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« Seigneur, ce cours est interminable! » s'écrie Ileana en soupirant. Mme Fitch ne fait aucune remarque et je réponds en chuchotant:

« Ouais, elle n'a pas l'habitude d'être avec des humains, figure toi qu'elle a huit chats. »

Ileana fait semblant de tousser pour cacher son rire ce que notre prof d'anglais ne remarque même pas. Celle-ci est trop occupée à raconter je ne sais quoi.
Ileana se penche vers moi et me demande:

« On a quel cours après ça? Je ne sais pas toi, mais déjà que j'aimais pas l'anglais, avec cette prof c'est encore pire! »

J'essaye d'ignorer les frissons qui me parcourent quand ses cheveux caressent mon épaule et je lui réponds d'un ton désinvolte:

« Après, on a maths, la prof est cool, enfin, ça dépend des jours, et des personnes surtout. »

L'adolescente a les yeux qui brillent et semble impatiente pour le prochain cours. La cloche sonne enfin, et Mme Fitch quitte la salle, non sans oublier de nous donner les devoirs pour le lendemain. En attendant l'arrivée de Mme Parker, Irina se lève et vient vers nous.

« Alors Kat, t'attends quoi pour faire les présentations? »

Je lui lance un de mes multiples regards assassins avant de m'exécuter:

« Irina, je te présente Ileana ma nouvelle «colocataire», et Ileana voici Irina, ma meilleure amie depuis toujours.

— Salut », lance Ileana en détaillant Irina du regard. Irina est très belle mais je ne le lui dirai jamais parce qu'elle prendrait encore plus la grosse tête. J'ai rarement vu quelqu'un avec autant de confiance en soi. J'imagine que ça doit être assez flatteur d'être entourée de garçons en permanence.

« Tu as des cheveux magnifiques, les boucles sont naturelles? Et la couleur! On dirait de l'or! Tu les as teints? Ah et au fait, on m'a dit que tu vivais chez Katherine maintenant. Je ne comprends pas pourquoi ce n'est pas elle qui me l'a annoncé mais je suis ravie, t'as l'air d'être super cool comme fille. Je suis sûre qu'on va bien s'entendre. »

Ileana n'a même pas le temps de réagir que Mme Parker fait son entrée dans la salle. Irina court s'assoir et je regarde la fille à côté de moi un peu gênée:

« Je suis désolée, elle s'excite pour un rien. Elle est très gentille, il faut juste s'habituer à elle. »

Ileana me sourit d'un air qui veut dire "je connais le genre", et se concentre sur l'exercice que la professeure nous a donné. Quelques minutes plus tard, Mme Parker intervient:

« Qui veut passer corriger l'exercice au tableau? Tiens, Katherine, ça fait longtemps que tu n'es pas passée. »

Je rougis, étant nulle en maths et je bafouille un "je laisse ma place à quelqu'un d'autre" en détournant le regard.

« C'est à toi que j'ai demandé de passer Katherine. Viens, ce n'est pas grave de se tromper. Tu n'as rien à pe... »

Elle est interrompue par Ileana qui s'écrie, agacée:

« Elle n'a pas envie de passer, elle n'est pas obligée, si? »

Notre professeure de maths semble surprise par cette interruption et je le suis d'autant plus. Elle regarde Ileana avec insistance et lui dit, énervée:

« Et qui es-tu au juste? Je ne pense pas te connaître. Oh, que suis-je bête! Tu es Ileana, la nouvelle, je me trompe? »

La concernée hoche la tête sans accorder un regard à l'adulte. Elle semble encore une fois être dans son monde à elle. Mais la professeure ne semble pas vouloir lâcher le morceau et continue, ironique:

« Tu sembles agacée que j'aie proposé à Katherine de passer, tu préfères y aller à sa place peut être? Je ne pense pas que vous ayez travaillé ces notions dans l'école où tu étais avant. Je veux dire, il ne faut pas que tu te sentes mal de ne pas avoir un bon niveau. »

Ileana se lève brusquement et se dirige vers le tableau. Elle saisit au passage un feutre sur le bureau et, en moins de trente secondes, résout le long problème que notre professeure nous a donné à faire et qui, j'en suis sûre, n'a été réussi par personne. Tous les élèves sont bouche-bée et Madame Parker ouvre et ferme la bouche à plusieurs reprises sans qu'aucun son ne sorte de celle-ci. Mais Ileana n'en a pas fini avec elle. En se rasseyant, elle ne peut s'empêcher de répondre, avec un sourire au coin:

« Je ne pense pas que vous devriez enseigner les maths. Je veux dire, donner un exercice si facile à faire? Il ne faut pas que vous vous sentiez mal de ne pas avoir un bon niveau. »

Nous explosons tous de rire et la professeure devient rouge de colère. Personne ne lui a jamais tenu tête comme Ileana vient de le faire.  Je suis étonnée de voir que Mme Parker reprend son cours sans même renvoyer l'adolescente. Je me penche vers elle et lui murmure:

« Je vois que les maths, c'est ton truc. Merci de m'avoir défendue, et je suis désolée de n'avoir rien dit et de ne pas être passée, ça t'aurait évité cette confrontation.
— Ce n'est rien. » elle répond avec un clin d'oeil.