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Katherine

Nous sommes allongées sur le lit et nous contemplons le plafond. Je ne suis pas très à l'aise à côté d'Ileana qui ne parle pas. Il doit être dix heures ou peut être même onze heures du soir mais je n'ai pas sommeil. Ça doit sûrement être dû à la sieste de tout à l'heure. Le silence se fait lourd dans ma chambre. Je suis perdue dans mes pensées mais je sursaute quand j'entends mon téléphone sonner. Pourquoi ne l'ai-je pas mis sous silence ? Ileana, elle, ne cille même pas.  Le prénom « Mark » s'affiche sur l'écran mais je raccroche et mets mon téléphone en mode silencieux.

« Désolée, je murmure.

_ Pourquoi tu n'as pas répondu ?

_ Oh, c'était juste Mark, je le rappellerai demain. »

Ileana se tourne vers moi et me demande :

« C'est ton petit ami ?

_ Mark ? Jamais de la vie. C'est juste un ami.

_ Oh. Est ce que tu as un petit ami ?

_ Non. »

Je lui retourne la question en croisant les doigts et me contente de hocher la tête lorsqu'elle me répond par la négative.
Le silence s'installe à nouveau et, les yeux posés sur le plafond, je me dis que le temps peut vraiment être la solution. Ileana a juste besoin de temps pours'habituer à tout ça. Elle a juste besoin de se sentir à sa place. Pour se faire, je dois lui montrer que je suis là pour elle. J'ai envie d'être là pour elle. C'est pourquoi, je lui dis :

« Tu sais, je comprends ta position. J'étais à ta place il y a quelques années. Et s'il y a une chose dont je me souviens, c'est ce besoin que ressentais. Ce besoin de parler à quelqu'un. De me livrer. C'est d'ailleurs comme ça que je me suis fait ma première amie qui est comme ma sœur aujourd'hui. Tout ça pour te dire que si tu as besoin de parler ou quoi, je suis là. Tu peux me faire confiance. »

Je croise les doigts pour que mon ton assuré ne laisse pas transparaitre le stress qui m'habite réellement et attends sa réponse qui ne tarde pas à arriver :

« Je passe mon tour. Merci. » Elle a employé le même ton dur et glacial que cet après-midi. Sur ce, elle se retourne et se retrouve encore une fois dos à moi. Un peu blessée et touchée dans ma fierté, je décide de jouer au même jeu qu'elle. C'est gamin, j'en suis consciente, mais je ne peux pas m'en empêcher. Je mets de côté toute la compassion, la sympathie et la gentillesse dont j'ai pu faire preuve et lui lance d'un ton que j'espère assez cassant :

« Je suis vraiment désolée de m'intéresser à toi. On est obligées de vivre dans la même maison, obligées de partager la même chambre, le même lit même! Tu t'en rends compte ? Donc oui, je suis vraiment désolée d'essayer d'apprendre à te connaître étant donné que nous allons passer beaucoup de temps ensemble. Je suis vraiment désolée d'avoir envie d'être là pour toi.
Tu veux jouer à la dure ? À la forte tête ? À la fille hautaine ? Vas-y, si tu penses que ça peut t'aider à te sentir mieux. Repousser les autres pour te protéger? Te donner un genre pour impressionner ? Comme je te l'ai dit, vas-y. Mais sache que ça ne prend pas avec moi.
Et puis tu sais quoi Ileana ? Nous vivons peut être ensemble mais ça ne veut pas dire que nous devons nous parler. De toute façon, ce n'est pas comme si j'en avais envie. Bonne nuit.»

Je suis essoufflée et surprise d'avoir sorti tout ça. Je suis plutôt du genre à prendre sur moi et à ne jamais rien dire et je suis fière de moi sur le coup. Quoique j'y suis peut être allée trop fort... Ileana ne dit pas un mot, ce qui ne me surprend pas vraiment. Toujours de dos, je ne peux dire qu'elle tête elle fait et même s'il y a une partie de moi qui a peur de l'avoir blessée, je sens que ça m'a fait du bien. Je ne pouvais pas garder tout ça en moi, je serai devenue folle à force. Cette fille réveille en moi des sentiments si contradictoires! Elle a tellement de facettes! Elle peut être froide et hautaine et sa manière de me parler à l'instant en est la preuve. Mais Ileana peut aussi être calme, sereine. Je l'ai vu dans ses yeux lorsqu'elle lisait et face à ma petite attention qu'elle a semblé apprécier. Ce n'est pas grand chose mais j'ai senti que c'était un grand pas pour elle. Mais que dois-je faire? Me fier à cette image de la fille dure ou donner une chance à la fille douce que j'ai pu entrevoir l'espace de quelques minutes?J'ai l'impression que mon cerveau va exploser et décide de fermer les yeux pour faire le vide dans ma tête Je ne tarde pas à me laisser aller dans les bras de Morphée.


Katherine (tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant