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Bonsoir, j'espère que vous allez bien. Je vous annonce que ce chapitre est le dernier. Il y aura une suite à cette histoire, bien évidemment. Je vous en tiendrai informés si ça vous intéresse.

Je tenais aussi à vous confier que ce chapitre était réellement difficile à écrire. J'espère que vous ne serez pas trop déçus par la fin... Bonne lecture.

Katherine

Ce matin, j'émerge de mon sommeil avant que mon réveil ne sonne. Ma nuit a été courte mais je ne me sens pas fatiguée le moins du monde. Je remarque que je suis seule dans mon lit ; Ileana se réveille souvent avant moi et je l'imagine dans la salle de bain.

Je passe une main sur la place vide à mes côtés et souris en me remémorant notre soirée.

J'ai enfin fait la connaissance de la vraie Ileana. La fille au passé douloureux. La fille à la carapace en fer. La fille devenue adulte avant l'heure.

J'imagine à quel point il a dû être difficile pour elle de s'ouvrir à moi. Je n'ai pas encore eu le courage de faire de même. Ce n'est pas l'envie qui me manque mais j'ai peur. Peur de replonger dans des souvenirs dont j'aimerais me débarrasser à jamais. Peur qu'elle me regarde autrement. Peur qu'elle ait pitié. Je ne le supporterais pas. Mais d'un autre côté, j'ai envie qu'elle sache tout de moi. Parce que je l'aime et que j'ai envie de lui appartenir complètement. Parce que j'ai envie d'être toute à elle...

Mon réveil sonne et me fait sursauter au passage. Nous sommes jeudi et nous avons une longue journée devant nous. Je me lève du lit en m'étirant et me dirige vers la salle de bain. Je suis surprise en la trouvant vide ; Ileana est-elle allée courir ? Comment fait-elle pour avoir autant d'énergie ? Je me brosse les dents et fais ma toilette matinale en espérant qu'Ileana ne tardera pas trop. Nous avons cours à huit heures et il est déjà sept heures et quart.

Pendant que je me maquille légèrement, j'entends du bruit provenant d'en bas. Un sourire vient m'étirer les lèvres et je descends, prête à accueillir Ileana après sa course. À ma plus grande surprise, je ne tombe pas sur Ileana. Non. Je tombe sur Fanny et les larmes coulant sur ses joues. Et cette image en dit long. Je m'efforce de garder mon calme et articule :

« Où est-elle? »

Fanny secoue la tête en pleurant et je répète en criant, ne voulant pas y croire :

« Réponds moi bon sang ! Où est-elle ? »

Fanny pleure de plus belle et me regarde, en prononçant le mot que je redoutais le plus au monde :

« Partie.»

Ce mot finit par m'achever et je me laisse tomber à terre en pleurant toutes les larmes de mon corps. Fanny tente de s'approcher de moi mais je la repousse en lui criant de tout m'expliquer. Elle me tend alors un bout de feuille et je dois m'essuyer les yeux pour pouvoir lire :

Ma décision est prise. Je prends le premier train pour rentrer chez moi. Ma maman a besoin de moi. Merci pour tout ce que tu as fait pour moi, Fanny. Je t'en serai à jamais reconnaissante. Je ne t'oublierai jamais. Je ne vous oublierai jamais...

« C'est comme ça que ça se finit? je hurle. Je vous lache comme des vieilles chaussettes dès que je n'ai plus besoin de vous? Je vous laisse vous attacher à moi pour que ça fasse bien mal une fois que je ne suis plus là? Je la déteste! Je la hais! » je crie en pleurant ou pleure en criant, je ne sais pas. Je ne sais plus rien. J'ai juste mal.

Je froisse le papier et le jette avec toute la rage qui est en moi et je monte m'enfermer dans ma chambre sans un mot pour Fanny.

J'ai l'impression d'avoir reçu une claque en pleine figure en m'apercevant que ma chambre est vide. Du moins, c'est la sensation que j'ai. Sans les affaires d'Ileana, c'est comme si ces deux mois n'avaient pas existé. Je ne sais pas comment j'ai fait pour ne pas le remarquer en ouvrant les yeux ce matin. C'est tout ce que je parviens à voir à présent. Qu'elle n'est plus là. Je m'approche des placards en tremblant. Deuxième claque. Il n'y a plus rien. Les larmes me montent à nouveau et un livre sur le bureau attire mon attention. Troisième claque. Il s'agit des Grandes Espérances de Dickens. Le livre d'Ileana. Un papier dépasse et j'ouvre le livre, sentant mon cœur battre contre ma poitrine. Quatrième claque. La feuille se trouve pile sur notre passage préféré. Les images de notre première soirée ensemble repassent en boucle dans mon esprit.

Katherine (tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant