Partie 1:

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La lune éclaire la petite pièce. Une chambre d'adolescente, couleur beige. La fenêtre est ouverte, le vent s'y engouffre, soulevant les rideaux couleurs lait. Une aura de fantastique plane. Ils se regardent, l'un l'autre. Tout les deux, ils semblent surpris par un quelconque mystère, et ne parlent pas.

Les yeux olives et boueux de la jeune fille sont fixés dans ceux, d'un indigo délavé, du garçon. Elle cherche quelque chose qui pourrait lui dira, ah, pourquoi ces yeux pâles lui rappellent quelque chose sans y penser. Ceux du garçon, sont tournés vers son visage hâlé, la forme de ses pommettes, le nez droit, les cheveux pâle, oui, si pâle, blond.

Lentement, la jeune file ouvre la bouche, semble vouloir dire quelque chose, puis la referme. Le garçon la scrute, anxieux. Ce n'est qu'une coïncidence. Comment le pourrais t'elle ? Elle ne le voit pas. Impossible. Mais... on ne se tient pas debout devant une fenêtre ouverte seul, et on ne parle pas seul non plus. Non ? Les mœurs humains ne l'atteignent plus. En trente ans, bien des choses ont changés.

Finalement, il baisse la tête. Elle ne bouge plus. Il le savait. Un faux espoir encore. Pourtant, quand il avait vu son fin visage endormit à travers la fenêtre, il aurait juré qu'elle Lui ressemblait. Mais, ce n'était rien de plus qu'une erreur. Il soupire, et se tourne, avant de regagner la fenêtre, et de s'y pencher.

-Hey... tu t'appelle comment ? demande t'il pourtant, en sachant bien qu'elle ne répondra pas, puisque elle ne l'entend pas.

-...

C'est bien ce qu'il pensait. Alors, il enjambe la fenêtre, jetant un dernier regard las à l'adolescente. Celle-ci est toujours figé, le regard trouble. Ses cheveux sont soulevés par une brise légère, fins fils d'or dans la chambre plongé dans le noir. Il se retourne. C'est finit, il ne veux plus. L'autre avait raison. Il va partir.

-Lisette...

Il se redresse, d'un coup. Ses oreilles le trompent, c'est impossible. Il se retourne, un air stupéfait planant sur son visage de poupon. Ses grands, trop grands yeux indigo se posent sur la jeune fille au cheveux d'or. Elle... elle lui rappelle la forme douce de Ses beaux yeux olives, Son sourire laiteux.

-Je m'appelle Lisette... murmure t'elle, comme dans un rêve.

-Lisette... Li... sette.

-Euh... oui ?

-Tu... tu me vois hein ?

-Bien sûr que oui enfin, pourquoi ?

-Rien... souffla le garçon en baissant la tête vers le sol.

-Qui es-tu ? Pourquoi tu veux mourir ?

Un rire léger, mais roque aussi, trop longtemps retenu. Un peu hésitant. La jeune fille est surprise. Le garçon rit, vraiment. C'est doux et agréable. Elle aime ce son, elle veut l'entendre encore plus, mais d'un autre côté, ne comprend pas vraiment pourquoi.

-Mourir... je ne vais pas mourir si je saute de ce toit, Lisette.

-Mais... Et comment es-tu entré ?

-Par la fenêtre.

-C'est étrange. Alors, tu es qui ?

-Tu ne sais pas ? S'étonna le garçon, en souriant brièvement, amusé sans aucun doute par l'ignorance de la jeune fille.

-Je ne vois pas pourquoi je devrais, souffla l'adolescente.

Elle avança la main, puis, stoppa son geste, comme coupé dans son élan. Le garçon posa un regard surpris sur elle, puis, se retourna pour contempler la chambre longuement. Enfin, quand il en eu fait le tour, il reposa son regard délavé sur la mignonne jeune fille, qui semblait absorbée dans ses pensées.

-C'est toi, qui ne devrais pas exister, Lisette, même si j'en ai la palme sur le podium, sourit le garçon d'un air sincère.

-Que... Quoi ?

-Ah, tu ne comprend pas, n'est-ce pas ?

-...

-Je suis... heureux de t'avoir rencontré. Bonne nuit, Lisette.

Il n'attend pas de réponse, et avant même qu'elle n'ai pu esquissé un mouvement, il a disparu. Alors, retenant un cri, elle court à la fenêtre. Rien. Rien que la nuit noire et les ténèbres. Pas de petit garçon au yeux indigos, pas d'enfant étrange. Elle secoue la tête, pense à un songe, puis se ravise. C'était bien trop réel. Elle ferma la vitre, et se retourna.

Ce gamin... Il semblait plus jeune qu'elle, dans la dizaine, peut-être plus, mais son expression et son sérieux le démentissaient pourtant. Elle ne le saurait le dire, car son visage semblait figé, comme une poupée de cire. Vêtu étrangement, tout de noir, short, tee-shirt et bas en coton, chaussures en cuir pour compléter le tout. Simple. Mais, c'était une tenue qu'aujourd'hui, les garçons ne portaient plus.

De plus, son regard triste, et la façon qu'il avait eu de baisser la tête, lui donnait les larmes aux yeux. On aurait dit que cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas conversé avec quelqu'un. Sa façon de parler, peut-être, ou bien sa voix un peu trop roque pour être utilisé couramment.

Laissant là ses questions, l'adolescente soupira, et sauta sur son lit, le visage pensif. Puis, elle remonta sa couverture sur ses épaules, et se tourna, dos à la fenêtre, désormais fermée. Pourtant la nuit avait bien débutée, normalement, mais lorsqu'elle s'était réveillé, sûrement à cause du vent qui s'engouffrait dans la chambre, faisant voler sa chemise de nuit mauve et ses cheveux d'un blond crème, il était là, seul, debout sur le sol de sa chambre.

"C'est toi qui ne devrait pas exister Lisette."

Un frisson parcourut l'adolescente sous sa couette. Sans même savoir pourquoi, et instinctivement, cette phrase lui faisait froid dans le dos. Pourquoi ? Pourquoi avait-il dit cela ? Qui était-il ? Tant de questions. Il ne lui avait même pas dit son nom. Comment l'oublier, à présent ? Elle finirait par en devenir folle.

Dormir. Maintenant, elle voulait juste dormir. Pas penser, pas rêver, dormir, et ne plus y penser. C'est agaçant, lorsque l'on a quelque chose dans la tête comme ça. Ça tourne et ça revient. Lisette voudrait bien dormir. Elle ferme les yeux, serre son oreiller, dans sa chambre d'enfant. Elle ferme.... les yeux. Les... yeux.... ferme....

CielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant