Chapitre 7

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J'arrivai à la Gare du Midi vers 16 h et me frayai un chemin à travers la foule bon enfant jusqu'à l'office du Tourisme où après trois quarts d'heure de queue, je parvins à me réserver un lit dans l'un dortoir à jeunes en périphérie de la ville. Je ne pouvais m'empêcher de jeter des regards nerveux autour de moi, m'attendant à être arrêtée par le premier flic venu, mais personne ne me prêta la moindre attention. Qui se serait soucié d'une ado en fugue ? Je pris le tram jusqu'à mon dortoir à travers des rues gorgées de soleil, et bordées d'immeubles modernes de briques et de verre. Le dortoir s'avéra spartiate et bruyant, avec des chambres de quatre lits superposés.

Bien qu'il n'était que 18h, tout ce que je fus capable de faire, fut de m'écrouler sur ma couchette, un truc grinçant dont le matelas avait la consistance et l'épaisseur d'une galette. Malgré tout, j'eus du mal à m'endormir dans cet environnement inhabituel. Mes camarades de chambre allaient et venaient, essayaient diverses combinaisons de fringues, de maquillage, vérifiant leur épilation et consultant leur téléphone afin de préparer leur sortie en boite de la soirée. Je finis cependant par plonger dans un sommeil d'un sommeil entrecoupé de reveils et de cauchemars.

Le lendemain, il me fallut deux tasses de café et une longue douche pour me sentir à peu près réveillée. Ensuite, je me trainais jusqu'aux ordinateurs en libre service à coté du réfectoire. Je commençais par consulter La Voix du Nord pour voir si on parlait de ma disparition. Ben pas un mot. Je n'intéressais vraiment personne. Peut-être ma mère n'avait-elle même pas pris la peine d'en parler aux flics. Mes yeux s'emplirent de larmes. Malgré tout, je voulais entendre la voix de ma maman. Je baissai la tête pour me moucher et cest alors qu'une photo accrocha mon regard, en bas de la page.

C'était celle de Monsieur Lenoir.

En dessous, on pouvait lire :

Mort accidentelle d'un celebre antiquaire lillois

Le corps de Mathieu Lenoir à été retrouvé au pied de l'escalier dans le sous-sol de sa boutique, rue Basse à Lille hier soir à la suite d'une probable chute accidentelle. Cet antiquaire bien connu, spécialiste du Grand Siècle et membre du Rotary Club...

J'ouvris des yeux ronds.

— Tu crois qu'il a vu Ethan à l'usine ? Il n'a pas pu le tuer quand même ?

— Non, fit Bao d'un ton pensif. Sinon, il aurait aussi tué aussi les autres membres de ton association. Mais je n'aime pas ce genre de coincidence.

Pour la première fois, j'eus un doute.

— Peut-être que je devrais les prévenir...

— Je t'ai déjà dit que les choses auraient été beaucoup plus simples si tu avais appelé la police.

Je ne fis pas d'autre commentaire et j'ouvris ma boite mail. Il y avait des notifications de divers forums, mais surtout, surtout un message qui datait de trois jours :

De : servicerecrutement@asmoleanmuseum.ac

Objet : Votre candidature

Mademoiselle,

Vous avez passé avec succès le processus de présélection pour le poste d'assistante bibiliothécaire.

Merci de nous contacter le plus tôt possible par retour de mail pour convenir d'une date d'entretien.

Le vide se fit dans mon cerveau. L'écran se brouilla et toute la pièce se mit à tourner, comme si j'étais assise dans la grosse bagnole rouge du manège du centre commercial.

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