J'étais à environs cinq cent mètres de la gare routière, au milieu de fêtards aux faces peintes en crâne ou en monstre, lorsque mon téléphone sonna. Je jetai un regard sur l'écran. Je ne connaissais pas ce numéro. Encore des emmerdes en perspective. Une faible onde de magie traversa ma perception, la ligne se décrocha toute seule et une voix féminine demanda :
— Mademoiselle Lefèvre ?
Un instant, je fus trop stupéfaite pour parler.
— Vous m'entendez ?
J'avais déjà entendu cette voix métallique de surveillante d'internat. C'était celle de la Fée Morgane. Merde.
— Oui, bégayai-je d'une voix à peine audible.
— Je suppose qu'à cette heure, vous avez échappé à la vigilance de Monsieur Declairmont ?
— Co... Comment...
— Les Faes aiment bien offrir des anneaux d'invisibilité comme petits cadeaux aux humains. Ils trouvent ça très drôle. Et lorsqu'ils vous donnent un objet, il revient vers vous, même si on vous l'enlève de force. J'en ai donc déduit que vous vous en êtes servie...
— Ah...
— Oui, j'ai étudié votre profil avec intérêt depuis un certain temps...
Le jargon managérial n'était pas mon fort. Je me mis à l'abris d'une porte cochère pour éviter d'être bousculée.
— Comment ça ?
— Oui, vous comprenez bien qu'une jeune chamane accompagnée d'un esprit a peu de chances de passer inaperçue. J'avoue que lorsque vous avez été embauché par la bibliothèque, je me suis demandée si quelqu'un ne vous avait pas envoyée là pour subtiliser quelques grimoires. Aussi, j'ai fait faire une petite enquête.
Merde, dans quoi avais-je encore mis les pieds ? Une ado des cités ne pouvait plus fuguer tranquille sans etre suspecte de quelque chose !
— Vous m'avez croisée à un feu rouge et vous avez fait une enquête ?
— En fait, c'est l'un de mes apprentis qui vous a remarquée. Vous aviez charmé tout le monde et il avait trouvé ça curieux. Mais je voulais vous parler de votre avenir. Comptez-vous faire des études de magie ?
— Heu... Je ne sais pas encore. De toute façon, je n'ai pas l'argent pour les payer et...
— Bien sûr. L'universitéa toujours été chère...
— Oui et...
— Que diriez-vous d'uneformation pratique qui vous permet un débouché professionnel immédiat ou une équivalence vous permettant d'intégrer la troisième année de master à Saint Andrews ? Avec même un modeste salaire ?
C'était quoi l'arnaque ?
— Avez-vous jamais envisagé l'apprentissage, Mademoiselle Lefèvre ?
— ...
— Il se trouve, continua Morgane, que l'ainé de mes apprentis va bientôt me quitter. J'ai donc une place libre. Les termes sont simples : 500 livres par mois, logée, nourrie, huit heures par jour, cinq jours sur 7, avec 20 jours de congés annuels... Les heures supplémentaires sont payées dix livres par heure.
Le peu que je savais de l'apprentissage venait de TokoLosh. Ça avait l'air de correspondre, mais à l'entendre, ce n'était pas terrible. Et surtout...
— Ben... Pour être honnête, je ne suis pas tout à fait sure d'avoir vraiment envie de me meler de magie.
— Mais vous y êtes jusqu'aux oreilles, ma pauvre fille ! Je dois ajouter que vu votre situation très particulière, vous n'avez pas beaucoup d'options. J'ai la possibilité d'arranger votre situation avec les services sociaux... D'autre part, Les Fils de Wotan pensent toujours que vous savez où se trouve l'artéfact qu'ils recherchent et vont se lancer à votre poursuite.
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Néosorcière
Viễn tưởngCamille, une ado surdouée, vivote dans une cité entre une mère alcoolique et un frère dealer de drogue. Ce dernier l'entraine dans une guerre des gangs sanglante. Au même moment, elle fait une étrange découverte dans un terrain vague...