Chapitre 5

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La voix était tellement étrange, tellement étrangère, plus une penséequ'une voix, qu'elle envoya une vague de panique àvtravers mon cerveau. Ca y est, j'avais des hallucinations auditives, en plus ! Je tentais de me redresser fébrilement. La satanée alarme au-dessus de ma tête se remit à marteler mes tympans de bip-bips endiablés.

— Calme-toi. Je ne te veux aucun mal.

J'étais dingue.

L'infirmière revint et coupa l'alarme. Elle tripota l'appareil, derrière moi, réarrangea mon lit, me dit de ne pas m'agiter et s'en fut. Je fermai les yeux. L'hallucination était partie. J'avais lu quelque part que c'était normal de déconner après une méningite. Tout était normal.

— Alors, on peut discuter ? dit très doucement la voix.

Je fis oui, de la tête. Quitte à avoir des hallucinations, autant ne pas stresser.

— Je vais peut-être me présenter ? Je m'appelle Bao. Ca veut dire trésor, en mandarin. Mais si tu veux, tu peux me donner un autre nom.

C'était trop délirant. Je ne parlais pas un traitre mot de chinois, mandarin ou autre, j'en étais sûre.

— Pourquoi t'as un nom chinois ? pensai-je.

— Parce que... Mon dernier heu... hôte était chinois. C'est lui qui m'a appelé comme ça. Celui d'avant, il m'appelait Brise d'Eté.

Une hallucination poétique, en plus.

— T'es qui ?

— Je suis ce que vous autres, humains appelez un esprit.

— Un fantôme ?

— Non, un esprit. Je crois que dans ton contexte temporel et culturel tu ne sais pas ce que c'est. Voyons... Je suis un être fait entièrement de magie, sans forme matérielle.

Complètement dingue ! Mais au moins ce n'était pas inintéressant comme conversation. Autant avoir des hallucinations sympa.

— Admettons... Alors, qu'est-ce que tu fais là ?

— En tombant dans la crypte, tu as cassé le vase où j'étais enfermé. Seulement, je ne peux pas vivre à l'air libre, dans ton monde. Il n'y a pas assez de magie. Seulement dans une enceinte spéciale, comme ce vase ou dans le cerveau d'un être vivant. Heureusement que t'étais là... Heu... Je suis vraiment désolé, que l'appariement ne se soit pas très bien passé.

— Quel appariement ?

— Heu, quand je suis entré, ton corps a réagi violemment. Ca arrive quand on n'a pas des caractères compatibles. En plus, moi, j'ai toujours habité des mâles.

A cet instant, l'idée que ce n'était peut-être pas une hallucination m'effleura pour la première fois. LuCifère avait parlé d'un truc comme ça, une fois, dans le forum.

— C'est pour ça que je suis tombée dans le coma??

— Je crains que oui. Je t'en demande humblement pardon. On aurait pu mourir tous les deux. Mais je me suis fait tout petit. Je commence même à m'adapter à la structure de tes pensées.

— Quand est-ce que tu vas sortir ?

— Hmm, c'est le problème. Si je sors, je meurs sans magie. Je ne peux qu'attendre que son taux remontent à des niveaux suffisants pour moi, dans dix-neuf ans... Ou alors, il faut que je trouve un moyen de retourner dans mon univers. Que tu m'ouvres un point nodal ou que tu m'amènes à l'une des portes de l'Yddgrasil.

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