Chapitre 20

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— Bien, conclut Declairmont. Donc, en somme vous avez découvert tout un cache d'artéfacts magiques...

Il fixa son ordi et pianota sur le clavier.

— Alors, Base de Donnée des Artéfacts Magiques et Supposés... Pierre de Saba, Pierre de Sacre... Pierre de Saint Paul, aussi appelée Table de Pentecôte. Artéfact mineur, semi-légendaire de localisation inconnue. Pierre ou tablette d'argile gravée que Saint Paul aurait reçu de Dieu pour convertir les Gentils sur le chemin de Damas. Aurait le pouvoir de convaincre toute personne à laquelle s'adresse le possesseur. Conservée au couvent de la Sainte Trinité au Liban, puis donnée à un groupe de jésuites français au XVII siècle... Il aurait effectivement pu avoir fini en la possession de ce Paul de Virogue !

Il se tourna vers moi.

— Ça ne vous dit vraiment rien ?

Je secouai la tête.

— Réfléchissez attentivement, mon enfant, glissa le prof. Je suis sur que vous êtes de bonne foi, mais il y a tout de même quelque chose d'anormal dans votre histoire. C'est presque comme si... Comme si vous aviez eu un talisman qui vous rendait sympathique à tout le monde. Cependant, je ne sens aucune magie sur vous.

Je secouai vigoureusement la tête. Puis je m'interrompis. Bao avait dit la même chose. Même s'il en coûtait à mon amour-propre, il avait raison. Personne n'avait jamais fait attention à moi. Je n'avais aucun charisme. Aucun charme. J'étais transparente, au mieux ou une tache qui enlaidissait le paysage, au pire. Il en avait été ainsi depuis ma naissance. Et soudain tout le monde, depuis la dame du dortoir et jusqu'à Madison en passant par Cordélia m'avait trouvée sympa et m'avait aidée. Quelque part... Quelque part, ce n'était pas normal. Je fronçai les sourcils.

— Mais pourtant... Je n'ai pas ramassé de pierre dans la crypte...

— Cela vous est certainement pénible, mais essayez de vous rappeler tout ce que vous avez fait là-bas, étape par étape.

C'était un période que je ne voulais pas revivre. Mes souvenirs se brouillaient. Je me forçais à y penser. Voyons... Je m'étais extirpée du coffre et découvert que j'avais écrasé plein d'objets. Les seuls qui semblaient encore intacts... étaient un encrier, quelques pièces que j'avais déjà vendues et une boite en bois marquée d'une croix. Bao m'avait bien dit de m'en méfier.

— C'est peut-être le truc qui est chez moi...

.

Une heure plus tard, de retour de ma coloc', nous étions à nouveau dans le bureau. Declairmont glissa sous le couvercle de la boîte la pointe d'un ouvre-lettre et elle s'ouvrit sur une petite tablette d'argile gravée de caractères cunéiformes. Il la saisit et l'examina longuement avec une loupe, à la lumière de sa lampe de bureau. Je me sentais beaucoup moins stressée qu'auparavant. Le directeur et le vampire me semblaient beaucoup moins impressionnants. Dimitriadis ressemblait à un vieux grand-père et même Declairmont avait un air bienveillant et paternel. Avec eux, je n'avais rien à craindre. Ils allaient certainement me sortir de ce mauvais pas.

—Très intéressant murmura le prof. Un sortilège subtil, à peine perceptible pour mes sens entraînés. Cette jeune fille n'en a probablement jamais eu conscience. Cela évoque un objet Fae.

Le conservateur pianota nerveusement sur son clavier.

— Je vais le déclarer immédiatement à la section des objets d'Outre-Monde du SEMI. D'ailleurs, ils n'ont même pas pris la peine de venir à notre appel !

— Peut-être sont-ils fermés pour la Samain ? Suggéra Cordélia.

Je me sentis suffisamment en confiance pour poser une question :

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