Chapitre 7

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Je vérifie ma montre pour la troisième fois en une minute. Il est 20h15, et aucun signe de Jeff.

Devant moi défilent, depuis quelques temps déjà, des couples se tenant par la main, des familles, des groupes, se pressant tous pour acheter leur ticket avant qu'il n'en reste plus.

Ce qui ne devrait pas tarder, si il ne se dépêche pas, je songe.

Je regarde à nouveau ma montre et soupire. Notre rendez vous était initialement prévu à 20h, et Jeff n'est toujours pas là.

Dois-je l'appeler? Ou patienter le temps qu'il arrive?

Je me résigne à le joindre et prends sur moi. Il va bien finir par arriver.

J'attends, seule. Dans le froid.

Au bout d'un moment, quelques gouttes se mettent à tomber, avant de se transformer finalement en une véritable averse.

Grelotante, je me réfugie sous la toiture, sous l'oeil inquiet du guichetier qui, depuis quelques minutes, me regarde d'un air désolé.

- On a plus de tickets, ma p'tite dame, tout est vendu, lance t'il alors à mon attention.

Je plonge mon regard triste dans le sien et hoche la tête. 20h30.

J'abandonne toute idée d'attendre ne serait-ce qu'une seconde de plus et décide de rentrer.

Je regrette de n'avoir pas pensé à prendre un blouson. La météo annonçait pourtant un temps ensoleillé, et le printemps approchant m'avait encouragé à me vêtir d'un simple débardeur.

Je pique un sprint vers l'arrêt de bus situé en face et me réfugie sous l'abris. Un coup d'oeil vers le panneau et je constate que le prochain ne sera pas la avant 45 minutes.

Ma maison n'est pas très loin d'ici, l'affaire d'une dizaine de minutes de marche.

Si je cours, j'y serai rapidement.

J'inspire un grand coup et me met à courir. Je cours, cours sans penser au reste, cours sans penser à rien. Autour de moi, les passants me dévisageant sous leur parapluie, mais je n'en ai que faire. Je cours. Cours comme si ma vie en dépendait. Je cours, pour empêcher les larmes de couler, la tristesse de me submerger.

J'atteins mon perron en un temps record et monte directement dans ma chambre ou je m'écroule sur mon lit et craque. C'est la seconde fois en quelques jours que je pleure, et ce n'est généralement pas mon habitude, mais je ne peux empêcher les larmes de couler.

Mon oreiller se noircit peu à peu, à cause de mon mascara, et un regard vers le miroir me confirme que mon maquillage est fichu.

Mon regard tombe sur une des photos de moi et Jeff, et, prise d'un élan de colère, je me lève brutalement, attrape l'image et la déchire en deux, puis en quatre, puis en vingt.

On m'a posé un lapin.

Destiny - Jeff the KillerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant