Chapitre 24

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Assise sur le rebord de la fenêtre, une jambe pendante dans le vide, je contemple le clair de lune. Depuis la maison des Elton, située sur la colline périphérique de la ville, la vue panoramique est splendide. 

Aujourd'hui, les recherches d'éventuels indices n'ont rien donné. Aussi, nous avons quitté les lieux rapidement, juste après la rencontre avec ce mystérieux individu masqué, et je n'ai pas eu le temps de monter à l'étage, bien qu'Ingrid m'ait assuré qu'il n'y avait rien d'intéressant à voir. Bon. De toute manière, demain, lorsque celle-ci sera en cours, j'ai décidé d'y retourné. Avec ou sans son accord. Et puis, elle ne pourra rien faire pour m'y en empêcher, cette fois-ci.

On toque à la porte, et je sursaute, manquant de perdre l'équilibre. Je descend précipitamment et me réfugie sous le lit de mon amie. 

- C'est moi, fait Ingrid en pénétrant dans la pièce. 

Je pousse un soupir de soulagement. Il ne manquerait plus que ses parents découvrent ma présence. A San Francisco, les miens doivent déjà avoir alerté toutes les formes de polices locales. 

Je sors de ma cachette et m'assois sur le lit, tandis que mon amie dépose devant moi un plateau fumant de spaghettis au fromage. J'en salive déjà.

- Merci, Ingrid. 

Je me jette sur mon repas. Dans mon souvenirs, Mme Elton cuisinait les meilleurs pates au fromage de la région, et je dois dire qu'elle est toujours aussi bonne cuisinière.

Une fois mon repas avalé, je remercie chaleureusement mon amie et me dirige vers le lavabo.

- Tu vas faire quoi, demain, pendant que je serais en cours, s'enquit Ingrid en s'emmitouflant dans sa couette. 

- Rien, je mens. Je vais tuer le temps en lisant, regardant une série... Bref, ça va aller, t'inquiètes pas. 

Elle hoche la tête et s'allonge, les yeux rivés vers le plafond. De mon côté, je fais rapidement ma toilette et m'empresse de retrouver mon matelas.

- Bonne nuit, Ingrid, je fais, avant d'éteindre la lumière. 

- Bonne nuit, Kaya. 

***

Le lendemain matin, je me félicite d'avoir pris soin de régler mon réveil à 5 heures. Mon portable, soigneusement caché sous mon oreiller, de sorte à ce que les vibrations ne réveillent que moi, me tire de mon sommeil à l'heure convenue.

Sans faire de bruit, je me lève, et me dirige à pas de loup vers le lavabo ou j'entame une toilette silencieuse. Puis je m'habille, toujours sans un mot, et quitte la pièce quelques minutes plus tard, mon sac sur les épaules, en prenant soin de ne pas faire grincer la porte. J'avais préalablement écrit un petit mot à mon amie, la remerciant pour tout ce qu'elle avait fait pour moi, mais que désormais, je devais agir seule. Il était hors de question de la mettre en danger volontairement. 

Je descends doucement les escaliers, priant pour que les clés soient sur la porte d'entrée, ou à proximité. C'est le cas. Je sors de la maison et referme soigneusement la porte derrière moi. Une légère brise me fouette le visage. Le soleil n'est pas encore levé, et la ville est encore endormie. Parfait. 

Je dévale la colline. L'herbe est humide, à cause de la rosée matinale, et je dois faire attention à ne pas glisser. J'aurais tout aussi bien pu emprunter la route bétonnée, mais ce passage ci est beaucoup plus rapide. 

J'arrive bientôt en bas, et prends la direction de la maison des Woods. Elle n'est pas très loin de celle d'Ingrid. Elle se situe dans le même quartier, à vrai dire. En réalité, ici, à Thurmont, toutes les personnes avec un minimum de moyens financiers vivent ici. C'est également là que se trouvait ma maison. Un peu plus loin, toutefois. En bas de la colline.

Il n'y a pas un chat. Les rues sont entièrement désertes. A San Francisco, à cette heure là, la ville commence à se réveiller, et certaines voitures circulent déjà, tandis qu'ici, il n'en est rien.

J'arrive rapidement devant la maison des Woods. Cette fois-ci, pas d'appréhension. Je suis déjà venue hier. Je pénètre donc dans la maison et me dirige directement vers la cuisine.

La lumière est allumée. Je n'ai pas du éteindre hier, avant de partir. Cette même odeur de moisi qui règne dans la maison est d'autant plus forte dans cette pièce, et je me risque à ouvrir le frigo, que je referme bien vite, avant de me boucher le nez. Quelle odeur infâme ! Tout un écosystème a du se développer la dedans.

Je m'apprête à quitter la pièce lorsque du bruit me parvient depuis l'étage. Je me fige instantanément. Cette fois-ci, Ingrid n'est pas là, cela ne peut pas être elle.

Je me retourne doucement, le coeur bâtant la chamade. Je suis sûre d'avoir entendu du bruit. Comme si... Comme si quelque chose était tombée au sol.

Destiny - Jeff the KillerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant