Chapitre 25

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Mais... Personne hormi moi ne possède les clés d'ici désormais... Sauf peut être la famille éloignée des Woods. Ou alors...

Je jette un coup d'oeil aux escaliers. Monter. Ne pas monter. Rester ou s'échapper. La folie ou la raison. Une nouvelle fois.

De toute manière, je n'ai rien à perdre. Je suis venue ici pour ça. Et puis, si ça se trouve, c'est seulement le vent ou bien un rat.

Doucement, je monte la première marche, en prenant soin de ne pas faire grincer le bois.

Deux marches.

Trois marches.

Je grimace à chaque nouvelle étape, le bois grinçant sous mes pieds, de peur d'attirer l'attention de quiconque se trouvant à l'étage.

7 marches.

8 marches.

J'y suis presque. Plus qu'un petit effort.

12 marches

13 marches.

J'aperçois le parquet de l'étage, et les portes, entrouvertes pour la plupart.

17 marches.

18 marches.

C'est bon. J'y suis.

A pas de loup, je m'avance dans l'étroit couloir. Les portes étant, certes, à moitié closes, ne me permettent pas pour autant de voir entièrement à l'intérieur.

Je risque un coup d'oeil dans la première pièce, qui n'est autre que la salle de bain. Comme je m'y attendais, rien. Qu'est ce qu'on irait faire dans la salle de bain d'une maison délaissée, après tout ?

Je poursuis donc, et arrive bientôt devant la porte suivante, et ma poitrine se sert.

La chambre de Jeff.

Je pousse la porte, après m'être assurée que personne ne soit à l'intérieur, et pénètre dans la pièce. Rien n'a changé. Qu'il s'agisse de l'emplacement des meubles ou des petits détails, comme son pot à stylos ou son habituel désordre.

Je m'assois sur son lit et m'empare du cadre, situé sur sa table de chevet. Les larmes me montent aux yeux. Jeff. Et moi. A la patinoire. Quelques jours avant l'accident.

Une larme roule sur ma joue, et je n'ai pas le courage de la balayer de la main. En réalité, cela fait trop longtemps que je camoufle mes émotions. Que je cache ma tristesse derrière un voile. 

Je baisse la tête. Comment mon meilleur ami, si prévenant et attentionné, a t'il pu devenir un pareil monstre ..? 

Au moment même ou je repose le cadre sur la table de nuit, un cliquetis métallique se fait entendre, depuis la pièce d'à côté, et je sursaute. 

Le coeur battant à tout rompre, je me lève sans un bruit et m'empare de la batte de base ball de Jeff, posée contre son armoire. A pas de loup, je pousse la porte et passe la tête dans l'entrebâillement. Personne dans le couloir. Ce bruit venait donc bien de la chambre d'a côté. 

Je déglutis difficilement, tétanisée. Mais rassemblant un semblant de courage, je parviens à faire un pas. Puis deux. Et bientôt, je suis devant la porte. La porte. 

La chambre de Sally et Edward Woods. Ceux que j'ai longuement considéré comme mes deuxièmes maman et papa. Morts. 

La main chevrotante, j'agrippe la poignée fermement. Il n'est plus question de faire marche arrière, autant en avoir le coeur net. Et puis de toute manière, je n'ai plus rien à perdre. 

J'abaisse la poignée et ouvre la porte. Dans la pénombre, assise en tailleur sur le lit des parents, une silhouette. Celle-ci tourne la tête, alertée par le bruit de la porte grinçante. Lorsque je déchiffre les traits de son visage, mon coeur s'arrête. Net. Et les larmes me montent aux yeux. 


Destiny - Jeff the KillerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant