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 7 juin,

Il était 19 h 07, il pleuvait. Des barreaux tombaient du ciel, vous enfermant dans les maisons. On ne voyait pas l'horizon. Juste la pluie qui tombait inlassablement. Ma mère ne comprenait pas ma capacité à rester, là, sans bouger, à attendre que le temps passe. Regardant dehors. Si elle savait tout ce que l'on pouvait y voir, alors peut-être qu'elle s'arrêterait également pour parler à la nature.

Mes mains se sont mises à trembler involontairement, comme si elles étaient capables de capter l'énergie environnante. Je fermai les yeux pour tenter de me calmer. J'inspirais, j'expirais. L'air qui entra dans mes poumons décolla toute trace d'anxiété pour ne laisser qu'un étrange sentiment de sérénité.

J'écoutais...

Dans un premier temps, on pourrait croire au silence, puis en me concentrant, je pouvais entendre le bruit étouffé de la télé. La maison craquait comme pour respirer. Tout était normal, comme d'habitude. La routine me percuta de plein fouet, pas simplement comme un coup de vent, non, comme un train lancé à pleine vitesse. Les habitudes devenaient des routines et je cherchais, par-dessus tout, les moyens de les fuir. À mes yeux, ce qui rendait la possibilité de la vie intéressante, c'était la découverte, et pour ce fait, les habitudes étaient contre-productives. En plus, les habitudes se transformaient en codes et les codes en préjugés, de quoi nous entraîner dans un cercle vicieux.

Ce soir-là, mes parents m'avaient une fois encore réprimandé comme une enfant. Mon enfermement les exaspérait car plus le temps passait et plus, comme une fleur en fin de vie, je me refermais sur moi-même. Ce qui n'était à la base qu'un écart entre moi et le monde, se transformait peu à peu en fossé de plus en plus insupportable. Les gens m'insupportaient. Je n'aimais pas leur façon d'être, soit noir, soit blanc, jamais de gris. Soit, ils avaient une vie de débauche basée sur les préjugés, sans jamais utiliser leur esprit ; soit, il semblait qu'ils ne riaient jamais et passaient leurs journées à travailler. La vie ne pouvait être équilibrée que si l'on vivait un peu plus dans le gris.

Lors d'un coup bas de la vie, il me semblait, parfois, entrevoir des morceaux de bonheurs, mais jamais, je ne les atteignais. Je me contentais de regarder les autres en profiter. La vie est un coup de poker, soit tu as les bonnes cartes, soit tu perds tout, sans doute un malheureux hasard, un coup du sort. Il faut croire que je suis tombée du mauvais côté de la table. On avait alors deux solutions, soit partir avec ce qui nous restait ou bluffer en espérant voir la chance tourner.

Quelle terrible chose que l'espoir ! Il est une flamme qui nous anime et qui fini par nous brûler les ailes.

Je continuais d'aller étudier en traînant les pieds. Mais, si je faisais demi-tour maintenant, jamais, je n'aurais la force d'y retourner. Je savais que si je faisais ce choix, il était irrévocable. Je ne voyais pas l'intérêt du bac, c'était juste un diplôme sans utilité apparente. On faisait entrer de force des informations qui, pour la plupart, ne serviraient jamais. Il me semblait, quelques fois, que tous les diplômes que je serais amenée à passer auraient simplement un but décoratif. C'était, en quelque sorte, des trophées de guerres que l'on garderait en se demandant si l'on allait les laisser-là à emprisonner la poussière des années qui s'entassent ou si, un jour, enfin toutes ses années à étudier porteraient leurs fruits.

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Désolé si les chapitres sont un peu court mais chacun représente une de ses journées donc comme on ne peut pas aller plus vite que le temps j'espère que vous m'excusez ce petit désagrément, grâce à ceci je publie les chapitres plus souvent.

Cover en Media de OliviaSprks

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Emma

Jusqu'au ciel Où les histoires vivent. Découvrez maintenant