1er juillet,

Je me réveillai avec les premiers rayons d'une aurore qui tentait de percer la nuit.

Je repartis sur la route à la recherche de moi-même.

En fin de matinée, je m'arrêtai dans un parc. Les enfants hurlaient, courraient partout, ils semblaient inépuisables. À mon avis, ils fonctionnaient à l'énergie solaire. Je ris à cette image, des enfants avec des panneaux photovoltaïques sur le dos. Les rires ne déplaisaient pas. Quelques cris de joie. Les enfants étaient une source de bonheur et de joie pure. Mais également de colère. Le plus beau chez un enfant est sa pureté, rien n'est fait par hypocrisie ou par intérêt. Les enfants sont la vérité. L'adolescence est cette époque difficile ou l'on t'arrache à ton innocence pour t'apprendre la vérité, en te demandant de dire des mensonges. Je continuai d'observer encore un peu cette image que la vie m'offrait.

La vie était faite de moments fugaces de bonheur.

Sous la chaleur écrasante de l'été, les amoureux s'aimaient, les oiseaux volaient et, moi, je marchais. Il faut croire que tout était à sa place.

La vie était faite d'opportunités à saisir. J'avais saisi la mienne en partant. J'avais toujours aimé voyager, découvrir. Je marchais encore. Cette fugue était un paradoxe. Je marchais et j’étais, en apparence, libre de ma destination. Pourtant, je devais suivre la route que d'autres avaient tracée. Il me sembla devenir folle, il y avait tant d'entraves, partout, et les hommes qui se pensent libres, sans savoir qu'aujourd'hui, la liberté est une notion bien relative.

À force de marcher, j'arrivai sur un pont. J'aimais bien l'image de ce dernier : l'entre-deux. Entre-deux rives, entre-deux mondes. C'était sans doute là que ma place était, entre l'enfant et l'adulte, entre la réflexion et l'impulsivité, entre la vie et la mort. Entre deux, comme si je rentrais dans aucune case, comme s’il n'y avait aucune place pour moi. Je m'assis sur le bord du pont, les pieds dans le vide. Les plus forts vivent, les autres meurent, et je n'avais pas encore choisi de quel côté, j'étais. Je ne savais pas, si je voulais aller jusqu'au ciel ou si j'allais rester sur terre. La vie pourrait être horrible, je le savais par expérience, mais je l'avais également vu magnifique. J'avais eu les larmes aux yeux, éblouie par la beauté dont elle pouvait faire preuve. J'étais face à un dilemme, vivre… ou mourir. Les pieds dans le vide, les mains sur la rambarde et le regard à l'horizon. J’avais pleuré plus de larmes qu'il n'y en avait dans mon corps, mais j'avais également ri jusqu’à n’avoir plus de souffle. Rien n'est jamais blanc ou noir, chaque vie a son lot de tristesse et de bonheur, tout est toujours gris. Chaque fois que nous gagnons des cicatrices, elles doivent nous rappeler que nous avons gagné, que nous avons été plus forts et que nous nous en sommes sortis, pas seulement que le combat a eu lieu. J'avais eu l'impression de vivre sur des montagnes russes et chaque tristesse provoquait des joies aussi puissantes.

Mourir, c’était plonger dans l'inconnu, une nouvelle sorte de voyage. Mais c'était également être lâché et baisser les armes. Je n'aimais pas certains aspects du monde, certaines choses me révoltaient, mais si je meure, je fais comme tout le monde, je ferme les yeux et n'agis pas. Mais je ne pouvais pas devenir aveugle, je ne le voulais pas, il fallait que je reste en vie, il fallait que je me batte pour mes convictions, pour que les choses changent. Je ne pouvais pas laisser mes parents comme ça sans les revoir, j'étais partie parce qu’ils étaient étouffants, mais, malgré tout, je les aimais. Mes rêves ne pouvaient pas être jetés comme ça du haut d'un pont. J'allais faire du mal à tellement de personnes, c'était égoïste, je n'avais pas le droit !

Et plus que tout, je voulais vivre ! Cette pensée me surprit, peut-être, était-ce le but de ce voyage ? Choisir entre vivre et mourir ? Savoir, si je faisais partie des forts qui malgré tout se battent ou des faibles qui baissaient les bras et abandonnaient ?

Je commençai à faire demi-tour. Sans doute, aurais-je dû être plus assidue en cours de sport, cela m’aurait évité l'accident. Mon pied glissa, je ne pus me rattraper avec mes mains, par manque de force. J'étais incapable de crier, la peur avait pris possession de mon esprit. J'étais en chute libre. Je ne pensais plus, j'en étais incapable. Je ne sais pas à quel instant, j'avais perdu connaissance, mais je ne sentis pas d’impact. La dernière chose dont je me souvienne fut la larme sur ma joue. Mon esprit se remémora tout l'amour qu'il y avait en moi. Je mourus cette après-midi-là, le cœur empli d'amour. Mon corps vaguait sur l'eau comme celui de la belle Ophelia.

La vie n'était pas juste ou injuste, elle était, c'est tout. J'étais morte par accident et personne ne le saurait jamais. Aux yeux du monde, je serais lâche, j’aurais fui et comme un ouragan, je détruirais mes parents qui ne cesseront de penser que c'est de leur faute, qu'ils n'ont pas été de bons parents ? Si j'eus encore été en vie, mon visage aurait été inondé de larmes. Mais dans la mort, paisibles, les pensées vont se promener et n’ont jamais de répercussions. Sans doute vaudrait-il que je me remémore mon passé afin de comprendre comment j'en suis arrivée là ? Comment j'en suis arrivée à des choix si extrêmes ?

Comment passe-t-on d'une vie sans histoire, à avoir des relations invivables avec le monde qui nous entoure ?

Comment pouvons-nous, nous créer une coquille si solide que personne ne peut nous atteindre ?

L'esprit humain est sans doute trop complexe pour avoir l'entièreté de la réponse.

Je fais partie de ces gens qui cherchent inlassablement des réponses. Et je garde l'espoir d'un jour les trouver.

Mais rien que des peut-être, c'est déjà énorme.

Partons en quête des peut-être, laissons les souvenirs me submerger et remontons au 31 décembre dernier…

Jusqu'au ciel Où les histoires vivent. Découvrez maintenant