23 juin,

Une nouvelle journée pour une nouvelle vie.

Dans la nuit de la maison, le moindre bruit était amplifié. Les marches de l'escalier ne grinçaient pas légèrement comme à leur habitude, mais leurs hurlements alertaient la maison de mon évasion. Mon cœur faisait plus de bruit qu'une batterie. Mes sens étaient aux aguets, j'écoutais et observais tout. La porte se ferma derrière moi comme un adieu. Mes veines étaient adrénaline et excitation. Et la fuite commença...

Mes pieds tapaient l'asphalte dur, depuis 4 heures déjà, et ils commençaient à me faire souffrir. J'essayais de ne pas trop y penser. J'étais partie de nuit car mes parents ne s'inquiéteraient pas de ma disparition avant le soir. J'avais fait un mot pour le lycée prétextant un décès, ce n'était pas la première fois, ça devenait une fâcheuse habitude de mentir. En temps normal, je ne pouvais croiser mes parents que le soir, ce qui me convenait parfaitement. À ce moment-là, je leur enverrai un message pour leur dire que je resterais chez une amie, ce qui me laissait encore un peu plus de temps avant qu'ils ne s'inquiètent. Je ne pense pas qu'ils diront quelque chose, vu que je ne découche que peu de fois. Lorsqu'ils se rendraient compte de mon départ, je serai déjà loin. J'avais prévu de prendre le premier car qui viendrais à la gare routière. Une fois arrivée à destination, j'aviserai. Lorsque le premier car arriva, il était 5 h 10, je n'attendais pas depuis longtemps. Je profitai de ce temps de repos pour dormir. Le trajet ne dura que deux heures et je fus obligée de descendre au terminus. Je me mis à marcher et commençai ainsi ma course contre le soleil. Le midi, je m'arrêtai dans une supérette pour acheter de quoi grignoter. Il me semblait vivre hors du temps, ou plutôt d'appartenir à quelque chose de bien plus grand. La vie avait un rythme tout autre. Dans le centre-ville, les passants couraient presque tous. Ainsi, ils espéraient gagner du temps. Le temps, c'est la seule chose qui ne s'achète pas avant de mourir. Il me semblait voir des pantins que l'on tirait en avant. Aucun ne relevait la tête, tous comme des autistes dans un monde qui n'appartenait qu'à eux. Autour de moi, tout me semblait différent, plus facile, plus libre. Il me semblait, quelques fois, que je pouvais me laisse emporter vers le ciel, que le vent me permettrait de voler. Tout ce qui me tracassait jusqu'à présent, me paraissait bien dérisoire devant les possibilités que m'offrait la vie.

Mon esprit respirait, mes pensées étaient libres et partaient à leur guise.

La marche avait les capacités de me faire réfléchir sans avoir besoin de me soucier de la destination à atteindre car elle était inexistante. Ce mécanisme de la marche avait pour but de m'éloigner le plus possible de mon ancienne vie. L'inconnue était à double tranchant, d'un côté, excitant, et de l'autre, effrayant. Le mystère.

Je me répétais inlassablement que j'avais fait le bon choix comme pour me persuader moi-même de ce fait, mais également pour ne pas faire demi-tour. J'avais abandonné la sécurité et un lieu familier pour atteindre la liberté. Cette dernière était un chemin dont je venais juste de prendre la direction après de nombreuses autres tentatives infructueuses. J'avais atteint la liberté de mouvement, mais les batailles les plus dures restaient encore à venir, la guerre contre moi-même, contre mes pensées et toutes les barrières qui se dresseraient devant moi. Mon esprit semblait échapper à toute maîtrise des autres, mais aussi de moi-même.

Le doute. Partir, était-elle la meilleure solution ? Et la peine qu'allaient ressentir mes parents ? Et mon avenir ? Beaucoup de questions affluaient, menaçant de me faire imploser. Au bord de la crise de panique, je forçai mon corps à se détendre en obligeant ma respiration à redevenir régulière. Première chose, les questions auraient dû intervenir avant, de plus, maintenant, j'étais dans l'incapacité de faire demi-tour, j'étais allée trop loin. Oui, j'allais faire souffrir mes parents, c'était un fait qu'il me semblait pourtant avoir accepté. Il faut croire que non. Je n'aimais la violence ni physique, ni morale. Je leur écrirai donc une lettre expliquant mon départ. La fuite était lâche, pourtant, elle m'était apparue comme une solution. Je savais, dors et déjà, qu'il allait s'ensuivre un cache-cache avec les informations de toutes les  sortes que je pourrais rencontrer. J'essayai d'occulter mes doutes et me concentrai plus fortement sur l'optique d'avoir un toit pour la nuit. Je voulais éviter de dormir à la belle étoile, ce n'est pas que ça me deplaisai, mais les nuits étaient encore trop fraîches. Je jetai mon dévolu sur une auberge de jeunesse. J'essayais d'enfermer mes démons et mes doutes, le temps d'une nuit. Je savais d'avance, que c'était peine perdue, mais comme on dit : « l'espoir fait vivre. »

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A partir de maintenant j'espère publié un chapitre tout les vendredis 😊

Jusqu'au ciel Où les histoires vivent. Découvrez maintenant