Je m'excuse du retard de publication je passais un oral pour le bac ;-)

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30 juin

Ça faisait une semaine que je déambulais dans les rues. Je n'avais pas pu éviter tous les médias et j'étais tombée sur un appel à témoins avec ma photo. J'avais donc pris la décision d'éviter les lieux trop publics pour un temps.

Ça faisait une semaine, aussi, que j'allais de ville en ville et les économies que j'avais emportées diminuaient peu à peu, si bien que j'ai dû prendre la décision de ne plus m'arrêter dans les auberges de jeunesse. La marche parvenait quelques fois à me vider la tête, mais tant d'efforts pour si peu de résultats ! Il me fallait trouver autre chose. Quelque chose de plus instantanée. Je ne supportais plus les villes grises, leurs sols gris foncé, le ciel gris clair et le stress, et le temps qui file. Je saturai. Lorsque j'habitais chez mes parents, j'avais un lieu où je pouvais me couper du monde : le jardin. J'entendais les oiseaux, je sentais la terre, le vent me caressait. Mais ici, il n'y a ni verdure, ni arbres, juste des immeubles qui se dressent vers les rayons du soleil. Je savais qu'il fallait que j'arrête de marcher. Oui, il fallait que je me pose, que j'arrive à créer mon monde. Mais, je n'ai de place à nulle part ! Mes jambes refusaient de s'arrêter. Elles m'envoyaient au loin contre mon gré. Mes pensées divaguaient encore, si bien que m'isolant totalement, je ne pouvais retrouver la civilisation qu'à la nuit tombée. Les tables des bars habitaient la ville de rires. Peu à peu, les lumières s'allumaient pour rivaliser avec les étoiles. La ville revêtait son habit de fête. Je m'étais acheté de quoi grignoter. Il faudrait que je trouve une alternative à ce désagrément. Il faudrait que je travaille un temps pour pouvoir vivre de mes revenus. J'avais posté une lettre, le matin même, demandant à mes parents de ne plus me chercher car pour la première fois de ma vie, j'avais fait un choix. J'avais pleuré en leur écrivant ses quelques mots. J'imagine déjà leur réaction, leurs propres larmes, leur énervement. Mon père serait resté là sans comprendre. Ils auraient tous les deux faits la tête pendant une semaine pour finir par décréter que j'étais la fautive dans l'histoire. Ils vont refouler leur émotion dernière le coléoptère. Je le savais car j'avais réagi de cette façon étant enfant. Les émotions sont difficiles à métriser, alors on les ignore, on les cache sans savoir que c'est le plus beau cadeau que nous ait fait la vie. C'est ce qui nous différencie des animaux. 
Je déambulais encore un peu avant d'arriver sur la plage. En face de moi, la mer. Imposante, belle, invincible. Une force tranquille de la nature que j'admirais profondément. Elle me semblait tellement humaine, maternelle, elle nourrissait les hommes. Elle pouvait être également meurtrière, en se transformant en tsunami. L'eau entra en contact avec mes orteils, un frison me parcourra le corps. Le doux et charmant roulis des vagues m'incita à continuer, le froid me saisit les chevilles, je continuai, l'eau monta jusqu'à mes genoux. Il me semblait être dans un bloc de glace, mais fidèle à ma nouvelle philosophie, je continuai d'avancer encore. La taille fut un cap difficile à passer, mais je me refusai d'écouter mon corps, mon esprit repris le contrôle. La fraîcheur de l'eau glaça mes émotions. L'eau était à la hauteur de mes épaules. J'étais incapable de penser à autre chose qu'au froid. Après deux grandes inspirations, je plongeai la tête dans l'océan. Je ne faisais plus qu'une avec cette entité. Les bruits de la ville se sont tus, je n'appartenais plus au royaume des vivants, mais à celui de l'océan. Elle me protégeait, me calmerait. J'aurais voulu y rester pour l'éternité. Mais déjà mes poumons étaient en feu et me suppliaient de remonter à la surface. Le moindre bruit était agressif. Comme une enfant qui refusait de s'éloigner de sa mère, je dormis sur la plage bercer par la douce brise et la berceuse océanique.

Jusqu'au ciel Où les histoires vivent. Découvrez maintenant