22 juin
Mes pensées de minuit étaient teintées d'un désir de liberté. Toute la journée, il me semblait que j'évoluais dans une prison. Les plafonds oppressaient, respirer devenait impossible, les gens étaient insupportables. Tout s'effaçait à l'intérieur de moi, hormis ce besoin d'évasion. Partir ! Tout quitter, m'était apparu comme une évidence. J'en vins même à me demander pourquoi n'y avoir pas pensé avant.
Je me savais étourdie et j'avais, en temps normal, des difficultés à me concentrer. Je savais également, qu'aujourd'hui, cela relevait de la mission impossible. Mon esprit échafaudait des plans et tentait de répondre à des questions que je ne pouvais plus contrôler. Partir pour aller où ? Avec quel argent ? Je ne voulais pas de destination précise. Je voulais juste partir où bon me semblait, me laisser guider par mes envies, sans règles ni obligations. J'avais déjà bien assez vécu dans les contraintes, je n'allais pas m'en imposer de nouvelles. Et pour l'argent? Je prendrais mes économies, c'était sans doute une chance que je ne sois pas très dépensière. Pour la suite, il faudra que je trouve des petits boulots à droite et à gauche. J'aviserai le moment venu. Ce voyage n'était pas préparé, ce qui mêlait en moi un étrange sentiment de bonheur et d'excitation qui eut comme écho, un stress que je tentais d'enfouir en moi. Je souhaitais vraiment partir et je ne devais en aucun cas renoncer à mes plans à cause de cette émotion.Les secondes tardaient à passer. Le temps me semblait s'allonger de minutes en minutes. Lorsqu'enfin la dernière heure de cours sonna, je sortis en trombe de la classe. Je me savais déjà partie en quelque sorte, si bien que j'éprouvai des difficultés à taire mon esprit qui me hurlait de suivre mon instinct et de me sauver tant que je le pouvais encore. Mais en faisant mûrir ma réflexion, je me rendis compte que le moment le plus propice pour partir serait le milieu de la nuit. Car mes parents ne m'entendraient pas et ne se rendraient compte de ma disparition que le lendemain. En bridant mon esprit, ce soir-là, je décidai de rentrer en bus. Il me fallait l'attendre un quart d'heure. Je tentais de me donner du courage en regardant ma montre, plus que dix minutes. Je ne pouvais m'empêcher de calculer le temps qu'il me restait avant de pouvoir m'échapper. Mais mes pensées furent interrompues par un éclat de voix. Deux garçons commençaient à se disputer. Il faut croire qu'il y avait de la haine dans l'air, c'était la deuxième dispute de la journée. L'un des deux poussa son opposant par terre. C'est à ce moment que la bagarre éclata. Le premier coup partit. Puis un suivant. Et la première goutte de sang. Autour de l'arrêt de bus, personne n'avait esquissé le moindre geste. Tout le monde était figé, que ce soit par crainte ou par le plaisir que leur procurait la scène. Peut-être bien les deux à la fois. Je ne le saurai jamais. L'un des hommes tomba à terre, l'autre continua de frapper. Il ne s'arrêtait pas. Il allait le tuer. Mais personne ne bougeait. J'avais peur. Pour lui. Pour moi. J'avais peur de rester là comme tout le monde à contempler la scène. Malgré moi, je me levai pour aller m'interposer. Il s'arrêta de frapper comme si, jusqu'à présent, il avait été possédé. Il semblait revenir à lui. Devant l'horreur qu'il avait accomplie, il partit en courant. Une fois la source du danger écartée, tout le monde s'approcha pour aider le presque mort. Lorsque le bus arriva, je montai dedans en laissant croire à tous ces gens qu'ils étaient de soi-disant héros, qui n'agissaient que lorsqu'ils ne craignaient rien. Les laissant croire qu'ils avaient sauvé un homme de la mort. Bien que cette fois, il n'y avait qu'une personne à terre. Il en est de même lorsqu'un pays entier ploie sous la violence, personne n'intervient. Tout le monde garde les yeux fermés, pour peu que l'on ne soit pas nous-mêmes les oppresseurs de ce pays. Il n'y a que pour nos intérêts que l'on se bat, ou pour la religion. Aujourd'hui, il y a un attrait qui excuse toutes les atrocités : le pouvoir. L'argent est lié au pouvoir, mais en s'y penchant de plus près, on se rend compte que la religion l'est tout autant. Pourquoi certains se barrent lorsqu'on a un Dieu qui prône la vie et l'amour. Mais l'homme est mauvais et transforme l'amour en haine. Des hommes vont se battre et meurent au nom du pouvoir. J'allais rentrer chez moi, quand je me souviens des attentats, de la barbarie sans nom tuant des gens qui n'ont rien demandé à personne, des gens sans défense. Puis les kamikazes meurent sans jamais voir les atrocités qu'ils ont commises. Ils préfèrent cuire que d'assumer leurs actes!
Il était 18 heures. Je montai dans ma chambre et préparai mon petit sac à dos pour ce grand voyage. Il me fallait encore attendre la nuit avant de partir. Il me fallait attendre quelques heures ; quelques heures avant la liberté.
19 heures...
21 heures 30...
23 heures... bientôt...
23 heures 30... Le silence dans la maison...
Minuit ... Maintenant...
Cover en Media de OliviaSprks
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Jusqu'au ciel
Teen FictionPartir. Fuir, ma vie, les gens. Pour aller où ? Je n'en sais rien. Ce qui compte n'est pas la destination mais le chemin. Embarqué dans un voyage au coeur de cette jeune femme qui en voyageant découvrira le monde qui l'entour mais plus encore so...