Les Miroirs du Temps - TERMINÉ

XV - Le nouveau plan de Gaïl (1)

        N.d'A. : Suite aux conseils précieux d'Enessea, voici un nouveau chapitre avec ENFIN quelques révélations ! (AMEN). Bon, pas trop non plus, hein... Faut pas abuser ;) Bonne lecture, ENJOY !

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Gaïl sortit du sanctuaire des Clémences en furie, habité par une colère noire et foudroyante. Il s'était remis en marche, dans le blizzard tempêtant, l'allure rapide et insensible aux appels de Ludmilla qui bataillait dans la poudreuse et le vent.

La descente des Monts Clémences fut d'une rapidité surhumaine. Gaïl glissait telle une ombre sur le sol impraticable et enneigé, dévalant pics, pentes puis plaines à une vitesse fantomatique. A l'arrière, les cris de la jeune diablesse peinaient à résonner dans le vacarme ambiant généré par la chute des flocons grouillant dans l'air. Elle le suppliait de ralentir et de l'attendre, mais les ires de Gaïl étaient bien plus fortes que sa raison et sa compassion.

            « Tu vas t'arrêter, oui ? » hurla-t-elle, essoufflée.

            Elle se heurta à son propre écho et à l'absence de réaction de son compagnon. Pestant contre le tempérament sanguin et colérique de Gaïl, elle tâcha de suivre la cadence tant bien que mal, hélant de temps à autres la même injonction, sans succès. 

            Le jeune homme cogitait à plein régime dans ses pensées et n'avait absolument pas un seul instant à accorder à celle qui le retardait dans ces monts blancs d'asile et de solitude. Un énième échec le séparait du Stramonium, et à son goût, c'était un échec de trop. Toutes ses tentatives de recherches, tous ses efforts, toutes ses explorations calculées et basées sur des écrits ou des légendes s'étaient soldés sur du vide. L'unique objet qui l'empêchait de revenir à Glasstow, afin d'infliger son courroux et ses vœux de vengeance, lui échappait des mains de jours en jours, semaines après semaines, mois après mois...

Cela faisait cinq mois, à présent. Cinq mois que Gaïl planifiait les moindres détails pour prendre sa revanche en annihilant les responsables de son état d'infortune. Et seul un tout petit joyau, soit disant béni des dieux, un misérable joyau, une pauvre petite pierre qui brille, le retenait dans l'accomplissement de ses desseins. Il avait pris sur lui, au tout début, pour apprendre à maîtriser ses nouvelles capacités ténébreuses ; puis s'était forcé à patienter un peu plus, pour façonner le plus parfait des plans ; mais ce délai devenait bien trop long, voire insupportable... Il lui fallait revenir dans son quartier résidentiel. Ses nerfs ne tiendraient pas plus longtemps. Néanmoins, il ne pouvait faire son retour fracassant avec une telle faille dans ses projets.

Absorbé par ses intenses réflexions, Gaïl ne se rendit pas compte qu'il atteignait le bas du versant. Le blizzard s'était arrêté, la vue était dégagée et l'air, malgré le froid ambiant, plus respirable. Lorsqu'il en fut conscient, il s'arrêta promptement et se retourna. Loin, très loin, une masse mouvante s'acharnait à regagner le bas des Monts à son tour. Gaïl arqua les sourcils. Il n'avait pourtant pas eu l'impression que la pente était aussi abrupte et difficile à descendre. Il haussa les épaules et, croisant les bras, attendit que Ludmilla achève son périple enneigé.

« Eh ben...! pesta-t-elle. Ce n'est que maintenant que tu daignes te préoccuper de moi ? »

« Nous allons retourner à Glasstow ! » lui répondit, à côté, Gaïl.

« De... De quoi ? »

« Nous allons retourner à Glasstow ! » répéta-t-il, atone.

« Mais... mais... Et le Stramonium ? Et ton plan ? Et ta vengeance ? T'en fais quoi ? » paniqua Ludmilla.

« Je veux revenir à Glasstow. Cela fait depuis trop longtemps que j'attends et que je tourne en rond. Maintenant il est l'heure de signer mon retour, et d'entamer ce que je souhaite le plus au monde ! »

« Sans vouloir te contrarier, tu sembles suffisamment l'être, je dois te rappeler ce que je t'avais dit à notre sortie du Miroir. Une vengeance appliquée rapidement et dans la précipitation ne peut être vouée qu'à l'échec... Je ne pense pas que ce soit ça que tu veuilles... » prévint la diablesse.

« Certes, mais il ne me reste plus que le Stramonium à trouver et tous les éléments seront en ma possession. Lors, j'aurais quartier libre pour anéantir Luke, Emma et Elie... Mais tu as raison sur un point... Sans le Stramonium, on ne peut retourner à Glasstow. A moins de modifier quelques éléments déjà planifiés. Et c'est ce que nous ferons ! »

« Modifier quoi ? Tu m'avais dit que ce joyau des dieux t'était indispensable... »

« Il l'est ! Sans lui, rien ne sera possible ! » catégorisa Gaïl.

« Mais pourquoi l'est-il à ce point ? Tes Ténèbres sont suffisamment puissantes pour ce que tu veux entreprendre. Même si, d'ailleurs, tu ne m'as toujours pas dit clairement ce que tu escomptais faire... » observa Ludmilla.

« Hmm... C'est vrai ! Je croyais que tu l'avais deviné... Mais pour te répondre, permets-moi de te poser une question. Sais-tu réellement ce qu'est le Stramonium ? »

La ravissante démone secoua négativement la tête avant de justifier :

« C'est un joyau, une améthyste, il me semble d'après tes dires... Un joyau béni des dieux... C'est tout ce que tu m'as dit en tout cas... »

« Hmm... Ai-je si simplifié à ce bas niveau ? se consterna Gaïl, empli de mépris. Le Stramonium est bien plus qu'une améthyste bénie des dieux. En supposant qu'on croit en eux... »

Le dégout déforma le visage du jeune homme lorsqu'il prononça ces mots. Il fit une courte pause et contempla les Monts Clémences qui s'étendaient à perte de vue juste devant lui. Pur et immaculé, ce paysage l'apaisait malgré tout. Une once de fascination parvenait à percer l'image dure et machiavélique des traits de Gaïl.