XXVIII - La protection des Lumières (2)

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Les yeux de la jeune femme pétillaient et celle-ci était pendue aux lèvres de Gail, attendant qu'il lui livre la clé de ce nœud.

« Il est facile de faire naitre des parts d'ombre dans la Lumière. Et dans notre cas précis : faire renaître l'ombre... Si j'ai volé les souvenirs de tous les habitants de Glasstow dont ceux de Luke, Elie et Emma, c'était pour que leur Lumière soit plus forte que les noirs souvenirs qu'ils ont de notre expédition...

« Lorsqu'ils sont sortis des Contemplations, tout victorieux, le Stramonium n'avait plus la protection magique du temple. Mais il avait la bonté de ce cher Luke pour se protéger. Il a juste fallu que je leur rende leur mémoire pour que le joyau divin soit privé de Lumière et de maître... Il ne manquait plus qu'à le dérober sous leur nez, pendant qu'ils revivaient ces mois détestables. »

Le cœur de Ludmilla palpitait d'excitation et d'extase. Ce qu'elle voyait de son compagnon de Ténèbres la ravivait au plus haut point. Le niveau de manipulation et de manigance qu'il avait atteint dépassait ses attentes. L'homme froid et calculateur qui se tenait devant elle la fit frissonner de plaisir.

« Il y a juste un truc... Tes anciens amis se sont déchirés par ton absence... Maintenant que tu es là et bien vivant, tu ne crains pas que l'objet de leur discorde s'annule ? » l'avertit-elle.

« J'ai observé leurs souvenirs, et je peux te dire que c'est une option à balayer. La haine qu'ils se sont voués pendant ces six mois est telle que ma réapparition ne leur permettra pas de se réunir ni de se pardonner. » certifia Gail.

« Une chance que tu les connaisses suffisamment... Mais espérons que tu n'aies pas tort ! » prévient l'élégante diablesse.

« Qu'importe de toute façon... Le temps qu'ils enterrent leur hargne, il sera trop tard pour eux ! Ils pourront alors bien faire ami-ami en Enfers, ça m'est égal. » grinça-t-il.

« Bon et maintenant, on fait quoi ? Et quand pourrais-je entrer en action ? » s'impatienta Ludmilla, trop heureuse de se révéler au grand jour.

Le jeune homme la dévisagea. Son plan était parfait et n'attendait plus que les engrenages se mettent en marche. Néanmoins, la ferme intention de son double à crier son existence le contraignait. Elle n'avait pas tout à fait sa place dans cette machinerie rondement menée. Tout du moins, pour l'instant. Aussi, pour calmer ses ardeurs, il lui proposa ceci :

« Comme ils sont partis chacun de leur côté quand je leur ai rendu la mémoire, ça risque d'être un peu plus long. Alors, on attend que les gentils moutons reviennent aux pâturages... Et après, le loup viendra leur faire peur... »

« C'est vrai ? » se réjouit-elle, sautillant de joie sur son fauteuil.

« C'est vrai... Mais attention ! Que le loup ne soit pas trop ravageur ! Sinon, il risque de ne plus y avoir de loup du tout... » mis en garde Gail, à l'intention de Ludmilla.

« Hmm... Bon... Je leur ferai juste peur à leur retour alors... » lâcha-t-elle, légèrement déçue.

« Il vaut mieux, oui... »

Gail lui admonesta un dernier regard lourd de signification. Ses yeux verts la transpercèrent et la jeune femme ne put soutenir l'échange visuel. Elle baissa alors la tête tandis que l'enténébré récupérait l'écrin dans lequel dormait à présent le Stramonium. S'apprêtant à monter à l'étage, il s'arrêta net.

« Au fait... J'espère que tu as pensé à notre invité durant mon absence ? » se rassura-t-il, en se retournant.

« Je savais bien que j'oubliais quelque chose... Zut ! » avoua Ludmilla, faussement coupable.

Le jeune homme poussa un profond soupir de lassitude et d'énervement. Il fit disparaitre la boite en bois dans un nuage de fumée bleue d'une simple volonté et bifurqua vers la porte de la cave.

Tout en descendant lentement les escaliers menant au sous-sol, il prit soin de faire apparaître une assiette bombée de nourriture et une carafe remplie d'eau. Arrivé en bas, avec sa pensée, il éclaira la pièce humide et sombre. L'enténébré s'accroupit au pied de l'immense cage qui dominait l'ensemble de l'espace. A travers le trou prévu à cet effet, il glissa l'assiette de l'autre côté de la prison de métal et fit de même pour la carafe.

Cette tâche accomplie, il tourna les talons, mais au lieu de remonter l'escalier, s'assit sur la dernière marche. Un grincement résonna dans la cave. Le jeune homme contemplait, le regard vide, l'imposante cage.

Au bout de quelques instants, voyant que son ravisseur ne s'éloignait pas, l'être enfermé à l'intérieur des barreaux s'avança prudemment jusqu'à l'assiette puis se jeta dessus goulument après maintenant cinq jours de jeûne.

Ce spectacle n'égayait pas forcément Gail, mais ce dernier restait pourtant là à contempler cette jeune femme dévorant son repas. Sans âme, il soupira bruyamment ce qui fit immédiatement réagir la captive qui s'éloigna au fond de sa cage. La silhouette fixait Gail, terrorisée et les yeux embués de larmes.

« Oh tu souffres ? » se prit de compassion le jeune homme.

Sa question n'attendait nulle réponse et son ton empathique était mensonger. Gail n'éprouvait aucun remord et son ironie était palpable. Rompant le silence, il se releva et acheva son monologue :

« Mais moi aussi... »

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N.d'A. : Baaaaam ! Vous l'aviez oubliée, cette jeune femme captive dans la cave de Gaïl ? Bah la revoilà ! Plus captive que jamais ! *humour noir* Toujours est-il que j'espère que ce chapitre vous a plu ^^

Alors à votre avis, qui est cette jeune femme prisonnière et pourquoi ?

Et qu'espérez-vous et qu'attendez-vous dans les prochains chapitres à venir ?

Encore merci de vos vues, et à la semaine prochaine ;). En attendant : ENJOY !!!

Les Miroirs du Temps - TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant