XIV - Le sanctuaire des Clémences (2)

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Une fois la barrière anéantie, Gaïl fit disparaitre son sabre fraichement conçu et s'engouffra dans le sanctuaire, sans intimer quoique ce soit à Ludmilla, restée en retrait durant l'exploit du jeune homme. La diablesse restait bouche bée, impressionnée une fois de plus par la robustesse et la témérité de son partenaire de Ténèbres. Se ressaisissant et comprenant que Gaïl ne l'attendrait pas, Ludmilla s'enfonça à son tour dans les Clémences.

L'intégralité des lieux était de pierre, de roc et autres minerais. Bâti dans la falaise, le temple s'imprégnait de la simplicité et de la sobriété de ceux qui l'avait creusé ainsi que de leur acharnement à vouloir rendre, d'un travail titanesque, une œuvre d'art. Si le moblier manquait à l'appel – à peine quelques chaises rustres, et des tapis miteux et poussiéreux – les murs étaient magistralement sculptés de fresques, d'écrits et de légendes...

Seulement éclairée par une multitude de torche, l'imposante pièce principale trônait, silencieuse, parmi les autres annexes, bien plus petites. Des colonnes similaires à celles de l'entrée soutenaient le plafond aux airs de cathédrales, et l'on pouvait en dénombrer au total douze. Des cavités assez larges aux détours des murs laissaient supposer le passage aux autres pièces et couloirs du sanctuaire.

« Pas mal pour des pseudos moines, admira Ludmilla. Ça manque un petit peu de déco... »

« Vous avez donc réussi à rentrer... » déplora une vieille voix à la gauche des nouveaux arrivants.

D'un des renfoncements muraux, sorti un homme à l'habit monacal, aux détails près qu'il était vêtu de blanc et portait de longs cheveux grisonnants en harmonie avec sa barbe tressée.

« Oh le cliché ! souffla la diablesse, à moitié amusée et consternée. Et après vous vous en étonnez... Faut plus vous plaindre ! »

« Ce que vous cherchez n'est pas ici, vils enténébrés ! » reprit le vieillard.

Il se rapprocha de Gaïl, les mains jointes cachées dans ses larges manches. L'enténébré put sentir émaner de lui une aura bien différente de celle dégagée par les lapis lazulis. Ni neutre, ni puissante, l'aura du vieil homme néanmoins le crispait et il dût serrer les poings pour se recentrer : une profonde et ancestrale magie blanche le déstabilisait et le faisait suffoquer intérieurement.

« En voilà des façons d'accueillir ses hôtes... » lâcha froidement Gaïl.

« Vous n'êtes pas les bienvenus ici ! »

« Oui, oui, oui... Vils n'auront qu'avertissements, tout ça, tout ça... » se moqua le jeune homme. »

« Je vous somme de partir ! Les Clémences ne sont point bienveillantes pour des êtres comme vous ! »

« Oui, rassurez-vous, nous avons très peur... » compléta Ludmilla.

« Plus vite vous nous répondrez, plus vite nous serons partis ! » résonna Gaïl.

Le vieux sage s'avança encore plus près et fixa intensément Gaïl, sondant ses yeux, miroir de son cœur.

« Je n'ai pas peut-être pas votre magie, aussi abjecte soit-elle, mais je vois que vos recherches sont vaines. Et ce, depuis de longs jours... Ce que vous cherchez n'est pas ici ! Et jamais vous ne le trouverez avec ce qui coule dans vos veines et qui demeure dans votre âme... »

« Je sais très pertinemment que ce que je convoite n'est pas ici ! Si c'était le cas, il n'aurait certainement pas comme simple gardien, un vieillard bancal sans protection magique. » répondit Gaïl, déversant son venin dans ce flot de parole.

« C'est vous qui le dites, jeune homme ! contre-attaqua le sage, préparant son offensive. A mon tour de vous dire ce que je sais... Je n'ai peut-être pas de protection magique, mais je sais tout autant que vous que ma présence et mon aura vous dérangent, au point d'avoir l'impression d'étouffer en ces murs, malgré vos tentatives pour masquer votre malaise. Je sais aussi que vous ignorez pleinement pourquoi vous n'arrivez pas à trouver l'objet de vos désirs. Je sais également que vous êtes venus ici dans l'optique d'avoir une réponse, non sur sa position, mais sur votre incapacité à le dénicher. Et je sais encore plus pourquoi vous le souhaitez vraiment ! »

Gaïl bouillonnait intérieurement. Les paroles du vieil homme l'agaçaient à tel point qu'il ne put se contenir plus longtemps et envoya une sévère décharge énergétique sur le vieillard. Ce dernier valsa à l'autre bout de la pièce principale et s'écroula lourdement sur le sol jonché de tapis usés. L'enténébré parcourut la salle lentement, rejoignant celui qui lui avait fait affront. Se redressant avec peine, il murmura :

« Votre magie ne peut rien contre moi, vil consumé ! »

Gaïl s'accroupit à sa hauteur et lui souffla tyranniquement ces quelques mots :

« Pour l'instant... c'est ce que tu crois ! »

Profilant un début de sourire, le sage des Clémences clôtura l'échange avec Gaïl :

« Tu ne trouveras jamais le Stramonium avec ce qui habite dans les méandres de tes pensées ! Seul l'Homme au cœur pur et à l'âme blanche peut toucher ce joyau des dieux et encore mieux, le trouver ! Tes Ténèbres ne te serviront à rien... Mais elles jaillissent au plus profond de toi... »

Le vieil homme, affaibli par le choc de se chute, esquissa un rire confondu dans un râle de douleur. Contrarié, Gaïl se releva et se précipita vers la sortie, fuyant cette cathédrale de pierre pour respirer l'air frais et glacial du blizzard. Avant de quitter définitivement les lieux, il marmonna :

« Ma magie ne peut rien contre toi...? »

Et d'un mouvement du poignet, il tronqua la colonne la plus proche du sage. Restant d'un seul bloc, le pilier, qui soutenait parmi les autres le plafond, bascula dans les airs guidé par la magie de Gaïl et s'effondra sur le sol, là où gisait le vieillard. Alors qu'un long cri d'agonie résonnait, Gaïl et Ludmilla sortirent du sanctuaire des Clémences.

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Voilàààààà !!! Alors ? Des avis ? Des scandales ? Des réjouissances ? lol J'veux tout savoir de vos impressions ;)

A votre avis, qu'est ce que le "Stramonium", le joyau que cherche Gaïl ? A quoi peut-il / pourrait-il servir ? Je suis curieux de votre imagination ! ^^

En attendant la suite, je ne promets rien pour la date, merci de me lire, de commenter, de voter même parfois ! Je vous réserve une surprise dans les jours à venir !! ;) ENJOY !

Les Miroirs du Temps - TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant