XXXVIII - La lame du courage (1)

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N.d'A. : Voici un nouveau chapitre. Il sera une fois de plus découpé en quatre parties car il est assez long (un des plus longs même). Sachez aussi que c'est mon chapitre préféré, car il comporte une scène à la fin qui me tient énormément à cœur !
Bref, trêve de blabla, bonne lecture ;) ENJOY !

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Les trois amis focalisèrent leur attention sur le puits. De son embouchure s'échappait une légère fumée noire qui s'étoffa rapidement pour former des volutes de nuages denses et sombres. Une marée de coton s'affolait et bouillonnait vivement comme si la surface du forage cuvait des litres de vapeurs denses.

— Aide-moi...

Le souffle de Gaïl résonnait toujours dans la tête de Luke et ce que le jeune homme voyait s'évaporer du puits le laissait pantois. Elie se retourna pour le dévisager et malgré tous ses soins pour le masquer, elle discerna de l'angoisse sur le visage de Luke. Ces nuages n'avaient évidemment rien de naturel et leur signature ne pouvait être que de Gaïl. Ce fut ce détail qui brisa Luke : l'utopie qu'il se faisait en pensant que son ami luttait contre ses Ténèbres pour qu'on le sauve s'effaçait à mesure que les volutes s'intensifiaient...

Elie et Emma attendait un quelconque aval de Luke pour agir, mais ce dernier restait muet et figé. Cependant, sa léthargie ne dura guère qu'un instant. Alors qu'aucun des trois ne se mouvait pour aller voir de plus près le puits, la matière qui s'extirpait de l'édifice devint élastique et commença à s'attaquer au groupe. Des fils visqueux s'allongeaient et s'épaississaient pour progressivement prendre la forme de ce que l'on pourrait appeler des bras étiolés et difformes. S'agitant dans tous les sens, les membres ainsi apparus balayaient l'air avec anarchie dans l'espoir probable de toucher une cible.

Cette métamorphose irréaliste laissait sans voix les trois amis qui demeuraient à présent cloués sur place, paralysés par la peur. Jamais au grand jamais, ils n'avaient eu un jour à affronter ce genre de phénomène. Par chance, tous étaient trop éloignés pour être à portée de ces bras disproportionnés. Ils se croyaient jusqu'alors à l'abri jusqu'à ce que, surgissant hâtivement du fond du puits, un puissant bras doté d'une main sur-allongée et griffue se saisisse d'une des chevilles d'Elie. Celle-ci, déséquilibrée, chuta lourdement au sol, s'étalant de tout son long et poussant un hurlement aigu.

Après quelques secondes, secouée par le choc, Elie eut la désagréable sensation qu'on voulait la tirer vers l'arrière. En effet, la tension du bras tendu qui lui agrippait la cheville était telle que l'on aurait dit qu'il essayait de ramener Elie vers le puits. Luke et Emma sortirent de leur torpeur pour tenter de délivrer Elie. Mais lorsqu'ils se rapprochèrent suffisamment près d'elle pour l'aider à se relever, de nouveaux bras jaillirent de l'embouchure et les éjectèrent d'un revers puissant.

Au même moment, trois autres viscosités s'emparèrent des jambes d'Elie et l'attraction qu'elle ressentait faiblement auparavant devint bien plus forte. Tractée par quatre bras, étonnamment résistants, Elie commençait à être happée par le puits. Se raccrochant à ce qu'elle pouvait – racines, herbes ou mottes de terre –, elle peinait à résister.

Emma réussit à éviter les balayages des difformités qui s'en prenaient à elle à chacun de ses mouvements et parvint à rattraper les mains d'Elie. Se cramponnant aux poignets d'Emma, Elie souffrait d'être étirée aux deux extrémités de son corps.

— Luke ! cria Emma. L'épée ! Prends l'épée !

Réagissant immédiatement à cette injonction, il contourna au mieux les attaques cycloniques des viscosités aériennes et s'empressa de retirer l'épée du sol. Armé de son courage et du tranchant de cette lame, il brava ses doutes et se fraya un chemin jusqu'aux deux jeunes femmes. D'un coup franc et sans hésitation, il fendit l'air et tailla les attaches aux pieds et jambes d'Elie. Cette dernière, ainsi délivrée de ces entraves, se redressa prestement sans demander son reste.

Tous les trois se regroupèrent, serrés, en espérant que la masse ainsi formée soit plus difficile à attaquer. Mais cela ne ralentît en rien l'acharnement des bras flottant dans les airs. Fort heureusement, l'épée de Luke leur fut d'un grand secours, car à chaque tentative d'approche, le jeune homme tranchait immédiatement les membres à portée d'estoc.

— Qu'est-ce qu'on fait ? Comment on va se sortir de ce pétrin ? gesticula Emma.

— Aucune idée ! répondit Luke.

— Et si on essayait de s'éloigner d'ici ? tenta Elie.

— Parce que tu crois que ces choses vont nous laisser nous barrer tranquille ? se lamenta Emma.

— On peut toujours...

Mais Elie n'eut pas le temps de terminer sa phrase... Une nouvelle mutation s'opérait déjà près du puits. De cette même matière pâteuse émanant de la margelle du forage, de nouveaux corps se formèrent et s'extirpèrent peu à peu du puits devenant libres et indépendants. 


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N.d'A. : Oui, je sais ce que vous allez me dire : c'est pas humain de couper à ce genre de passage... Mais que voulez-vous... Je suis sadique XD
Allez, la bisette ! Et à mercredi pour la suite ;)

Les Miroirs du Temps - TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant