XXXXI - Les doutes de Ludmilla (3)

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N.d'A. : Fin du chapitre 41. Il est possible que vous ne compreniez plus où je veux en venir à la fin de cette lecture. lol
C'est donc que j'ai réussi XD

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Elle prenait un malin-plaisir à détourner les rôles. Pour une fois, c'était elle qui jouait de laconisme et de silences. Mais Gaïl ne se laissa pas pour autant perturbé, décelant la tentative de manipulation de Ludmilla. Renforçant son stoïcisme, il attendait patiemment qu'elle termine son manège cousu de fil blanc.

— Quelque chose que j'ai remarqué depuis que tu as rapporté ton jeune gelé... Et c'est dire, puisque ça ne fait même pas une heure qu'il trône dans ta cave...

Ludmilla tournait autour de Gaïl, d'une démarche aguicheuse et, à vrai dire, peu naturelle. Le jeune homme sentit immédiatement qu'elle avait une idée en tête... Ce revirement de situation ne lui convenait guère. Mais sa clairvoyance était tout à son avantage.

— Vois-tu, depuis que notre invité encombre le sous-sol, je n'ai pas pu m'empêcher de constater que tu ne pouvais détacher ton attention de ce si beau jeune homme tout de glace vêtu...

— Et...?

— Comme si tu y accordais une attention particulière supplémentaire...

— Et... ? répéta Gaïl, las de son petit jeu puéril.

— Toujours rien ? s'étonna Ludmilla, un brin amusé. Alors... ça ne te dérangera pas si je fais cela...?

Et sur ses propos, elle fit apparaitre un long espadon qu'elle put manier d'une aisance consternante d'une seule main. Puis, prenant son élan en un mouvement rotatif, elle planta sa flamberge en plein cœur de la statue. De l'impact de la longue épée, le bloc de glace commença à se fissurer et se craqueler sur toute sa surface. Exerçant un ultime mouvement circulaire du poignet, Ludmilla termina son dessein en brisant en milles morceaux le corps prisonnier du gel de Luke. La jeune femme se retourna fière de son œuvre et guetta la réaction de son double, émoustillée de son coup de maître.

Mais... Elle fut vite déçue et dépitée quand Gaïl, toujours aussi inexpressif, la lorgna d'un pitoyable et consternant :

— C'est bon ? Ça va bien maintenant ?

— Hmm... Il faut croire que je me suis trompée... se dérouta-t-elle, encore coi de cette méprise...

— C'est un messager dont j'ai besoin... pas d'un corps tout entier... Seuls quelques morceaux suffiront, acheva-t-il en se baissant pour récupérer trois fractions de glace qui jonchaient le sol à ses pieds. D'autres envies sans fondement de ce genre à témoigner ?

À la fois vexée et se sentant ridicule, Ludmilla évacua la cave d'un pas pressé et claqua la porte du rez-de-chaussée. Soulagé qu'elle s'en aille enfin, Gaïl patienta un bref instant avant de poursuivre ce qu'il prévoyait de faire.

Prenant soin de couper momentanément les liens qui l'unissaient à Ludmilla, Gaïl nettoya la pièce de toute cette glace qui commençait à fondre à présent que son charme était brisé, puis il se téléporta dans un nuage de fumée bleue.

*     *     *

            Gaïl réapparut dans un endroit dont seul lui connaissait l'existence et la localisation. Tel un antique sanctuaire enseveli sous la terre et creusé dans la roche, ce lieu s'assimilait au havre de paix dont Gaïl avait besoin pour se recentrer. S'aérant les poumons en prenant de volutes inspirations, il ferma les yeux pour s'imprégnait de l'ambiance feutrée et sereine qui régnait à l'intérieur.

            Se pavanant dans cette vaste salle aux allures de mausolée, il errait à droite à gauche en évitant les parterres de fleurs des champs. Insufflant un peu de vie, son passage suffit à faire s'épanouir les quelques pétales fanés et défraîchis.

            Gaïl se dirigeait sans réfléchir dans cet antre particulier. Aucune lumière n'alimentait ce sous-terrain, et pourtant, il était éclairé comme si des rayons diffus de soleil s'immisçaient dans les entrailles de la terre. De petites pointes scintillantes brillaient de façon iridescente au fond d'un recoin que Gaïl s'empressait de rejoindre. Et plus ce dernier se rapprochait de son objectif, plus le sol s'épaississait de fleurs en tout genre.

            Arrivé à l'endroit le plus reculé de cette cavité secrète, il s'agenouilla avec distinction et respect. Ému, il s'inclina révérencieusement. Devant lui se dressait fièrement et intacte une imposante statue de glace. Une sculpture de Luke, la vraie, que Gaïl avait subtilement remplacée d'un tour de passe-passe, avant que Ludmilla n'explose, sans même s'en apercevoir, la pâle copie constituait des puissants reflets de miroir de Gaïl.  Ce dernier avait alors profité du surplus de confiance de la diablesse pour effectuer son énième illusion et protéger son précieux messager. S'adressant ainsi au Luke prisonnier des glaces, il lui murmura sensiblement :

            — Je suis tellement désolé...

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N.d'A. : Voilà pour le chapitre 41. La question maintenant est : « Pourquoi ? » XD
Je vous répondrais bien "parce que", mais le dialogue serait un peu stérile... Alors je vous dis plutôt : Rendez-vous mercredi pour le chapitre 42 ;)
ENJOY !!

Les Miroirs du Temps - TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant