Les Miroirs du Temps - TERMINÉ

Prologue

        La caverne était abrupte et les roches plus qu'acérées. Chaque pas sur l'étroit chemin de la falaise faisait s'écrouler une petite quantité de pierres, glissant dans les profondeurs avec un bruit sordide dans l'abîme sans fond. Une atmosphère oppressante entourait les quatre voyageurs venus se jeter dans la gueule du diable qui les attendait impatiemment depuis longtemps.

Alors que l'on pouvait entendre un pied déraper et glisser du sol, provoquant une nouvelle chute de pierres, une voix troubla le silence :

— On y voit vraiment rien ici, c'est dingue... 

— C'est normal Elie... On n'appellerait pas cette grotte "La Grotte du Diable" sinon !

— Pfff, je vois pas le rapport ! Le Diable vit bien en Enfer, entouré de feu... La grotte aurait très bien pu être éclairée par des torches, ça n'aurait rien changé à son nom...

— C'est ça, comme ça les gentilles créatures errantes dans cet endroit de mes deux nous accueilleraient avec des pics en bois et des chamallows, juste avant de nous décapiter ! Super !

— Vous allez vous taire, oui ? Il n'y aura pas besoin de torches ni chamallows si vous continuez à piaffer ! L'alerte sera donnée toute seule sans qu'ils aient besoin de faire quoi que ce soit... Alors taisez-vous !

Après quelques chuchotements de résignation, la nappe de silence retomba farouchement sur le groupe. La joie n'était plus de mise, les minutes s'écoulaient inlassablement, le groupe se rapprochait de son but.

Peu d'êtres humains avaient connaissance de la Grotte du Diable... Et pour compte, le chemin qui y menait était semé d'embûches en tous genres, et ceux, trop curieux, qui dénichaient des informations en dérangeant ces secrets ne tardaient pas, bien souvent, à disparaitre sans laisser de traces. Toutes vies qui s'immisçaient dans les méandres cachées des Miroirs du Temps prenaient conscience du billet sans retour qui les attendait si jamais elles s'aventuraient plus loin qu'elles n'auraient dû... 

Le silence était toujours plus pesant. Chaque mètre qui rapprochait le groupe des entrailles rocailleuses de la caverne étouffait leur présence de plus en plus. Seuls quelques bruits indescriptibles et effrayants troublaient le néant et faisaient monter la pression au sein des aventuriers, de moins en moins certains d'eux-mêmes. Après une interminable marche, lourde et épuisante, le groupe arriva dans un espace plus large, où les failles et falaises se réduisaient considérablement en des grosses fissures sur le sol. Dénivelé mais apparemment plus sûr, cet espace descendait sous plusieurs paliers toujours plus profondément dans les abimes. 

— Excusez-moi, chuchota Elie, mais cette fois-ci, on n'y voit vraiment plus rien du tout...

— Je crois bien qu'Elie a raison là... Luke, il va falloir sortir les lampes torches. Poursuivre dans le noir complet, même s'il n'y a plus de vide, c'est de la folie !

Le groupe entendit un grognement. Luke était loin d'être satisfait de la situation. Il aurait préféré progresser dans le noir encore plus longtemps. C'était même préférable, on n'est jamais sûr de rien... Mais Elie et Gaïl avaient hélas juste. Surtout Gaïl... Avancer dans la pénombre totale relevait de la folie... Soupirant, Luke chercha à tâton l'ouverture de son sac, l'ouvrit et en sortit trois lampes. Il alluma la première, ses pupilles réagirent violemment à l'apparition soudaine de lumière puis il évalua la situation. Pendant qu'il balayait de sa torche ce nouvel espace, il distribua les autres torches au groupe. Dans un chuchotement à peine audible il s'adressa à ses amis :

— Désolé... Emma, Elie, je n'ai que trois lampes, il faudra se partager les deux autres.

Devant l'absence de réaction, il poursuivit :