XXXVIII - La lame du courage (4)

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N.d'A. : Enfin la fin du chapitre 38. C'est ce passage-ci qui me tient énormément à coeur. Mon passage préféré de tout mes Miroirs ! J'espère que vous comprendrez pourquoi. Bonne lecture !

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Luke émergea de son inconscience tard dans l'après-midi. Le crépuscule commençait à peine à tomber. Ce détail ne lui échappa pas et témoigna de la longueur de son petit coma émotionnel. Affalé de tout son long sur l'herbe et la mousse desséchée, il peina à se relever, toujours éprouvé par ce qu'il venait de subir.

Pris d'un vent panique, il se souvint qu'il avait pris avec lui son téléphone portable. Il pianota machinalement dans son répertoire et lança l'appel.

— Allo ?

Le cœur de Luke se serra et ce dernier poussa un long soupir de soulagement.

— Allo ? répéta la voix à l'autre bout de la ligne.

— Elie... souffla Luke, éteint.

— Oui, Luke ? Qu'est-ce qu'il y a ? répondit-elle, légère.

— Rien... Rien... Je... Je, je voulais juste entendre ta voix...

— Luke, tu es sûr que ça va bien ?

— Oui, oui... la rassura-t-il. Maintenant oui...

Puis il raccrocha, sans donner davantage d'explication. Sans savoir vraiment pourquoi, il éteignit son téléphone et entreprit de rentrer chez lui. Ankylosé et encore meurtri, il sentit son arme à feu à sa ceinture. Étonné de l'avoir ainsi oublié durant le combat, si réel fut-il, il s'inquiéta d'un coup de ne plus apercevoir l'épée qui l'avait aidé à combattre plus tôt dans la journée. Dégoutté de conclure qu'il devait encore s'agir d'une partie du plan de Gaïl, il quitta la zone interdite et dépassa la couronne d'ormes.

Lorsqu'il arriva à l'orée de sa maison, il fut outré de voir qu'une silhouette se reposait sur le rocking-chair de son perron, du côté de son jardin. Une rage bouillonnante l'envahit, mais il sut quand même rester prudent. Il se rapprocha lentement et fut scandalisé d'y trouver Gaïl, paisiblement installé, qui l'attendait. Ravalant un grognement, il s'avança méfiant du responsable de cette journée d'épouvante.

— Rude journée, n'est-ce pas ? prononça Gaïl, en rompant le silence pesant que sa présence provoquée.

— Qu'est-ce que tu fiches ici ? rétorqua Luke, agressif.

— J'avais oublié que tu avais une vue imprenable sur le ciel étoilé de ton perron...

Gaïl lui avait répondu sur un ton presque amical, très déstabilisant. Peu rassuré par ce changement de comportement, Luke glissa sa main vers sa ceinture pour y déloger son arme. Comme si Gaïl l'avait perçu, il l'interrompit dans son geste par ces simples mots :

— Ton arme ne te servira à rien contre moi...

Et comme pour illustrer ses propos, Gaïl fit apparaitre le révolver dans sa paume par sa magie, d'une simple volonté de sa part. Cette réflexion et cette prévention firent tiquer Luke.

— Je te connais... se justifia Gaïl.

— Et moi je ne te reconnais plus... riposta Luke, désolé.

— Je n'ai pourtant pas changé...

— Permets-moi d'en douter. Je viens d'avoir une journée assez éprouvante qui témoigne du contraire...

— C'est ce que tu crois ?

— C'est ce que je vois ! affirma Luke.

Gaïl soupira. Un nouveau silence s'installa entre les deux anciens amis. Gaïl reprit la parole, toujours aussi posé et détendu.

— Tu as toujours eu tendance à ne croire que ce que tu voyais...

— Ça ne m'a jamais trompé, trancha Luke vindicatif.

— Et bien... Je vais te laisser alors...

Gaïl se leva pour partir. Avant qu'il n'utilise sa puissance pour s'éclipser, Luke fut pris d'un remord.

— Gaïl...?

Ainsi apostrophé, il se retourna, retardant son départ.

— Pourquoi tu es venu ?

— Je voulais m'assurer que tu étais en vie... répondit-il simplement.

Ce verdict perturba le jeune homme. Il plissa les yeux, tentant d'interpréter ce que Gaïl avait répliqué sans s'expliciter davantage.

— J'ai encore besoin de toi. Vivant... Pour la suite. Et je voulais voir si tu n'étais pas mort de peur... poursuivit-il alors, tout aussi laconique.

Luke resta silencieux, incapable de faire face à l'intervention de Gaïl. Ce dernier fit un léger demi-tour et lui tourna le dos.

— Bonne nuit, Luke... conclut Gaïl, sur ce même ton, entre bienveillance et amitié, avant de se volatiliser dans un nuage de fumée bleue.

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N.d'A. : Voilà, c'est tout pour ce chapitre 38. Qui étonnamment ne se termine pas sur un cliffhanger. Dingue...
Bref. Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Êtes-vous aussi émus que moi en lisant la fin de cette partie ?
On se retrouve dimanche prochain pour le début du chapitre 39. Et petite mention pour FloraLune : le chapitre 40 arrive bientôt ! ;p

Les Miroirs du Temps - TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant