• Chapitre 3 •

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- PDV Yoongi -

Lorsque le soleil commençait à se coucher et après des embouteillages monstrueux ayant mis ma patience à rude épreuve, je suivis enfin Jimin dans l'appartement sans un mot. Aucune parole n'avait d'ailleurs été échangée depuis qu'il était venu me chercher à la sortie de la séance, une heure plus tôt. Il s'était contenté de me sourire gentiment avant de tranquillement mettre le contact et de s'engager sur la route, ses doigts tapant sur le volant au rythme de la musique.

J'avais plissé les yeux dans un élan de suspicion mais n'avais pas risqué de demander la raison de ce mutisme soudain. Je n'allais pas m'en plaindre, après tout ces instants de calme étaient rares avec lui, et je n'avais vraiment pas la tête à tenir une conversation. Le fait qu'il ne me parle pas m'empêchait de le rembarrer, et nous évitait donc une dispute inutile, lesdites disputes arrivant très fréquemment ces derniers temps.

Je me dirigeai donc directement vers le canapé après avoir retiré mes chaussures et ma veste, et m'y affalai en fermant les yeux, savourant le confort et la douce chaleur de notre appartement.

« - Je commande italien hyung, ça te vas ?

- Hum. »

Ce fut tout ce qui réussit à passer mes lèvres. J'étais fatigué, épuisé de cette journée et de ce rendez-vous qui me revenait en boucle dans mon esprit jusqu'à tout embrouiller.

Je n'osais pas me l'avouer, mais cette psychologue m'avait retourné le cerveau. Avec son visage impassible et son ton neutre, elle m'avait mis mal à l'aise. Tout simplement car le sarcasme, mon arme de prédilection, semblait n'avoir aucun pouvoir sur cette femme.

C'était comme si rien ne l'atteignait. Un robot sans émotions formé uniquement pour son boulot. De ce fait, je ne savais pas ce qu'elle pensait de moi, et je n'aimais pas ça. Au fur et à mesure de cette heure, et même si je me murais dans le silence, elle avait mis le doigt sur des choses de plus en plus sensibles pour moi, et j'avais beau tenter de paraître impassible et de n'en avoir rien à faire, ce n'était absolument pas le cas.

Elle semblait lire en moi comme dans un livre ouvert, alors que j'étais connu pour être quelqu'un d'impénétrable sur le plan émotionnel. Mon masque de froideur empêchait les gens de voir ce que je ressentais, et pourtant elle l'avait l'air ne n'avoir eu aucun mal à passer à travers.

Même avec les yeux fermés, je sentais le regard que je doutais être inquiet et compatissant de Jimin sur moi. J'avais deviné qu'il s'était assis à côté sur le canapé lorsque ce dernier s'est affaissé, et je devinais également ses yeux bruns en amandes me dévisager de ce regard que je détestais tant. Celui empreint de pitié qu'utilisaient souvent mes proches. Je n'avais pas besoin de leur pitié, je n'aimais pas me sentir différent, et c'était exactement la sensation que ça me procurait.

Je me levai donc brusquement et me dirigeai vers la chambre, signalant vaguement à mon ami que je ne mangerais pas ce soir car je n'avais pas faim. Je n'entendis aucune réponse construite, et tout ce qui atteignit mes oreilles fut un soupir que je déduis comme étant de l'épuisement.

––––

Je m'empressai de fermer la portière de ma voiture et de m'éloigner le plus vite possible après l'avoir verrouillée, de peur de changer d'avis et de retourner me cloîtrer dans mon appart'.

Honnêtement, je ne savais même pas ce que je faisais là, rentrant dans ce foutu bâtiment.

Je savais juste que je n'avais pas arrêté de penser à cette séance de psy où je n'avais pourtant pas ouvert la bouche. Soit disant cela m'avait été bénéfique, mais je me suis senti encore plus mal que d'habitude. J'avais l'impression que les regards étaient plus pesants, que mon corps était encore plus difforme, ma peau plus translucide et mon teint plus maladif. Il me semblait qu'on lisait en moi si facilement malgré mes efforts depuis ce fameux rendez-vous et ça me rendait dingue.

Body complex [Min Yoongi - BTS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant