• Chapitre 11 •

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- PDV Yoongi -

Je m'engouffrai lentement dans mon appartement en refermant la porte avec les mains tremblantes. J'avais été comme ça tout le trajet, dans un état second, mes yeux refusant de capter la route et le souffle court. J'avais failli écraser une femme et son enfant alors que je ne m'étais pas arrêté au feu rouge, et j'avais manqué de foncer dans un lampadaire en tournant trop tard.

Enfin dans le confort de mon chez-moi, me sentant finalement en sécurité, je m'écroulai au sol dos contre la porte, rejetant ma tête en arrière pour qu'elle repose sur celle-ci.

Je l'avais fait. J'avais enfin dit à voix haute ce que je ressentais. C'était tellement trop pour moi d'un seul coup que ça m'avait presque vidé de mes forces. J'avais l'impression d'avoir couru un marathon, et de ne pas avoir dormi depuis dix jours. Mais d'un autre côté c'était cette fatigue plaisante, celle qui prouvait qu'on avait fait un effort considérable, celle qui rendait fier.

Seulement, en sortant du cabinet, le temps de traverser la rue pour retrouver ma voiture, je ne m'étais pas senti bien. J'étais mal à l'aise, cible de tous les regards des nombreux passants qui semblaient me transpercer, m'étouffer ; je me sentais bien trop exposé après avoir annoncé un truc pareil. Comme si on avait ouvert une plaie béante au milieu de mon estomac, et qu'on me lâchait ensuite ainsi dans la nature.

Je passai ma main encore un peu tremblante dans mes cheveux ébènes, tentant de reprendre ma respiration. Yerin, enfin, mademoiselle Im, m'avait prévenu que je risquais de me sentir faible, car j'avais libéré une bonne partie de ce que je retenais au fond de moi, ce que je n'osais avouer et qui me rendait la vie impossible.

Elle m'a longuement expliqué en quoi consistait la phobie que je possédais. Car oui, c'était une phobie, non une maladie. Certains pouvaient trouver que c'était globalement la même chose, mais pour moi c'était important de distinguer les deux. Car dans mon cerveau, maladie mentale signifiait folie, et j'étais parfaitement sain d'esprit à ce niveau là. De plus, toujours à mes yeux, la phobie semblait plus simple à combattre que la maladie, sans traitement à l'aide de cachets ou je ne savais quoi encore.

Sûrement alerté par le bruit que j'eus fait lorsque mon corps avait heurté le sol, Jimin arriva en trombe dans l'entrée, à moitié habillé et ses cheveux trempés dégoulinant d'eau sur le parquet. Il jeta un regard paniqué autour de lui, avant de baisser les yeux et de les poser sur mon corps faible avachi contre la porte. Le blond laissa échapper un hoquet, de surprise ou de peur, je ne saurais dire, et se précipita à mon niveau, avant de prendre mon visage en coupe.

« - Hyung ?! Bon dieu, hyung !! »

Je ne répondis rien, à demi-réveillé, les yeux entre-ouverts. Ma respiration s'était enfin stabilisée, à l'inverse de la sienne qui se faisait plus saccadée au fur et à mesure que le temps passait.

« - Yoongi hyung ! Reprit il, tapotant ma joue. Ça va ?! Réponds moi bon sang !

- Ça va Chim, t'inquiète... Le rassurai-je, la voix lointaine. Mais j'ai plus aucune force...

- Viens, je t'amène au lit. »

Tel un enfant, je tendis mollement mes bras en sa direction, et il passa un bras dans mon dos ainsi qu'un sous mes cuisses. Puis, dans un grognement, il me souleva du sol et j'enroulai mes jambes autour de lui sans grande conviction.

« - T'as de la chance de pas être lourd, hein. Par contre n'y prends pas goût, hors de question que je te porte tous les soirs quand t'as la flemme de te lever du canapé.

Body complex [Min Yoongi - BTS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant