Body complex [Min Yoongi - BTS]

• Chapitre 2 •

- PDV Yerin -

La séance touchait bientôt à sa fin, et c'était certainement la plus longue et traînante de toute ma -petite- carrière. Ce patient était à s'en taper la tête contre la première surface plane qui passait par là.

Comme je m'en doutais, Min Yoongi n'avait pas ouvert la bouche, fermé comme une huître, les bras croisés sur sa poitrine comme s'il me reprochait tous les malheurs du monde -et je pense que c'était bien ce qu'il faisait, dans son esprit-. Et mine de rien, une heure à parler à un mur qui envoie des regards aussi chaleureux qu'un iceberg, c'est long.

Cette heure n'était pas cependant totalement vaine, car s'il ne parlait pas, son corps le faisait pour lui. De temps à autres, ses muscles se raidissaient et sa mâchoire se contractait. Imperceptiblement, mais n'échappant pas à mon regard formé pour justement voir ce genre de légers détails. Puis ses yeux fuyaient les miens quelques petites secondes et il se raclait la gorge, avant de répliquer sarcastiquement, voire crûment. Je savais alors un peu plus à chaque fois ce qui le gênait, et je me rapprochais de la source du problème.

Sa carapace était immense, solide comme du roc et me semblait pour l'instant inatteignable. Il me faudrait un nombre assez conséquent de séances pour ne serait-ce que la fissurer. Malheureusement, je doutais qu'il renouvelle l'expérience. Son ami que j'avais eu au téléphone il y a trois jours de cela m'avait prévenu : il l'avait forcé et trompé pour venir ici, et il ne portait pas les psychologues dans son cœur, loin de là.

« - Et bien, je suppose que cela va clore la séance. » Terminai-je face à son énième silence.

Mon patient se tourna, jeta un œil à l'horloge dont la grande aiguille venait d'annoncer dix-huit heures et souffla de soulagement. Il se leva, remit son jean en place en le lissant et passa sa main dans ses cheveux corbeaux.

Je me dirigeai vers mon bureau, et, me penchant par dessus mon agenda, posai la question même si je connaissais d'ores et déjà la réponse. Mais, malheureusement, si je n'adoptais pas la même technique que ce Park Jimin en le forçant, le noiraud continuera sa descente dans le mal-être. Et ça, il en était hors de question.

« - Vous avez réfléchi à la prochaine date ? »

Il eu un petit rire sans joie, puis me lança un regard glacial, encore plus que ceux dont il avait usé depuis qu'il était entré.

« - Je pensais que vous auriez compris que je ne comptais pas revenir.

- C'est dommage. Je posai mes lunettes pour me frotter la paupière dans un élan de fatigue. Hors de question d'abandonner maintenant. Vous ne vous en rendez pas compte, mais vous en avez besoin. Rien que cette séance à déjà été bénéfique.

- Désolé, j'ai pas trois cent balles à claquer dans un truc que je considère inutile. Sans vouloir vous offenser, bien sûr. »

Je restai, à l'extérieur, de marbre face à sa dernière phrase profondément ironique, mais soupirai intérieurement.

« - Je vous laisse tout de même le temps de réfléchir. Il ouvrit la bouche mais je repris tout de suite. Je marque votre nom vendredi à quinze heures. Vous n'êtes pas obligé de venir. Je veux juste que vous y pensiez. »

Il me toisa un instant, puis tapa dans ses mains, signe de son départ.

« - Ravi de vous avoir rencontré, mademoiselle Im. Au revoir. »