5

32 8 6
                                    

13h46.

Je revis le même scénario que ce matin, mais sans Ray. Tout est plus morne depuis son départ. Je n'ai plus goût à la vie. Plus goût à rien.
Je n'ai pas mangé ce midi. Mon dernier repas à l'Internat aurait été soldé de vomissements interminables.

Le camion jaune cahote sur la route de l'Internat, non entretenue depuis des années.
Je suis écoeuré par la couleur jaune du véhicule, mais j'apprécie le confort des sièges en cuir.
Le trajet dure une éternité. Il est 14h53 quand je sors du fourgon. Les hommes en jaune s'activent sans relâche autour de moi, mais je n'y pense même plus. Je me sens coupé du monde extérieur. Que je le passe ce foutu test ! J'en ai marre d'attendre. J'en ai marre de tout. Alors finissons-en.

Environ une heure plus tard, on m'annonce que je vais enfin passer le Test de Compétences, aussi appelé TC.
On m'emmène dans un labyrinthe de couloirs pour passer le fameux TC, quand, enfin, j'entre dans une pièce plongée dans l'obscurité. J'ai l'ordre de rester au centre de la salle durant le temps de l'installation du test.

La porte se referme brusquement derrière moi, coupant la dernière source lumineuse de la pièce. Quelques secondes plus tard, des néons installés au plafond s'allument et je suis ébloui par une lumière blanche aveuglante.
Je prends alors connaissance de la pièce, une salle carrée entièrement blanche, excepté un mur où se situe un écran noir, recouvrant presque la totalité de la surface. Je fais le tour de la pièce, cherchant des indices sur la suite du test, mais en vain. Je décide donc de m'intéresser à l'écran, seule curiosité de l'endroit où je me trouve. 

Je l'effleurai à peine, quand il s'alluma soudainement et qu'une voix métallique féminine retentit : "Mark Stivsky ?". Je reculai de quelques pas, afin de voir la totalité de l'écran. On pouvait y voir une femme, en blouse d'infirmière, tenant dans ses bras un bloc-notes. "Bonjour, Mark", reprit la femme, "Tu es ici pour passer ton Test de Compétences, aussi appelé TC. Tu seras évalué sur plusieurs catégories : les compétences physiques, les compétences d'intelligence et les compétences sensorielles. Nous allons donc te faire passer une série d'épreuves, et prendre en note tes réactions. Tu recevras à la fin un score, qui décidera de l'issue du test. Tu as bien compris ?" . Je répondis un "Oui", assez clair, qui semblait avoir été entendu par la femme. "Très bien, commençons.". 

A ces mots, le mur situé à gauche de l'écran se parsema d'appuis destinés à une escalade. Étrangement, il semblait beaucoup plus haut que quand je l'avais vu la première fois. La femme continua ses explications : "Cette épreuve sera l'épreuve physique. Tu devras escalader ce mur jusqu'à son sommet, et chercher ensuite un bouton rouge. Une fois que tu l'auras trouvé, tu seras redescendu par un drone, et tu pourras ainsi continuer le test. Tu as une heure pour réussir l'épreuve. Si le temps s'écoule avant que tu aies fini l'épreuve, tu auras échoué, de même si tu tombes du mur. Commençons donc !". 

Une fois la tirade de la femme terminée, l'image s'effaça sur l'écran pour laisser place à un compte à rebours rouge, affichant clairement les chiffres 1:00:00. Je les fixai, jusqu'à ce qu'ils se changent en 00:59:59, puis 00:59:58. Je compris alors que l'épreuve avait commencé.

Je n'ai pas vraiment l'habitude d'escalader, mais je montais souvent aux arbres, quand j'étais plus jeune. Même si je sais que je ne vais pas réussir le test, je décide de prendre mon courage à deux mains et de montet le mur. C'est ma seule chance de revoir Ray.

Les premières prises sont faciles. Je sais que je n'ai pas le droit de tomber, sous peine d'échouer.
Je monte, quand ma jambe glisse et je me retrouve accroché seulement avec mes mains à deux prises plutôt hautes. Je réussis à me rétablir après un effort considérable. Un bref coup d'oeil à l'écran m'indique qu'il me reste 43 minutes et 25 secondes.
C'est assez large pour ce qu'il me reste à monter, je décide alors de me reposer. Deux minutes plus tard, je recommence à grimper. Les prises commencent à être de plus en plus espacées et compliquées d'accès.
J'arrive à environ la moitié du mur, quand la fatigue commence à se faire sentir. J'ai également mal aux bras, et monter me demande de plus en plus d'efforts. Mais je sais que je dois continuer. Pour Ray.

Il me reste 29 minutes et 54 secondes. Le dernier tiers du mur sera le plus difficile. Je m'agrippe de prise en prise, tirant sur mes bras pour effectuer l'ultime effort.
Plus que 15 minutes. C'est trop court pour la hauteur qu'il me reste à monter. Je prends une grande inspiration, et me prépare à grimper.
Mes bras me font de plus en plus mal, et je suis essoufflé. Je monte, je monte, sans cesse. Le mur blanc défile sous mes yeux.
Je distingue le bouton ! Son rouge se détache du blanc du mur. Je redouble d'efforts pour atteindre la fin de l'épreuve.
Encore deux minutes. Je peux y arriver. Je monte, je ne sens plus mes bras. Je tends ma main pour toucher le bouton qui marquerait le succès de l'épreuve, je le touche... mais ma jambe glisse et je reçois une onde de douleur dans le bras qui se tient au mur. Je vais lâcher je le sens... quand la force du désespoir m'empoigne et, dans un dernier effort, je saute et appuie de toutes mes forces sur le tant espéré bouton... mais c'est trop tard.
La voix de la femme retentit et annonce la phrase que je n'aurais jamais voulu entendre.

"Temps écoulé !"


Compétences Où les histoires vivent. Découvrez maintenant