Je me levai d'un bond et je descendi à toute vitesse prendre le petit déjeuner. Irevania était en train de faire sauter ses crêpes quand je déboulai comme une gamine dans la cuisine. Elle se retourna.
"Bonjour ma chérie. Que puis-je pour toi ?
- est ce que je peux vous aider à faire les crêpes ?
- bien sûr ! Je devais passer un coup de serpillère par là."
Je pris alors le relais pour les crêpes et Irevania alla chercher son seau. Elle commança à chanter pendant qu'elle passais la serpillère. Elle chanta un chant que je reconnu grâce à mes années dans un coeur gospel (oui, oui. J'ai fait du gospel. Je n'étais pas douée mais bon...), alors je repris le refrain avec elle et nous chantâmes plusieurs quantiques. Nous étions en train de finir "Freedom" elle en utilisant son balais comme micro et moi la brosse à vaisselle, quand Iwan entra dans la cuisine avec une tête de déterré.
"Mais qu'est ce qui vous prends à crier comme ça ?...
- oh mais ne sois pas grognon comme ça, dit Irevania."
Il s'assit à table et se servit une tasse de café qu'il but tranquillement. Avec Irevania, nous nous lançâmes un regard puis nous éclatâmes de rire. Je finis de ranger la vaisselle et elle rangea le seau. Nous mangeâmes notre déjeuner. Soudain quelqu'un frappa à la porte.
"J'arrive j'arrive !" Cria Grand-Mère.
Iwan me sourit et pris ma main. Nous entendîmes d'un coup Irevania crier depuis l'entrée.
"NON ! Nous ne voulons pas de vous ici ! Reculez et partez ! Prenez votre énergie avec vous et allez vous en ! Laissez cette pauvre petite tranquille !"
Elle claqua la porte et revint. Elle me tendis une carte. Une reine de pique...
"C'était qui, demanda Iwan.
- une créature de l'ombre qui en a après toi, petite. Un Loas inférieur."
Nous finîmes de manger en silence. Irevania me demanda les cartes. J'allai les chercher et les lui donnai. Iwan m'emmena dans le champ de maïs.
Nous marchâmes un moment, main dans la main, épaule contre épaule sous le soleil de matinée. Les épis étaient assez haut, mais nous arrivions à voir par dessus.
*tout est naturel ici. Aucun aditif. ça fait plaisir*
Au bout d'un moment, nous rencontrâme un vieil homme, noir lui aussi qui transportait une brouette de maïs.
"Oh bonjour grand père. Je te présente
- ouais ta petite copine, je sais. Salut vous deux. Excusez moi, j'ai du travail."
Habillé d'une salopette en jeans avec un t-shirt blanc dessous, les cheveux blancs et le visage fatigué.
"Il a changé... Depuis la mort de maman et de ma soeur, il est distant et fatigué."
Nous continuâmes à marcher et nous sortîmes du champs de maïs. Nous nous retrouvâmes sur un chemin entre deux champs. Nous voyions la maison d'un côté et le chemin sans fin de l'autre. Nous retournâmes à la maison, discutant de ce que nous allions faire pendant ces deux semaines. Nous allions aller nous promener en ville, visiter les cimetières et écouter des gospels. Nous décidâmes de rester dans les vieux quartiers, beaucoup plus poétiques.nous rentrâmes à la maison et Irevania m'appela.
"J'ai regardé tes cartes. Elles ont une énergie très noire. Je crois qu'un loas te veut du mal.
- et qu'est ce que ça veut dire ?
- ça veut dire fais gaffe à tes fesses et surveille tes alentours. Je vais t'apprendre à reconnaître un loas, parce que d'après ce que tu m'as dit, tu vois les esprits, comme moi. Tu as le don, ça se sent de loin pour qui connaît. Je ne pratique que la magie blanche. Donc le vaudou, je l'utilise à des fins bénéfiques, mais il faut que tu saches qu'il y aussi une mauvaise utilisation du vaudou qui est possible. Je te les apprendrai, mais fait attention. On commence demain. prends des notes.
- d'accord, merci Grand-Mère.
- ah et une dernière chose. Ne traîne pas seule dans le bayou. Ces eaux stagnantes sont aussi dangereuses que les énergies qui traînent dedans. Évidemment qu'il y a aussi du positif, mais ce n'est pas ça qui t'attaquera. Si tu as un problème, prie Mami-Watta, la déesse de l'eau et la protectrice vaudou. Ma chérie ! Serais-tu d'accord d'aller me chercher du maïs et de m'aider à faire le dîner ? Je t'expliquerai la base en cuisinant. On apprend toujours mieux en faisant à manger."
Je sortis alors chercher des maïs et nous commençâmes à faire à manger. Elle m'expliqua ce qu'étaient les Loas, les esprits et le respect avec lequel il faut les traiter. Mine de rien, c'est vachement complexe et il y a beaucoup de règles à respecter. Quand tu veux parler à un esprit, il faut en avoir un très précis en tête et toujours demander à qui tu affaire en cas de réponse pour ne pas se faire piéger. Elle m'expliqua que dans la tradition vaudou, il y a beaucoup de superstition, par exemple le mauvais oeil que tu peux jeter sur quelqu'un en lui voulant du mal ou en prenant chez soi des objets "maudits". Elle, elle n'en a pas peur car elle sait qu' elle est assez puissante et que les esprits n'auraient aucun intérêt à venir la tourmenter.
"Quand tu sortiras, prends un moment seule et ferme les yeux. Détends toi et connecte toi à la nature. Tu verras que le bayou est vivant. Quand tu iras en ville, reste alerte près des cimetières."
Je l'écoutai alors parler tout l'après midi pendant que nous cuisinâmes un bungo avec du riz et du maïs. Je pris beaucoup de notes et je me promis de mettre tout ça sous forme de livre.
*finalement, pas de dîner. Elle a sans doutes oublié*
Une fois le repas prêt, nous appelâmes Iwan et son grand père se joignit à nous. Il resta silencieux tout le repas, regardant dans son assiette. Nous parlâmes de nos activités et je demandai à Grand Mère les choses à visiter.
"Il faut aller en ville. Je vous prête nos vélos.
- super ! Dis-je enthousiaste."
Nous finîmes de manger et après je m'installai sur un banc dans le jardin. L'air était chaud et une légère brise était montée. Comme me l'a dit Irevinia, je fermai les yeux et me laissai porter par le chant du vent.
Les feuilles bruissaient, les grillons chantaient et les chauve souris couinaient. L'eau des étangs clapotaient un peu et les crapauds croassaient.
*un véritable concert !*
Je souris. Sans savoir pourquoi, je repensai à Mathys.
*même si c'était juste un connard sans coeur, il me manque. Si ça se trouve, il n'était pas conscient de ce qu'il était. Peut être qu'il était juste comme moi, possédé par ses démons. ça fait un moment que je ne les ai pas vu d'ailleurs..." En repensant à Mathys, je revis ses beaux yeux verts rieurs et son visage toujours souriant. Une larme roula discrètement sur ma joue. Iwan arriva derrière moi et l'essuya avant que je ne puisse le faire.
"Pourquoi est ce que tu pleures ?
- c'est juste que... Non rien, c'est pas important.
- mais si, vu que tu pleures." Me dit-il au creux de l'oreille.
"C'est juste que Mathys me manque. Au fond, il était comme moi, tourmenté par des démons qui faisaient ce qu'ils voulaient de son corps. Tu as bien vu, j'ai failli te tuer. Eh bien lui c'est pareil. Il a essayé de m'étrangler et...
- quoi ?! Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ?
- quand je suis restée près de lui après sa crise, il a pleuré en s'excusant, il disait que ce n'était pas sa faute, qu'il avait essayé de l'en empêcher."
Une deuxième larme roula. Il l'essuya, s'accroupi derrière moi et passa ses bras autour de moi. Il m'embrassa dans le cou et un long frisson me parcouru. Nous restâmes comme ça un moment à contempler les lucioles qui dansaient dans la nuit tombante.
"Il ne te manque pas à toi ? Demandai-je.
- il nous a trahis. Répondit-il sur un ton tout à fait neutre.
- mais ce n'étais pas de sa faute. Je parle de Mathys, l'humain. Pas de Léandre.
- c'est vrai qu'avoir un pote comme lui, c'était pas de trop."
Il vint s'asseoire à côté de moi et me pris sur ses genoux et il passa sa main dans mes cheveux mi longs. Il me donna un bisou sur la joue et nous restâmes un moment comme ça.
"N'empêche que ton rêve t'as beaucoup changé.
- quel rêve ?
- celui dans le désert.
- ah oui. Mais c'était il y a longtemps.
- oui, mais je me souviens qu'au début tu étais assez distant.
- au début il y avait Mathys, et je ne savais pas ce que tu voulais. Mais maintenant c'est clair. Il sourit et posa sa main sur ma joue, comme pour m'empêcher de tourner la tête. Je regardai ses yeux qui brillaient dans les dernières lueurs du jour.
*maintenant je comprends pourquoi les gens trouvent les couchés de soleil romantiques.*
Je vis dans ses yeux une lueur que j'avais déjà aperçue dans les yeux d'Asmodée. Cette petite étincelle qui m'avait fait si peur. Dans les yeux d'Iwan, elle était magnifique. C'était comme un rayon de soleil à travers un glacier. Je mis ma main sur sa joue et il baissa ses yeux sur mes lèvres. Il se raprocha lentement et m'embrassa. Doucement d'abord, comme s'il avait peur de m'effrayer suite à ma mésaventure avec l'autre moche, puis il mis ses deux mains sur ma nuque et moi mes bras sur ses épaules, ce qui intensifia le baisa. Il commença à parcourir mon corps avec ses mains et il me serra très fort contre lui.
Du haut du perron, Grand Mère nous regardait avec un sourire mélancolique. Elle se souvenait du temps où elle était comme ça, jeune et insousciante.
*mais cette petite n'est plus insousciante. Elle doit faire face à une calamité*, se dit elle. Elle rentra dans la maison, nous laissant seuls.
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D'un extrême à l'autre
Mystery / ThrillerD'un extrême à l'autre, ballotée entre ses démons et ses sentiments, Elle ne saura plus quoi faire contre cette psychose possessionelle. Sans savoir s'Ils sont réels... Elle pensait le processus enrayé depuis des années... Quelqu'un l'aidera. Homme...