C'est toujours le même cauchemar.
Je marche seule dans une ville en ruine. Le sol est recouvert d'une eau un peu trouble et pas franchement rassurante. Les buildings sont à moitié effondrés et les rues désertes. Je marche inlassablement dans ce monde détruit par l'humanité. Je sais ce qu'il s'est passé ici. Une explosion. Rien de plus, mais une explosion qui a soufflé la vie aussi facilement que le vent souffle les feuilles mortes.
Au bout de deux heures, peut être trois de marche, j'arrive sur une grande place où des gravas sortent de l'eau, pas très profonde. Je m'arrête et regarde à mes pieds. Sous l'eau, posées sur les pavés, il y a des petites pierres rouges très brillantes disposées par deux. On dirait des yeux qui me regardent. Je ne me penche pas pour les ramasser parce que c'est ce que veux mon rêve. Je m'enfuis alors vers les pierres pour me sortir de l'eau.
Alors que je posais mon pied sur le bout de maison, un long hululement se fit entendre. On dirait un animal à l'agonie... Le cri se changea en un hurlement vraiment terrifiant, puis en une litanie glaçante. Comme si une dizaine de vieilles femmes mourante chantait une dernière fois avant de rendre l'âme... Brrrrrr ! Je me dépêchai alors de monter sur le caillou et j'attendis. Normalement ici je trouve une... Voilà ! Je l'ai.
Ici, j'ai caché une longue épée à deux mains (une claymore pour les connaisseurs) sur laquelle j'ai écrit des mots dans une langue que je ne connais même pas. Ce sont ceux qui me venaient à l'esprit lorsque j'ai façonné l'épée et que je l'ai tirée de sa coque métallique. Je la sorti de sa cachette sans aucune difficulté (normalement, une épée comme celle ci doit être maniée par une personne de très forte carrure, car elle sont extrêment lourdes).
À cet instant, un grondement sourd se fit entendre et la surface de l'eau s'est ridée comme la peau d'une vieille pomme. Les petites pierres rouges sont sorties de l'eau et ça a commencé...
*et c'est reparti pour un tour...*
Autours des pierres rouge rubis, des corps sombre se formèrent lentement. Il y a des dizaines de ces créatures qui sortent de l'eau. Des grandes, des petites, des fines, des épaisses, plus ou moins noires, plus ou moins cruelles, mais toutes ont les mêmes yeux rouges, méchants et fous. Je me préparai alors à me battre inlassablement contre eux pendant le reste de la nuit. Parfois je perds et ils m'entraînent au fond de l'eau. dans ces cas là, un personnage entièrement noir vient me tirer de là et, quand je me réveille le matin, on me dit que j'ai mis ma chambre à sac. Quand je gagne, je ne me réveille pas avant une journée tellement je suis épuisée de m'être battu contre moi-même.
Cette fois ci, le rêve est différent. Alors que je me lançai à l'assau des démons, une main se posa sur mon épaule. Je me retournai rapidement et je vis la première infirmière, celle que j'ai trouvée bizarre. Dans ses yeux brillait une lumière différente. Elle n'était pas lointaine comme à l'hôpital, mais farouche, présente et déterminée. Elle ne parla pas, mais je senti qu'elle allait se battre avec moi. Je regardai alors derrière elle, et je vis toutes les infirmières robotiques de l'hôpital se tenir immobiles, armées et prêtes à se battre avec moi. Cela me fis un choc, car je ne suis pas habituée à affronter cette armée des ténèbres avec d'autres personnes, mais en même temps, ça m'a fait très plaisir de ne pas me battre seule. Les femmes sont armées soit de sabres, de masses d'armes pour les plus corpulentes, de fléau d'arme, de morgenstern (étoile du matin), de katanas, de lances, de chaînes cloutées, de rapières, d'épées courtes, bâtardes ou à deux mains, de haches, de couteaux à lancer et, sur toutes les armes, je vis des inscriptions runiques pareilles que sur ma claymore. Je suis fière d'être là et, pour une fois, je n'ai pas peur de ces choses.
Alors, avec un cri rauque et menaçant, je me jetai en avant, entraînant une armée redoutables de femmes guerrières derrière moi. Arrivée dans l'eau stagnante, je commençai à faire des moulinets pour tenir les esprits malveillants à l'écart. Quand j'eu pris un rythme, je me lançai dans la bataille, mon épée à deux mains tourbillonnant autour de moi, tranchant, coupant, sectionnant avec violence et efficacité les démons qui se dissipaient avec un cris suraigu affreux. Je me batti corps et âme en même temps que les infirmières qui déferlèrent sur l'armée noire comme une vague purificatrice et vengeresse. Je ne vis pas grand chose de leur combat, mais je senti plusieurs fois le moral et la détermination de mes démons faiblir. Malgré tout, ils tinrent bon. La réfléxion de l'attaque laissa place à l'automatisme des mouvements. Je ne réfléchis plus comment et où frapper, mes mains dansèrent toutes seules. J'entendi les cris enragés des démons se mêler à celui sauvage des femmes soldats s'éloigner tranquillement, l'odeur du sang et de la pourriture qui caractérise les chevaliers du chaos se fit très présente dans l'air à mesure que nous creusons vers le centre, je ne vois quasiment plus rien hormis les éclairs rouges et noirs de sang et de "chaire" à chaque fois que mon épée touche sa cible, dans ma bouche, un léger goût de sang. Je sens couler sur moi un jus immonde et nauséabond qui s'échappe des démons abbattus. Je ferme les yeux et laisse mon corps agir de lui même.
Nous progressons rapidement vers le centre, là où les chevaliers succèdent aux simples soldats. Ils prennent plus de temps à vaincre car ils sont plus puissants. Je crains pour la santé mentale des infirmières qui se battent, car elles risquent de se faire "tuer" dans ce rêve. Après, elles risquent de devenir comme moi.
"Eh ! Attends une minute. C'est comme ça que tu es devenue ce que tu es maintenant ! Tu t'es battue pour quelqu'un, mais tu as été "tuée" !"
Ce n'était pas vraiment le moment de penser à ça. Déconcentrée, j'ai laissé ma garde ouverte trop longtemps et un coup de bâtarde à passé. Une vive douleur de l'épaule à la hanche... Merde. Heureusement que ma cuirasse fut là. Sinon, j'aurais pu ramasser mes vicères dans l'eau. Un liquide chaud coule de tout mon côté gauche. Soudain, je me rends compte que je n'ai plus aucune résistance sous ma claymore. Je m'arrête, et regarde autours de moi. Les démons ne sont plus qu'un liquide noir flottant sur l'eau, les infirmières sont immobiles et regardent dans ma direction avec de la crainte dans le regard. Je me retourne et je le vis. Je compris à ce moment là pourquoi j'étais comme ça...Un chevalier du chaos me fait face, un rictus malsain aux lèvres. Il n'est pas comme les autres. Il est "humain". Enfin... C'était un humain. Il est immobile à 6 mètres de moi, sa lame dégoulinante de mon sang. Je regardai en vitesse derrière moi, mais les infirmières avaient disparu. Je fis face au chevalier du chaos et le détaillai.
Grand, les cheveux noirs, les yeux d'un vert éclatant, un superbe visage, un sourire effrayant, un harnois doré luisant, un écu frappé d'un soleil à la main gauche et une épée bâtarde dorée également é la main droite. Il me fixa dans les yeux un long moment, sa cape blanche flottant dans le vent qui venait de se lever.
*quel dommage de faire du mal à un homme aussi beau* me dis-je alors que je levai ma garde.
Il fit de même et me lança un "approche ma chérie" de sa voix grave et profonde.
Je lui fonçai dessus avec un cri de rage et essayai de le frapper avec un fendant à gauche, puis un revers de droite en recommençant des moulinets toujours plus rapides, plus techniques et plus harmonieux. Il para les deux coups sans difficultés et essaya de passer ma garde. Son épée fut touchée par la mienne qui s'arrêta nette.
*merde c'est quoi ça encore !*
En effet, je comptais lui arracher son épée avec cette technique, mais il l'arrêta sans difficulté. Pourtant, mes mouvements étaient extrêmement rapides et avaient gagné en puissance. Je restai abasourdie pendant 10 secondes, reprenant mon souffle. C'est lui qui attaqua le premier. Je parai son tranchant de droite, mais pas son revers, trop rapide pour moi. Je suis fatiguée. l'ivresse de la bataille avait comblé un petit peu pour les démons inférieurs, mais pas contre lui. Sa lame s'enfonça dans mon côté gauche et s'arrêta contre la cuirasse. Je fermai les yeux, me mordi la langue pour ne pas crier. Je ne vais tout de même pas lui faire ce plaisir ?
Je l'attaquai à nouveau et nous lutâmes dans le fracas des épées pendant 5 bonnes minutes avant que nous ne nous éloignâmes l'un de l'autre pour reprendre son souffle, les mains sur les genoux. Il se redressa en premier, me fit un clin d'oeil moqueurs, toujours avec son sourire qui s'était maintenant élargis.
*putain il est sérieux ! Espèce de tordu !*
Avant que je ne comprenne, il fonça vers moi avec une rapidité déconcertante pour quelqu'un en harnois complet. Je levai ma garde mais il fut à côté de moi trop tôt. Il me donna un coup monstrueux avec le pomeau de son épée juste sur la tempe. Je perdis aussitôt connaissance. Ma denière vision était une personne qui m'attrapa par le col pour me sortir de l'eau, puis ce fut le noir.
VOUS LISEZ
D'un extrême à l'autre
Mystère / ThrillerD'un extrême à l'autre, ballotée entre ses démons et ses sentiments, Elle ne saura plus quoi faire contre cette psychose possessionelle. Sans savoir s'Ils sont réels... Elle pensait le processus enrayé depuis des années... Quelqu'un l'aidera. Homme...