Chapitre 7 : Hôpital

143 13 8
                                    


Je sonne chez Noah. Hélène, sa maman, vient m'ouvrir la porte, en affichant ce trait familial qu'est leur sourire. 

-Oh ! Bonjour Nymphéa, comment vas-tu ? Entre, je t'en prie, Noah est dans sa chambre.  

-Ça va super, merci, dis-je en lui rendant son sourire. Oui, il faut absolument que je voie Noah ! 

Je pénètre dans l'appartement, où une bonne odeur de jasmin flotte en l'air. Je me dirige directement dans la chambre de Noah, et toque doucement à la porte. Il m'ouvre peu de temps après, tous sourires, le téléphone collé à l'oreille. 

-Allez, je te laisse.

Il raccroche, doucement, les yeux rieurs et l'humeur rayonnante.

-Salut Nymphéa, alors, quoi de neuf ? 

Je me faufile dans sa chambre et m'assois sur la chaise roulante. Je me met à tourner follement, comme à mon habitude lorsque je m'assois là. Je m'arrête et regarde Noah l'air joueur : 

- « Je viens de faire le tour du monde en restant sur ce siège » récitons- nous gaiement en cœur. Cette phrase est restée, certainement depuis la première fois où j'ai tourné sur ce siège.

Je me lève en riant et dis :

-Et bien, oui il y a du nouveau du côté de Louis. 

Je vois son regard s'assombrir durant l'ombre d'un instant. Il recommence à pianoter sur son bras gauche.

-Ça va ? Demandai-je.

Puis l'air de rien, il détache la main de son bras et sourit :

-Oui, j'ai toutes les raisons d'aller bien ! 

-Ce sont les yeux qui sourient, Noah, pas la bouche dis-je,
lui glissant un regard malin.

-Oh, Nymphéa, allez racontes-moi ce que je dois savoir, répond-il, en balayant mes paroles d'un geste vif.

Alors je commence mon récit en haussant les épaules. Je lui raconte ma communication téléphonique avec la femme, je lui raconte sa voix en détresse et l'accident de Mia. Et il m'écoute patiemment jusqu'à la fin, le visage serein malgré ce qu'il entend. 

-Waow..souffle-il, les yeux inquiets, le front barré d'un pli soucieux.

-Je veux aller à l'hôpital, cet après-midi, avec Alice. Tu viens avec nous ?

Il me regarde un instant, l'air pensif, et j'aperçois dans ses yeux une lueur craintive.

-Tu crois vraiment que c'est une bonne idée, d'aller là-bas ? Cette histoire d'accident est privée et puis, te souviens-tu comment Louis à réagit la dernière fois ?

-Noah, on ne peut pas se dérober maintenant dis-je, ils on besoin d'aide !

-Tu n'en sais rien, répond Noah le visage légèrement fermé, peut-être qu'ils n'ont pas envie que l'on interviennent dans leur vie !

-Écoutes, il est hors de question que je laisse un garçon tenter de se suicider une seconde fois alors que je peux l'en empêcher !

-Mais nous n'avons pas besoin d'aller voir Mia pour cela !

-Si. J'en suis certaine. Je commence à me lever, quelques peu agacée par le changement d'attitude de Noah. Si tu ne veux pas venir, je ne t'en veux pas, mais Alice et moi y allons, continuai-je.

Je me dirige vers la porte, et me retourne pour lui dire au revoir.

Mais il soupire, se lève et dit en souriant légèrement :

-Attends, Nymphéa, je viens.





Le vent soufflait violemment dans nos cheveux, nous poussant à rebrousser le chemin. Comme si nous étions allés trop loin cette fois ci.
Noah, Alice et moi sommes devant le CHU, observant chaque fenêtre en se demandant si c'est réellement une bonne idée. Une bonne idée que d'aller rendre visite à une fille qui nous est inconnue, dont on ne connaît que le nom, le frère et .. L'accident. 

Un frisson me parcourt le dos, en repensant à la voix brisée de la femme. A sa tristesse sans limites. 

Mais je lui ai promis de les aider. Et je tiens toujours mes promesses. 

Nous restons encore quelques temps là, sans bouger en scrutant l'hôpital. J'entends Noah, doucement soupirer, l'air triste. 

-Venez, on ne peut pas rester ici durant des heures ! Alice s'exclame en me prenant la main.

Nous nous engouffrons dans l'hôpital, où les murs blancs sensés être pur et rassurant me donnent froid et m'inspirent un sentiment de malaise. Une odeur âcre flotte dans l'air, créant en moi une sorte de nausée. Nous nous arrêtons devant l'accueil où un petit homme de stature frêle, l'air concentré scrutait son ordinateur. 

-Excusez moi, commençai-je.

L'homme se tourne vivement, l'air surpris et nous regarde par dessus ses lunettes. Ses mains s'agitent pendant quelques secondes sur le clavier puis il porte toute son attention sur nous.

-Oui ? Sa voix est chevrotante et sa jambe droite gigote nerveusement. Il a l'air pressé de nous voir partir.

-Nous aimerions rendre visite à Mia Telbac, une amie.

L'homme se tourne à présent complètement vers nous et nous fixe attentivement l'air méfiant.

-Je ne vous ai jamais vu ici. Je vais appeler son frère pour lui demander son autorisation avant de vous laisser passer.

Je sens mon cœur faire un bond. Si Louis nous voit ici, nous sommes fichus. Je sens l'angoisse me tordre l'estomac et le regard inquiet et interrogateur de Noah se poser sur moi.

-Non non, ce n'est pas la peine de déranger Louis, répondit ma sœur, affichant son plus beau sourire, je lui ai demandé d'écrire un mot à votre intention. Alice tendit un petit bout de papier à l'homme, qui nous toisait toujours. Il le saisit et le lu attentivement. Je crus percevoir un bref froncement de sourcil, puis il le rendit à Alice, l'expression neutre.

-Chambre 202, second étage, dit -il froidement. Mais faites attention de ne pas brusquer Mia. Elle est très fragile.

-Bien reçu, merci ! lance Alice en partant vers l'ascenseur.
Lorsque nous sommes hors-portée de l'homme je me jette sur Alice, ô combien admirative de son anticipation.

-Alors là, bravo Alice, joli coup ! lançai-je gaiement.

-Je suis assez fière de moi, je l'avoue, plaisanta-t-elle en riant.

Noah pénètre en premier dans l'ascenseur et appuie sur le bouton deux. Un pli soucieux barre son front. Il reste dans son coin, sans partager notre joie. Je ne comprends pas son attitude. Depuis ce matin, il parait distant, comme s'il était absolument ailleurs, dans sa bulle.

L'ascenseur s'ouvre, nous dévoilant un long couloir bleu ciel, parsemé d'infirmiers et d'infirmières tout de blanc vêtus. Ils courent dans tous les sens. Nous avançons jusqu'à la chambre numéro deux et mon cœur bat la chamade. Noah reste derrière, traînant le pas tandis qu'Alice s'arrête devant la porte une expression de détermination marquée sur son visage. Nous nous arrêtons un instant conscients que Louis est certainement à l'intérieur et que nous n'avons aucun droit d'être ici.

-Il faut trouver un moyen d'éviter..

Mais avant que je puisse terminer ma phrase, la porte s'ouvre derrière moi et je fais volte-face pour tomber nez à nez avec la dernière personne que j'ai
envie de croiser. Ses yeux bleus me transpercent plus profondément que jamais et mon cœur menace d'imploser.
Il nous aura trouvé en premier.

Louis se tient devant moi, la haine pour ombre.

Nos vies brisées Où les histoires vivent. Découvrez maintenant