Chapitre 15 : Qu'est-ce que la bonté ?

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-Ne tombe pas Mia ! Criai-je d'en bas de l'hôpital.
-T'inquiète pas, je sais voler, ria t-elle.
-Ah oui ? Tu es qu'elle sorte d'oiseau ?
-Une mésange voyons !
-Ah oui bien-sûr, suis-je bête.

J'adore nos échanges sans queue ni tête que nous seules pouvons comprendre et qui n'ont de sens qu'à nos yeux. Je connais Mia depuis très peu de temps et pourtant, je sens déjà sa joie de vivre déteindre sur moi. Elle a tout compris à la vie.

Elle glissa sur les fesses jusqu'au rebord du toit, s'apprêtant à descendre. Mais la pente s'arrêtait à environ deux mètre cinquante du sol.

-Alors, mésange, c'est quoi la suite du plan ?
Elle fit une moue pensive, laissant ses jambes pendouiller dans le vide.
-Je saute et tu me rattrape ?
-Tu m'a menti ! Tu ne sais pas voler ! Dis-je sur un ton de faux reproche.
Elle haussa les sourcils en souriant, feignant le dédain.
-Si. Mais je n'ai pas envie de me fatiguer. Bon alors ? Je saute et tu me rattrape ? Je suis légère comme mes plumes de toutes façons ! Elle rit et glissa un peu plus.
-D'accord. Fais vite, j'ai peur que quelqu'un nous surprenne.

Je m'approchai et me plaçai juste sous elle.
Elle sauta dans mes bras mais malgré  son poids léger, je fut déséquilibrée, et nous manquâmes de tomber à la renverse.
Elle claudiqua jusqu'au fauteuil et s'y assit en souriant de toutes ses dents.
Puis elle lança :
-En route ! Il faut que nous passions derrière l'hôpital pour ne pas se faire voir.
-C'est partis !

Nous roulâmes jusqu'au parc.
Arrivées à l'entrée, Mia resta sans voix, et je m'arrêtai  pour la laisser admirer, sentant qu'elle en avait besoin.

-Je ne suis pas venue ici depuis... Trois ans.
-Louis ne t'emmène jamais ?
-Jamais. Il a trop peur que j'attrape une maladie dehors.

Je fut prise de remords. Je n'avais peut être pas fait la meilleure chose pour Mia, si fragile.

-Mais il ne comprends pas que je ne pourrais jamais attraper quelque chose de pire que ce que je vis depuis trois ans. L'enfer ne se trouve pas dans les parcs. Il ne comprends pas que j'ai envie de profiter de la vie.

Finalement, j'ai certainement fait ce qu'il y avait de mieux à faire.

Silence.

-Tu aimerai aller quelque part en particulier ?
-Hum... Oui ! C'est tout au fond à droite.

Alors je poussai le fauteuil sans poser de questions.
Nous arrivâmes devant un amas de buisson et d'arbre.

-Et voilà nos sommes arrivés m'enthousiasmai-je.
Elle ria.
-Non ! C'est derrière les buissons !
-Ah. D'accord.

J'écartai cet amas végétal avant d'entrer dans le petit coin. Je fus émerveillée par ce petit espace. C'était un petit carré de gazon entouré d'arbre ne mesurant pas plus de 4 mètres sur 4. L'herbe était aplatie, douce et le sol n'était pas dur. Nous étions invisibles au yeux des gens aux alentours. Les arbres brandissaient des fleurs bleues indigo et les branches étaient basses, si bien qu'on pouvait s'assoir dessus.

-Tadaa !
-Wouah. C'est magnifique dis-je caressant une fleur.

Mia descendis de son fauteuil et s'allongea par terre. Elle ris en battant des bras et des jambes dans l'herbe. Elle semblait apprécier ce moment, ce moment si simple qu'offre la vie tous les jours, mais que nous ne comprenons pas toujours. Mia, elle, a compris la vie.

-Voilà, ça, dit-elle en désignant l'endroit, c'est mon rêvarium.
-Très bon choix, mésange.
-Merci. Je sais.

Nous restions là, assises par terre un long moment sans rien dire. En pensant de notre côté.

-Je peux te poser une question ? Lâcha Mia au bout d'un certain temps.
Je soupirai.
-Tu vas encore décortiquer ce que je vais dire pour en faire un analyse psychologique, mais okay, vas-y.
-Très drôle. Est-ce que tu pense être quelqu'un de bien ?
-Tu sors toujours des questions étranges.
-Tu n'a pas répondu, donc tu esquive, dit-elle avec malice.
-Bon. Ce serait prétentieux de dire oui. Ce serait une modestie mal placée de dire non. Alors je ne sais pas. Ça dépend de comment tu perçois quelqu'un de bien, en fait. Et toi, es-tu quelqu'un de bien ?
-Hum.. Oui, j'espère être quelqu'un de bien.
-Être et espérer ce n'est pas la même chose.
-Non, mais cela se rapproche. Parce que pour moi une personne de bien c'est avant tout quelqu'un qui veut l'être.
-Tout le monde veut être une bonne personne. Et pourtant, tout le monde ne l'est pas.
-C'est trop compliqué de parler avec toi, Nymphéa. Tout le monde est toujours d'accord avec moi certes parce qu'ils ne comprennent pas ce que je veux dire, mais ils sont d'accord. Tu trouves toujours quelque chose pour disserter davantage, je ne suis plus habituée aux gens comme ça moi !

Elle rit jusqu'à ce qu'une voix nous interrompe.

-Mais qui peut vraiment juger si une personne est bonne ou pas, Mia ? Certainement pas nous-même.

Une voix grave rit d'en haut.

-Je ne t'ai pas posé la question à toi, Louis, mais à Nymphéa.

Perplexe je levai la tête vers les arbres et vit Louis perché dans les hautes branches. Il m'ignora, fixant toute son attention sur Mia.

-Tu ne serais jamais restée si je t'avais dit que Louis était là.
-C'est sur, grommelais-je.

Il descendit de l'arbre avec agilité, sautant de branches en branches jusqu'à atterrir en bas.

-C'est l'heure de rentrer Mia. Ce n'est pas pour rien si on t'interdit de sortir.
-Non ! Hors de question cette fois-ci. Elle s'envenima soudainement, puis se leva brusquement en s'appuyant à moi. Tu sais quoi Louis ? J'en ai marre de toi, j'en ai mare de tes conneries d'hôpital, j'en ai mare que tu te sente obliger de me surveiller tout le temps. C'est insupportable ! J'ai besoin de sortir de l'hôpital, tu peux comprendre ? Je suis enfermée depuis trois ans. Trois ans bordel, alors s'il te plait, arrête de suivre à la lettre tout ce que te dit Laure et lâche moi un peu !
-Mais.. Je .. C'est pour ton bien ! Il avait l'air offusqué.
-Vous n' avez pas le droit de décider à ma place de ce qui est bon pour moi ! Aujourd'hui, si j'ai envie de sortir, je sors d'accord ?

J'observais la scène sur le côté ne sachant que faire. J'avais l'impression d'être.. Un lampadaire.. Je ne servais à rien, et j'avais seulement envie de disparaître. Je nous reconnaissais un peu, Alice et moi dans Mia et Louis.

-Calme toi, c'est bon d'accord, on reste dehors. Louis leva les mains en signe d'apaisement. Et Mia jeta un coup de poing dedans.
-T'es vraiment pénible parfois.

Il se mit à rire. Et Mia aussi. Bientôt, il furent pris de ce fou rire incontrôlable, et j'avais toujours l'impression de n'être sûun vulgaire poteau dépourvu de toute émotion. Je me rendis compte que je ne savais pas rire comme eux. Faut il être heureux pour savoir bien rire ?

Je me sentais vraiment de trop, comme si j'assistais à quelque chose de profondément intime. Comme si je n'avais rien à faire là. Il s'arrêtèrent de rire. Mia me souriait mais pas Louis. J'avais l'impression qu'il m'en voulait toujours. Il me lança un regard qui me fit froid dans le dos, un regard qui voulait dire "laisses-nous. " Et c'est ce que j'eu envie de faire. Partir. J'étouffais, ici.

-Je.. Je dois y aller bredouillai-je confuse.
-Oh non, pas déjà, Nymphéa ! S'exclama Mia.
-Je .. Je ne me sens pas très bien.. Désolée. Et je m'enfuis en courant.

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