Chapitre 10 : Perdue

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Noah sortit en courant de l'hôpital. Il couru comme s'il était poursuivit par un monstre ou quelque ignoble créature. Ou peut être comme s'il était poursuivit par son ombre.

Mia fixait le vide, le regard vague et nous salua en hochant légèrement la tête lorsque nous nous lançâmes à la poursuite de Noah. 

Nous sortâmes en trombe dans le hall, sous le regard éberlué du monsieur de l'accueil. Mon cœur battait la chamade.  J'étais inquiète pour lui, et un mélange de colère et d'incompréhension naissait en moi. Je vis le nœud du mystère de Mia se défaire et la vérité m'éclater au visage si violemment que les larmes me montèrent aux yeux. 

J'aperçu Noah à quelques dizaines de mètres de nous et nous redoublâmes d'efforts pour le rattraper. Mais rien de pouvais m'arrêter, j'avais envie de crier, de pleurer, de m'écrouler à la fois.

Alice cria :

-Noah, attend !                                                                                                     Il s'arrêta et se retourna lentement vers nous. Il paraissait effrayé, mais pas par nous. Il avait peur de quelque chose de plus grand, de plus fort. De plus lourd. A bout de souffle, nous le rejoignîmes.                                                                                                                  Il ne bougea pas, et regarda le vide, sans dire un mot.                                                                                             Je sentis alors la colère remonter en moi, et je me mit soudainement à trembler. Ma fureur cherchait un moyen de sortir afin de se déchaîner sur le monde entier si elle le pouvait.
Sans m'en apercevoir, je crache d'une voix grinçante :

-C'est toi hein ? Noah, c'est toi?! c'est toi qui l'a renversée?! C'est toi?! Dis-le Noah, dis-le ! Et je le frappai en pleurant. Je me sentais trahie. Il ne dit rien et se laissa faire.

  Ma main partit toute seule. Je lui mit une claque. Une claque transportant toute ma haine et ma tristesse. Une claque plus violente que le tonnerre. Une claque pour Mia. Une claque de désespoir.  Une claque foudroyante. Une claque comme je n'ai jamais donné.

La tête de Noah valsa sur le côté, et des larmes roulèrent sur ses joues.

-Nymphéa, arrête ça tout de suite ! cria Alice en pleurant.

Mais je ne pouvais plus m'arrêter. Ma main faisait des aller-retours entre Noah et moi, contrôlée par ma colère. Plus rien n'existait autour de nous, pas même Alice. L'atmosphère était faite de haine et de tristesse. Je hais Noah. Et je m'en fout des regards des passants. Je m'en fout qu'Alice pleure. Je m'en fout d'être un monstre.

-Comment t'as pu me faire ça ?! Je hurle.

Noah s'écarte et me prends par les poignées.

-Lâche-moi ! criai-je. Mais il me tenait fermement, l'air désespéré, et les joues rougies. Il plongea ses yeux dans les miens.

-Nymphéa, je t'en prie, écoute-moi ! Sa voix tremblait. Alice me supplia du regard, mais ma colère ne m'avait pas quittée.

-Ne me touche pas, criai-je ! Et le griffai avec rage, l'obligeant à lâcher prise. Je m'écartai rapidement, les cheveux me collaient au visage.

-Phea, laisses-moi t'expliquer.

-Ne m'appelle plus comme ça, je ne veux plus jamais te voir, articulai-je. Je ne te veux plus dans ma vie, tu comprends ? Tu n'es qu'un monstre, un salaud ! Je te ...

-Ce n'était pas moi, me coupa t-il. Une lueur coupable passa à travers ses yeux.

-Quoi ? Tu mens, dis-je.

-Ce n'était pas moi dans la voiture, répéta-il calmement, en hachant ses mots un à un, comme s'ils s'échappaient d'une prison. Il me jeta un dernier regard douloureux puis tourna les talons et s'en alla.

Et nous restâmes ici, Alice et moi. Je ne savais plus quoi penser, plus quoi faire. La tension était redescendue. La rue me semblait clame mais sinistre, semblable une forêt ravagée par un tornade. J'étais perdue. Je voulais croire Noah, mais mon esprit me soufflait le contraire. Alice tapotait impatiemment la chaussée de son pied droit, les mains posée sur ses hanches, toute trace de larme disparue.

-Il ne dit pas la vérité, murmurai-je.

-Pourquoi tu dis ça?! Tu n'a pas confiance en ton meilleur ami ? Tu ne crois pas Noah ?

-Je ne sais plus Alice.. Je me sentais molle et désespérée. Noah disait t-il la vérité ou non ?

-Écoute Nymphéa, moi je sais très bien ce qui se passe. La vérité, c'est que toute cette fichue histoire te rend folle. Regarde toi ! Tu fout tout en l'air juste pour soit disant aider un garçon mal dans sa peau et sa petite sœur. Mais ce ne sont pas tes affaires ! Laisses la vie des autres tranquille et tache de contrôler la tienne !  Regarde un peu où ça nous mène ! Tu as frappé ton meilleur ami, Nymphéa, tu as frappé Noah ! Est-ce que tu te rend bien compte de ce que tu fais ? Elle se rapprocha un peu plus de moi et me fixa durement. Ses yeux lançaient des flammes, elle était en colère noire.  J'en ai assez, tu préfère croire une fille que tu connais à peine plutôt que Noah ! C'est n'importe quoi. Débrouille toi toute seule, moi je rentre. Salut.

Elle tourna les talons et couru rejoindre Noah. Et je restai-là, seule.

A bout de force, je m'affalai sur le premier banc venu. Et puis, les larmes me montèrent aux yeux, j'enfouis mon visage entre mes mains pour ne plus voir les regards méprisants ou curieux des passants. Des frissons me parcoururent le dos en repensant à ce que je venais de faire. J'étais horrible. J'étais devenue folle. Et j'étais seule dans ma folie. J'eus très froid malgré cette chaleur d'été.

Plongée dans le noir et l'obscurité donnée par mes mains, je me morfondais, regrettais d'être allée sur le toit ce soir de 29 juin. Je ne savais plus quoi faire, plus quoi penser. Que penser de toute cette connerie. Cette connerie dans laquelle je m'étais fourrée toute seule. Toute seule, dans ma folie.

Alice avait raison. Je m'embrouillais l'esprit. J'ai frappé Noah.                                                   J'ai frappé mon ami.                                                                                                              J'ai frappé Noah, mon ami.                                                                                                              J'ai frappé Noah, mon ami innocent.                                                                                         Innocent...

C'est impossible pourtant. J'ai vu la colère profonde dans les yeux de Mia. J'ai vu la culpabilité de Noah.

Et si Mia avait menti ?

Je suis perdue.

-Hé, ça va ?
Quelqu'un venait de me parler.

Je ne répondis rien et gardais ma tête cachée entre mes mains, en priant pour que la personne s'en aille.

-Je sais que tu m'a entendu.

Merde.

-Journée de merde ? Ouais. Moi aussi je trouve cette journée pourrie. En plus tu m'as vraiment  fait  mal tout à l'heure. « Tu sais je peux m'écarter et te laisser dans tes espèces de mauvaises ondes mais tu vois je reste. » Pas pour toi, mais parce que ce banc me plaît tu comprends ?

C'est Louis. Et c'est la première fois que je l'entends dire autre chose que des insultes.  Je garda le silence et releva doucement la tête. Il me fixait avec une expression indéchiffrable. Un sourire moqueur au coin des lèvres, comme si je venais de tomber par terre. Sauf que je suis tombée plus bas-que terre durant ces 15 dernières minutes.

-Tu sais, il est pas si innocent que ça ton ami.

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