chapitre 18: bruit

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Toute tremblante, je rentrais vers la demeure au bras de Tara. C'était horrible. Cette fois-ci je n'avais pas la possibilité de trouver une échappatoire. Je devais me faire à l'idée que ce soir je devrais partager le lit de ce porc. Mais je n'yarrivais pas. C'était trop difficile ... rien que l'idée me donnait envie de vomir. Une fois dans ma chambre, la couverture que je prenais devant les domestiques s' écroula comme une ruine , tout comme moi sur mon lit. Tara me prit doucement dans ses bras et me consola comme le ferait une grande soeur.
-Madame, ce jour devait arriver...
- Pas avec lui! sanglotais-je
-Madame, je vous comprends, il y a peu, mes parents ont voulu me marier. Vous le savez, je pense, je viens d'une famille noble désargentée qui... n'a pas toujours été irréprochable.  Pour s' enrichir, ma famille a souhaité me marier de force à un vieux et répugnant baron de leur connaissance. Le mariage eut lieu. Je n'eus pas votre chance et ne pus me soustraire a la nuit de noces. Seulement un mois après, il est mort. Il avait fait d'affreuses choses et je n'ai donc pas voulu garder son nom.  J'avais douze ans quand je me suis mariée.
-Vos parents vous ont mariée a douze ans ?
-oui madame, douze ans.
-Comment des parents oeuvent-ils a ce point ne pas aimer leurs enfants, quand vous me racontez ceci, je trouve ma vie bien joyeuse... vous ne parlez jamais de vos parents, ou habitent-ils?
-Ils... ils sont morts.
-Oh, mademoiselle, pardonnez-moi. Je suis scincerement désolée, il m'arrive souvent de dire des sottises.
-Ce n'est pas une sottise, vous ne pouviez pas savoir. C'est ainsi, que voulez vous. Je ne les aimais guère, ils m'ont souvent forcée à faire des choses que je ne souhaitais pas.
-Tara ne vous sentez pas obligée de me raconter cela, vous faites ce que vous voulez.
-Je vous remercie madame,  mais je me sens mieux à présent... je sais que cela ne vous enlèvera pas votre tristesse, mais un peu de compassion ne fait jamais de mal.
-Vous êtes la meilleure des dames pour accompagner Tara, je ne vous remplacerais pour rien au monde.
-Madame est trop bonne avec moi.
-je ne suis pas bonne Tara, réaliste et effrayée seulement.

Sans rien dire de plus, je plogeais sur mon lit, enfouissant ma tête blonde dans les carreaux de soie pour étouffer un hurlement de rage, de détresse, je ne sais pas trop. Comme une écho, un son égal, quoique largement plus terrifiant, étouffé. Tara tourna lentement son nez retroussé vers moi puis me questiona du regard.
-Avez-vous entendu?
-Tara croyez -vous que...
En unique réponse, elle hocha son menton. Je me relevais avec hâte, et me mis à courir, cherchant une chose, un lieu que j' ignorais. Nous déambulâmes dans les immenses salons, passant de l'un à un autre, me perdant au travers des  pièce rouges, bleues, grises, vertes, de bureaux, de salles de réceptions et encore. Alors que je me perdais entre toutes ces pièces, Tara semblait s' y retrouver, comme si elle avait grandi ici. Je la questionnais:

-Comment vous retrouvez-vous au milieu de ce dédale de pièces?
- J'étais là quand le prestigieux architecte a fait les plans, de même que la construction. J'ai vu cet édifice se construire pierre après pierre, j'ai vu la pierre blonde devenir un mur, puis les arbres sauvages se faire dompter comme des fauves.
-alors vous saurez surement me dire où l'on peut cacher quelqu'un.
- il y aurait peut -être...Non, une personne ne ferait pas cela à son frère...
-Une personne normale peut être pas , mais lui est capable de tout.
-Il est possible que le comte soit caché dans le grenier.. il est vaste et peu éclairé. Aucun isolant non plus. La chaleur doit y etre insupportable à cette saison-ci. Ce serait inhumain.
-Il est inhumain. Alors ne perdons pas plus de temps, il nous a attendu déjà beaucoup trop.
-Non!
-Non?
-Non.
-Et pourquoi je vous prie? Voudriez vous que j'abandonne mon fiancé dans la détresse parce qu'une demoiselle pour accompagner ne souhaite pas y aller? C'est tant pis, je ferai chemin seule.
-Madame, loin de moi cette idée, vous devez aider votre ami, ce que je veux dire est que nous ne devons pas y aller seules. Ne perdons pas de temps, allons chercher vite ce valereux palefrenier , comment se nomme-t-il déjà?
-Alphonse.
-C'est cela même, Alphonse. Allons le quérir sur le champ.
                                                                                                               
                                     ***

Je martelais à la porte de son logement. Ce fut son épouse, Marguerite qui vint ouvrir. Elle se fendit en une petite révérence en voyant qui étaient venus. Prise de peur, elle se mit à parler, très vite, de façon peu compréhensible, son accent étant très fortement marqué.
-Qu'y'l encore fait , dites m'dame j'vous en prie, vous nous avez sauvés d'la misère , 'lors pour sûr qu'on f'ra tout squ'voulez.
-rien ma chère, rien. Aillez l'obligeance d'aller quérir Alphonse je vous prie.
-De suite m'dame la comtesse.

Quelques minutes plus tard, la petite femme revint avec Al. :
-Alphonse,  nous pensons avoir retrouvé le comte.  Savez vous croiser le fer?
-pour sur mam'zelle qu'j'sais l'croiser. Z'avez pas plus grand maître qu'moi, mais j'vieilli, j'ai les boulons qui rouillent... mais j'vous aiderai. J'vous l'ai promis.

Les Fiancés Du Temps T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant