Chaque jour qui suivit, nous réfléchîmes à où pouvait être Paul. Jean ne pointait jamais son nez, il travaillait sur je ne sais trop quoi dans son bureau, enfermé toute la journée. Les rare fois où je l'entrevus, il me paraissait hostile, boudeur. Jamais un de ses petits sourires en coin qu'il avait tant l'habitude de faire. Je crois que j'en avais peur. Lorsque je partageais un repas avec lui, il se concentrait sur son assiette et ne m'adressait pas la parole, comme si j'étais inexistante. Cela ne me dérangeais pas.
Tara et moi passions de bons moments, et comme Jean ne semblait plus s'intéresser à moi, j'osais sortir de ma chambre. Nous allions jouer au croquet dehors, nous balader dans les bois, elle m'apprit l'équitation en amazone et moi je lui apprenais le théâtre.
Ce jour d'hui, nous étions dehors, au niveau de la colline, sous un grand chêne nous faisant de l'ombre. Affalée dans un tas de carreaux, un livret à la main, j'encourageais et donnais des conseils à ma dame pour accompagner.
-Plus fort Tara, je vais finir par croire que je suis sourde! Et articulez plus que cela, c'est incompréhensible.
-Ah, madame! Vous êtes très exigeante, encouragez-moi aussi un peu !dit-elle en tapant du pied
-C'est ainsi que les grandes âmes se créent Tara, avec de l'exigence! Et vous avez beaucoup progressé, vous n'en êtes pas loin. Allez, reprenez ligne 57.
Tara continua, sa voix mélodieuse s'élevant dans les airs. Elle n'était pas bonne, elle était excellente. A peine plus âgée que moi, je m'occupais d'elle comme d'une petite sœur. Vêtue d'une robe rose comme à son habitude et d'un chapeau de paille entouré d'un ruban de satin, elle récitait parfaitement son texte. J'étais pendue à ses lèvres. Quand elle termina, des applaudissements retentirent. Jean. Le visage de ravissement de Tara se transforma en une vilaine moue de dégoût. Mais elle n'était pas censée être au courant alors quand elle voulut s'opposer au rapprochement répugnant de sa main vers ma joue, je lui lançais un regard d'acier et me laissais faire à contre cœur. Je détournais la tête en fermant les yeux, mais le contact de cette main si rugueuse contre mon visage me dégoûta profondément. Je me levais vivement, tendant mes membre come des ressorts, bondissant en arrière.
-Madame, qui diriez-vous de marcher quelques peu?
-je vous remercie de l'offre, mais j'ai promis à Mlle de Beaugrille de la faire réciter.
-Mlle de Beaugrille attendra. dit-il d'un ton dur.
Je pris son bras non sans lancer un regard de détresse à Tara qui m'encouragea.
-Madame, vous plaisez-vous ici?
-cessez.
-Enfin madame, qu'y a-t-il de mal à prendre de vos nouvelles?
-Qu'y a-t-il de mal à prendre de mes nouvelles? Aucun, lorsque celles-ci sont sincères monsieur.
-Pourquoi venez-vous à penser qu'elles ne sont pas sincères?
-Laissez-moi réfléchir, le fait que vous ayez enlevé mon fiancé, le fait que me fassiez du chantage, le fait que vous me mentiez. Il m'arrive de penser que ce sont des raisons valable.
Au moment où je dis ces mots, il marqua un arrêt puis m'adressa une gifle monumentale. j'eus peur. Un hurlement strident fendit l'air si calme et paisible. Je tombais au sol, un main sur ma joue.
-Ce soir vous viendrez espèce de garce.
Rien ne pouvait être pire que cela. Je lui lançais un regard désespéré. Tara arriva, les jupes retroussées plus que décent, pour lui permettre de courir. Elle me releva et me suivit après avoir lancé un regard noir à Jean. elle prit mon bras et essaya de m'empêcher de pleurer en me réconfortant, sans résultat.
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Les Fiancés Du Temps T1
Ficción históricaCopyright°* Eléonore de Flavigny, 15 ans, part en pension près de Versailles. Au terminus du bus , elle rencontre une fille de son âge, Hortense de Fablimes, aristocrate vouvoyant tout le monde et ayant pour père un chercheur scientifique travailla...