chapitre 19: face à face

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Sans cesser notre course folle, nous gravîmes les deux étages de degrès, le trio guidé par Tara. Elle nous fit traverser maintes et maintes pièces pour enfin arriver face à un petit escalier tortueux se cloturant par une porte fermée.
-Le grenier.
Tara dit ces mots avec un brin d'appréhension. On voyait qu'elle n'aimait pas cet endroit. 
-Nous ne devrions pas y aller sans armes... rajouta-t-elle.
Elle partit vers les escaliers de bois, beaucoup moins impressionants, destinés aux pièces de logement de certains domestiques. Un minute après, elle remonta les escaliers , deux tisons à la main. Ses boucles rousses s' étaient échappées de son chignon que la  course avait détaché. Cellles-ci dévalaient le long de ses épaules dénudées par la belle robe rose. Ses yeux azur étaint mieux mis en valeur ainsi. Elle brandit les tisons et expliqua :
-ce n'est pas vraiment une arme, mais cela peut faire l'affaire. Et puis comme il y a une cheminée , et donc des tisons, dans toutes les pièces, j'y ai de suite pensé. Alphonse, vous avez une épée, allez monter la garde au palier de dessous. Il est le seul accès. Cela nous serait bénéfique.
-Je suis d'accord avec vous .

Alphonse hocha la tête et tourna le dos pour descendre . Je l'arrêtais :
-Alphonse!
-Oui mam'zelle?
-Faites attention, le comte est  dangereux.
-ne vous en faites pas pour moi, je suis dur comme un roc .

Je lui offris un sourire forcé. Je me mis à monter les escalier la première. Mes larges jupes me gênaient, l'escalier étroit . Je penais à avancer. Une fois en haut, j'essayais d'actionner la poignée, mais celle-ci refusait catégoriquement .
-Tara, avez-vous la clef?
-Une clef?
-Oui, une clef, ne le saviez-vous pas ?
-oh seigneur...

La rouquine se laissa glisser le long du mur.
-s' il y en a une, elle est dans le bureau du comte.
-Il est dedans!
-Nous sommes perdues! À moins que ...
-à moins que quoi Tara?? Repondez que diable !!!!
-Vous savez l'autre fois quand jevous ai raconté que mes parents m'ont forcée à faire des choses que je ne voulais pas forcément?
-Oui Tara! Mais encore?
-Mon père était serrurier. Il crochetait les serrures des coffres que certaines dames lui donnaient pour reproduire les mêmes, pour y voler ceratines choses. Il m'a forcée a en faire certaines. Je serais à présent capable de forcer n'importe quelle serrure. Celle-ci est du simple même .

Tara plongea son regard azur dans le mien.
-Il suffit que vous me donniez deux épingles.
Je tâtais alors mes cheveux pour y trouver une perle que je retirais de l'entremêlage de boucles dorées . J'en sortais une seconde que je lui tendis. Elle se plaqua contre le mur et aplatit ses jupes pour accéder à la serrure. Elle se baissa, faisant se plier ses jupons roses sur le bois crasseux des marches. Elle se mit à l'ouvrage et après quelques minutes de silence, un petit clic se fit entendre. Je me précipitais pour rentrer dans la pièce, mais elle me retint par le bras.

-C'est à vous, et uniquement vous d'y aller. Je reste ici.

J'acquiescais. Je relevai mes jupes et courus pour arriver dans la pièce éclairée seulement par les trous de la tuile et un unique et un minuscule médaillon. Lorsque au milieu de la pièce je vis une vague ombre, je m'approchias, plus lentement, méfiante.
Paul.
Sur une chaise.
Effondré.
Je hurlais laissant mon tison pour me précipiter vers sa chaise. Une chaise de moinfre confort, juste en bois avec des accoudoirs où ses poignets étaient attachés.
-Paul!
Il releva son visage pour plonger son regard dans le mien. Des larmes me montèrent aux yeux quand je vis sa face . Il avait maigri.  Son oeil droit était rouge et entouré de violet.
-seigneur ... soufflais-je portant mes mains à mes lèvres. Paul que vous-a-t-il fait...
Il ne pouvait pas répondre, ses lèvres étaient cachées sous un baillon. Je le retitais et là je sus  Il avait la lèvre croutée, du sang coulait d'en dessous. Il posa son regard émeraude sur moi. L'étincelle de joie et de vie qu'il avait l'habitude d'avoir s' étaient éteintes .
-Éléonore...
-Paul...
Il me désigna ses poignets de ses yeux verts. Je défaisais les liens. Comme pour tout le reste, ses poignets étaient violacés. Une fois libéré, il posa sa main sur ma joue, je me laissais faire en pleurant. Il ne prononcait pas un mot. Il mêlait seulement le bleu et le vert de nos yeux. Je ne pensais plus au jeune pédant et prétentieux, hautain face aux manières déplorable d'une jeune femme, non, cette image de lui, je l'avais oubliée, enfouie au plus profond de moi. À présent, je ne voyais plus que l'homme que j'aimais ardemment,  bléssé, effondré, épuisé.  Je l'avais retrouvé. Il était sale, son unique vêtement, une chemise de corps était crasseux, mais je l'aimais, je l'aimais encore plus qu'avant . En ce moment, il était faible, incapable de bouger, de marcher, ou de prononcer quelque parole. Puis, un cri retentit. Un cri de douleur.

Les Fiancés Du Temps T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant