Chapitre 8: une préparation fructueuse

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Après le départ des familles de Fablimes et de Faubourg, la petite bonne nommée Mariette me déshabilla, me changea de chemise et m'apporta une bassine d'eau pour que je me lave la bouche, le visage et les mains pendant qu'elle me chauffait le lit. Je me glissais dedans, mais le sommeil ne se pointait pas.

 Après de nombreuses pensées noires, je finis par m'endormir . Ma nuit fut agitée, orchestrée par de nombreuses insomnies dues à des rêves, ou plutôt des cauchemars où j'étais mariée. Puis je finis par dormir paisiblement.

Le matin, je fus réveillée par les rayons de soleil entrant dans ma chambre et forçant la porte de mes yeux. Quand je les ouvris enfin, je vis la petite Mariette qui s'activait dans l'immense pièce, des brocs d'eau tiède pour remplir je ne sais quoi, une robe tout aussi belle que celle d'hier, et un magnifique plateau garni de pâtisseries, viennoiseries, fruits, verre de lait et encore beaucoup d'autres choses.

 Quand elle vit que les rayons de soleil m'avaient éveillée, elle me tira du lit ,non sans difficultés, et me conduisit vers une petite pièce en retrait que je n'avais jamais vue. Cette petite pièce était d'un raffinement  sans pareille. Tout était en marbre. Une petite baignoire était enfoncée dans le sol, lui aussi fait de marbre rose, de très grandes fenêtres donnaient sur l'arrière du domaine, le jardin à la française où nous avions joués hier avec le comte, et le bois. La baignoire était emplie de l'eau que la domestique portait tout à l'heure. Je voulus enlever ma chemise pour plonger dans l'eau tiède, mais Mariette n'avait pas semblé marquer d'arrêt dans la pression qu'elle exerçait sur mon dos pour m'inciter à avancer. Alors je mis un premier pied sur la marche, puis ma cheville couverte de la chemise s'enfonça ans l'eau tiède, et je m'assis sur le fond. La bonne commença à me frotter le dos , puis les bras et les jambes.

-Mademoiselle, souhaitez-vous rester dans votre bain quelques instants?

-Oui, merci Mariette.

-Souhaitez-vous que je vous apporte votre déjeuner?

-Hum, avec  plaisir. Pensez à choisir une chemise propre.

-Bien sûr mademoiselle, c'est déjà fait. Madame votre mère m'a donné de strictes instructions.

-Parfait; Vous pouvez disposer.

La petite vieille partit dans une petite révérence pour me montrer son désir de me servir avec respect et soumission.

 Je m'étais vite habituée et adaptée à cette vie privilégiée  de demoiselle noble. C'était simple: ne rien faire à part se tenir droite et donner des consignes à des domestiques.  Quand elle revint, elle disposa sur le rebord de la baignoire un petit plateau en argent garni de mets que je dégustais religieusement tant ils étaient excellents. Puis, une fois mon repas terminé et l'eau refroidie, je sortais de mon bain, Mariette me sécha avec un drap et me fit enfiler une nouvelle chemise. Elle me sécha vivement les cheveux et m'emmena de nouveau dans ma chambre rouge  carmin.

Là, Il n'y avait plus une robe, ni deux, mais quatre différentes, avec une autre femme , des jupons, des bas, des souliers, de larges chapeaux, des fleurs, des rubans, des corsets et tant d'autres choses encore... La nouvelle domestique , Clothildine, me proposa une robe  violette, une bleue différente de celle d'hier, une verte et une rouge. Je choisis la bleue, étant ma couleur préférée. Elle était brodée  d'arabesques sur la pièce d'estomac, des perles des mers ornaient le décolleté plongeant mais correct, la jupe était avec un petit motif étoilé argenté et les emmanchures en dentelle de France blanche. Cette robe était encore plus belle que celle que je portais hier. Mariette attrapa un corps et me le laça dans le dos puis serra. Encore. Et encore, jusqu'à ce que ma taille devienne plus fine que celle d'un lévrier et que je ne puisse presque plus respirer. Puis, elle donna des bas en soie à Clothildine qui me les enfila sous ma chemise blanche brodée cintrée par le corset et les fixa aux portes jarretelle.

Puis, elle m'assit à une petite chaise rembourrée face à une coiffeuse avec un miroir et se mit à me farder pendant que les doigts experts de Mariette s'occupaient de dompter ma chevelure blonde.  Clothildine me fixa une mouche et Mariette un chapeau sur le chignon à l'aide d'épingle surmontées de perles. Elles me donnèrent enfin les souliers et me firent me lever.

 Je m'observais longuement dans la glace et, avec modestie, me trouvais sublimée, magnifique. Clothildine avait mis très peu de fard qui permettait de voir la blancheur naturelle de mon teint. Puis je jetais un regard furtif à l'horloge de chambre et vis que j'avais pris plus d'une heure à la préparation, mais cette heure avait été fructueuse.

Les Fiancés Du Temps T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant