Dr Sander (FIN)

29 6 14
                                    


Il reste figé encore un moment, quelques minutes peut être dans le silence suivant le rythme de la mémoire. Mais après tout, peu importe si je gâche du temps maintenant, c'est terminé, je ne suis plus à ça près pensait-il. 

On orrait dit qu'à ce moment précis, le temps s'était arrêté.

Mais il n'oubliait pas pourquoi il était ici, ici pour la dernière fois.

Alors il s'accroupi lentement mais décidé. Sortit d'un sachet plastique l'achat qu'il avait fait auparavant avec ses dernières économies (pile le compte qu'il fallait). 

Il se releva tout aussi doucement et sûr. Il retira le bouchon du bidon d'essence qu'il jeta au sol. Puis il vida le bidon dans toute la pièce, sur les mur, les feuilles, le carrelage blanc sur lequel  il avait fait tant d'aller retour et sur lequel il faisait son dernier, ses derniers pas. Il avait mit des planches de bois par terre, enduits d'essence dorénavant. 

L'odeur le fit toussé et lui provoqua des nausées. Mais il continua de verser le bidon qui détruirait toutes possibilités de la jouissance illimitée d'une vie éternelle, mais éternellement longue. 

Puis, il termina le bidon en le versant sur lui de la tête au pieds. Seul face à la douche de remords et de regrets qu'il a essayé de limiter durant la fin de sa vie. Seul face à la morsure de la mort, seul face au temps qui s'apprête à l'effacer définitivement. 

Mais, sûr et décidé, il allait accomplir, la dernière chose qu'il devait faire avant de partir, avant de faire ses valises remplies de doutes, il n'a qu'une seule certitude: Il lui reste quelque chose à faire avant la fin. 

Alors doucement et toujours au gré des souvenirs au rythmes des regrets, il sort une boite d'allumette. Il sort ensuite de cette boite, la seule allumette qu'elle contenait. Il l'a regarde attentivement, longuement. 

Il pensa alors: "à vouloir éviter la mort, j'y ai perdu ma vie... Et aujourd'hui je sais que cette bête petite allumette, est ma porte de sortie" 

Il l'alluma d'un seul coup. La laissa se consumer en pensant "j'avais perdu ma flamme". 

Puis, avant de se brûler le doigt, il l'a lâcha. 

"Ma dernière expérience??? Elle est risquée: Où vais-je?"

Il n'eut pas le temps de répondre à cette question, l'allumette avait touché le sol comme Jimmy en sacrifiant sa vie avait touché le fond. Il savait que cette question n'avait pas d'importance, car peu importe où il s'apprêtait à partir, il devait y aller tôt ou tard. 

35 ans, 35 ans passés à agoniser, sa renaissance lui a fait tellement de bien, tellement frais. Mais paradoxalement, du moment ou l'allumette vint toucher le sol humidifié, Jimmy ne s'était jamais senti aussi vivant.

Le souvenir, le regret, les doutes, les peurs, les expériences, les résultats, le fruit de 35 ans de gachi... balayés en un éclair de révélation et en une flamme de libération. 

"La vie: seul remède de la mort".


Quelques mois plus tard,  l'enterrement d'un homme où des centaines de personnes avaient assisté  en guise de remerciement pour l'explication de la philosophie du défunt qui disait aux 4 coins du monde "vivez, vivez tous les jours". Et qui, paradoxalement, venait de se suicider. Aucune famille, aucuns proches, mais des millions d'admirateurs, d'anciens dépressifs, et de gens qui disent "merci de m'avoir aidé, merci de m'avoir sauvé, merci de m'avoir expliqué le sens de la vie... Dr Sander". 

Quelques peu après que le trou fut rebouché auprès d'un père parti avant le défunt, un jeune SDF passa sous un pont Londonien  afin d'y passer la nuit. Il y installa son campement et y dénicha, là sous une simple pierre, fondu dans le décors...

... une feuille de papier avec quelques ratures qui souleva son attention

une feuille de papier... signée 

Jimmy Sander.


Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Jun 24, 2017 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

RA CONTES NOUSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant