Chapitre 10

406 32 7
                                    

Thiefaine

      Depuis qu'elle est passée lorsqu'il y avait Aimée, je ne l'ai plus revu. Pourtant l'Aide-soignant est déjà passée trois fois. Ça fait donc maintenant trois jours qu'elle n'est pas venue me voir. J'aimerai tellement pouvoir me réveiller et sortir de ce lit pour savoir ce qu'il se passe vraiment. Sa douce voix mélodique me manque, je veux l'entendre encore. La porte s'ouvre, je veux que ce soit Jade, comme à chaque fois. Hélas, c'est ma mère. Non pas que je sois mécontente qu'elle vienne tous les jours depuis trois jours, mais je veux que ce soit Jade la prochaine fois que la porte s'ouvre.

- Mon chéri...

Elle m'embrasse le front, je peux sentir lorsqu'on me touche, qui que ce soit. Je pense que c'est positif et que je ne tarderai plus à m'éveiller. Enfin, je l'espère.

- Quand comptes-tu te réveilles, hein ? Soupire-t-elle.

Elle parait réellement fatiguée. Elle ne cesse de soupirer depuis quelques temps. Je sais que me voir ici n'est pas chose facile pour elle, mais elle devrait aussi penser à elle et se reposer.

- J'ai vu Aimée ce matin. Elle passera nous voir dans l'après-midi.

Oh...

- J'ai également eu Mademoiselle Johansson au téléphone hier soir. C'est la deuxième fois que je communique avec elle en dehors du contexte de l'hôpital et je confirme m'être tromper sur elle. Elle est adorable, et je pense qu'elle est aussi mal que moi vis-à-vis de toi. C'est une femme exceptionnelle, je suis maintenant certaine qu'elle te plairait beaucoup.

Essayerait-elle de m'encourager à me réveiller avec ses mots ? Si c'est le cas, c'est en train de marcher. La porte s'ouvre à nouveau, j'entends. Mon cœur bat la chamade, je le sens dans ma poitrine.

- Bonjour Marie.

Oh... Ce n'est qu'Aimée.
J'entends les deux femmes se faire une accolade. Je n'aurai jamais pensé voir ma mère et mon ex petite-amie aussi proche l'une de l'autre.

- Comment va-t-il aujourd'hui ?
- Rien n'a changé. Il n'a pas bougé depuis l'autre jour.
- Ne perdez pas espoir.
- Non, jamais. C'est juste que...

Elle soupire, sa voix tremble. Elle pleure. Mon cœur se serre, je me sens coupable de tout ça. Si je n'étais pas montée sur cette moto... Ma petite sœur ne serait pas morte, je ne serai pas non plus dans ce foutu coma. Au final, je mérite ce qu'il m'arrive et en aucun cas je mérite de me réveiller. C'est peut-être mieux comme ça, mieux si je ne me réveille jamais.

- Et cette fille, elle est venue ?
- Non, elle n'est pas venue... Tu sais, aussi étrange que cela puisse être, je crains qu'elle souffre tout autant que nous.
- Elle est tombée amoureuse de lui, j'ai vu dans ses yeux, ce qui a toujours été dans les miens.

Lorsqu'Aimée prononce cela, j'ai comme un sursaut. Parlerait-elle de Jade ? Ça ne peut pas être quelqu'un d'autre. Alors elle serait amoureuse de moi ? Aimée se trompe sûrement. Comment pourrait-elle m'aimer ? Tout ce qu'elle a vu de moi c'est un incapable endormi, allongé dans un lit, dans une blouse d'hôpital.

La porte s'ouvre encore, pour la troisième fois cet après-midi. J'ai l'impression qu'un troupeau entre dans la pièce. Ma mère s'affole.

- Que faites-vous ? Le décès ne devait être que dans une heure.
- Elle a été avancé d'une heure, Madame.
- Quoi ? Non, pas encore, je ne lui ai pas fait mes adieux ! Attendez !
- STOP ! Cri une voix que je ne peux que reconnaître.

Cependant, personne ne s'arrête. Je les sens me remuer dans tous les sens et ils commencent à retirer certain de mes fils. Celui qui est dans mes narines de nez, ma bouche. Je finis par ne plus rien ressentir. Ce qui m'étonne, c'est que je puisse encore entendre les pleurs de ma mère et les cris de Jade.

- Thiefaine, réveille-toi ! Tu ne mérites pas de mourir, je t'en supplie, je sais comme tu es fort. Prouve-leurs !

Rien ne se passe et pourtant, j'essaie de toutes mes forces.

- Tu m'es vitale, indispensable ! Thiefaine, je t'aime, réveilles-toi !

Mes paupières s'ouvrent brusquement et je me redresse violemment. Je regarde tout autour de moi, je chercher Jade. Je comprends vite que c'est la jeune femme, retenu par deux types en blouse, qui me regarde ébahit. Les larmes dévalent de ses yeux, elle est si belle, telle que je me l'imaginais. Brune aux yeux foncés, la peau un peu mate. Les lèvres douces et la taille fine.

- Tu es là, murmure-t-elle.
- Je suis là, et je t'aime, moi aussi.

Fin

Indispensable Où les histoires vivent. Découvrez maintenant