34. Luttes

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- Eyvan -

J'étais passé dans la salle d'armes du Vaisseau-Rêves sans y prêter une réelle attention en dépit de sa beauté. Convaincu qu'elle ne me servirait pas.

Erreur.

Je la détaille maintenant que j'y crèverai peut-être. Ses murs circulaires baignent dans une lueur mordorée diffusée par des lampes encastrées au sol. Il s'y dégage une sensation de douceur. Le tatami, légèrement plus petit que celui des frères Kaliena, est fait du même matériau amortissant.

Mais le plus impressionnant, c'est la coupole. Elle surplombe la salle et s'ouvre sur les étoiles.

L'Oblivano-IV demande à s'amarrer.

— Autorisé. Guide-les jusqu'ici, Atsow.

— Bien, Eyvan.

Mes amis, qui attendent à l'entrée de la pièce, me regardent. Yana avec espoir et crainte mêlés, Théo avec gravité.

Je leur renvoie un pâle sourire, la gorge et l'estomac noué. Puis je roule vers eux. On se contemple quelques secondes en silence, puis Théo m'étreint avec force.

— J'ai confiance en toi, Eyvan. Si... quoi qu'il puisse te dire, s'il tente de te déstabiliser, ne doute pas, OK ?

J'acquiesce.

Yana se jette dans mes bras. J'enfouis mes mains dans ses cheveux courts. Je pense qu'elle va me dire elle aussi de ne rien lâcher. Mais elle se contente d'effleurer mes lèvres dans un baiser fraternel et de murmurer :

— Je suis heureuse, quoi qu'il puisse se passer.

— Ils sont là, annonce Atsow.

Je pose un regard que j'espère rassurant sur mes amis, peut-être le dernier. Les voir tous les deux l'un contre l'autre me rappelle nos premiers jours à Oblivano. Nous étions si jeunes, si timides et maladroits. Je ne peux m'empêcher de sourire.

— On fait une belle bande d'éclopés, pas vrai ?

— La plus belle qui soit, approuve Théo.

— Je vous aime.

***


- Yana -

Gaethan entre dans la pièce d'un pas déterminé. Son regard de serpent se braque sur moi.

— Chers téléspectateurs, je n'ai nul besoin de vous présenter Yana, responsable de la destruction du quartier général de la PNC. Et de mes propres blessures.

Il tend son visage brûlé vers la caméra derrière lui. La haine qui sourd de sa voix me fait frissonner. Ce n'est plus un homme qui défend les intérêts de son entreprise, ou qui cherche à appliquer la justice — fut-elle inique au regard des droits de la personne.

C'est un homme qui réclame vengeance.

— Et ici, poursuivit-il avec fiel, nous avons...

— Eyvan Altène et Théo Livian, le coupe Théo en s'avançant. Deux individus que vous avez envoyées sciemment à une mort plus que probable.

— Petit impertinent, tu...

— Nous allons autant que vous tenter de réparer le tort qui nous a été fait. Conformément à la coutume, continue mon ami sans ciller, il nous est échu de choisir le type de combat. Nous souhaitons qu'il se fasse à mains nues.

Gaethan Jorn hoche la tête.

— Votre demande est acceptée, nous vous rappelons que ce combat...

OblivanoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant