Chapitre 1

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J'aime la vitesse. Le vent qui secoue la voiture. Les bruits rassurants du moteur qui tourne à plein régime. C'est pour cela que j'ai participé à la course organisée cette nuit-là. Nous étions quatre et la victoire a été dure mais je pourrais acheter de nouveaux vêtements pour Henry dès demain...si les flics n'avaient pas pris place à la ligne d'arrivée.
Au poste de police ont nous mis dans une salle d'interrogatoire. Deux chaises pour quatre personnes. La blonde prend la première tandis que le costaud noir regarde la deuxième comme si elle allait se mettre à bouger toute seule. C'est une salle sans fenêtre donnant sur l'extérieur mais il y en a une immense teintée. Je ne me suis jamais retrouvée de se côté de la vitre. Pendant des mois, je regardais des centaines d'hommes avec des numéros allant de 1 à 6. Mais jamais se n'étais moi la criminelle.
Assise par terre, en face de la porte et dans l'un des rares angles morts de la vitre je pense à Julien. Comment je vais réussir à justifier à mon frère ma nuit au commissariat. Plongée dans mes pensées, l'ouverture de la porte me prends par surprise. Mes yeux s'agrandissent lorsque je vois Julien, furieux, entré dans la pièce.
«-J'espère que c'est une blague ?»
Je me contente de baisser les yeux sur le parquet impeccable de la salle d'interrogatoire. Mon incapacité à répondre à cette accusation profite à la blonde, qui traverse la salle pour faire face à Julien.
«-A qui tu payes la caution mon tout beau ?
-A personne.»
Or ce n'est pas mon frère qui répond, mais un homme aux cheveux grisonnants d'une trentaine d'année.
Julien s'assoit à côté de moi. Ses yeux ne sont plus aussi durs qu'à son arrivé mais ils montrent tout de même une certaine fureur.
S'asseyant sur la chaise libre, le nouveau venu énumère les personnes présentes dans la pièce.
«-Alors, nous avons Nick Minsk, ancien policier, dans la brigade des tireurs d'élites. Votre renvoie ne vous à pas réussit, mon ami, toujours dans les mauvais coups.»
Une grimace passe sur le visage du noir.
«-Nous avons ensuite, Johanna Toiry, serveuse dans un bar. Casier judiciaire très bien remplit: ivresse sur la voie publique, excès de vitesse et j'en passe.»
La blonde sourit en remettant sa longue chevelure en arrière.
«-Mr Jack Cheng, mécanicien en bas de l'échelon. Assez discret je dois dire, malgré vos courses à répétitions. Votre voiture parfaite avance ?»
L'asiatique se contente de hausser les épaules en fronçant les sourcils.
«-Le meilleur pour la fin. Je dois dire que même les caméléons sont plus faciles à trouver que vous deux.»
Je regarde Julien en me mordant la lèvre. Mon goût pour l'informatique ne nous a pas caché bien longtemps.
«-Chloé, Lucie, Noémie, Morgane et...Alice, ajoute-t-il en regardant son épais dossier. Nous avons également Julien, Adrien, Mathieu, Nathan et Marc.»
Le policier nous regarde après son énumération. J'aimerais lui dire qu'il oublie d'autres noms, mais je ne tiens pas à me le mettre à dos. La salle reste silencieuse. Toutes les personnes nous dévisage. Les changements de prénoms sont courant chez les criminels organisés. Mais notre petite famille cherche juste à s'éloigner des médias et des horreurs de notre enfance. Julien brise le silence le premier.
«-J'ai peur de ne pas vous suivre.
-Bien, je vais être plus clair. Julien Clinwoold, orphelin à l'âge de 10 ans, envoyé dans un orphelinat avec sa sœur...»
Sentant que notre histoire ne ferait que du mal à notre situation déjà mal en point, je me lève et le coupe dans son élan.
«-Ce n'est pas nécessaire. Nous connaissons notre histoire.
-Vous oui. Mais ces personnes présentes ici ne vous connaissent pas, renchérit le policier en montrant l'ensemble de la pièce.
-Sachant qu'il n'y a pas grand chose à raconter, ils se contenterons de nos noms.
-Je ne crois pas chérie.»
La blonde s'approche derrière l'homme qui contrôle l'intégralité des personnes présentes. Le dossier posé sur la table contient chaque minute de ma vie. Personnes ne saura comment était ma vie avant mes 18 ans.
Le dossier de la chaise glisse de mes mains, j'attrape les papiers, ayant vu Julien se lever quelques minutes plus tôt je les lui lance. Dos à dos, nous toisons la salle dans un silence tendu.
«-Votre passé est précieux, je le conçoit, mais quel égoïsme de le garder pour vous seuls.»
Le policier s'approche de nous, une main derrière le dos. Les yeux fixés sur sa main cachée je ne parviens pas à entendre la moindre parole.
«-Tout va bien.»
Sa main sort de son dos, ouverte et vide. Julien lui rend le dossier et me prend la main. Ce geste​ rassurant me détend. La blonde nous fusille du regard, l'ancien policier possède un léger sourire​, semblant trouver la situation amusante, tandis que le mécanicien croise les bras nonchalamment en fronçant les sourcils.
«-De toute façon, vous allez avoir du temps pour vous connaître puisque vous allez travailler ensemble !»
Le silence fut glacial.
«-Je suis Vincent Pakio, directeur su FBI. Benoit Jatal, 41 ans, créateur des nouveaux plans des nouvelles armes nucléaires a disparut il y a deux semaines.»
Mr Pakio, nous donne à chacun un dossier.
«-Nous avons besoin de quelqu'un qui connaît le métier de policier, donc vous Mr Minsk, il nous faut également quelqu'un qui connaît les villes en très peu de temps, Melle Toiry. La vitesse de vos voitures sera une clef dans cette situation et donc le meilleur mécanicien, Mr Cheng. Mr Clinwoold, vous êtes un baratineur né, ce qui peut être utile dans des moments compliqués. Et c'est votre don à disparaître qui vous a amené ici Melle Clinwoold. La fine équipe, celle qui va sauver le monde.
Cela fait deux semaines que nous cherchons Mr Jatal. La meilleure de nos équipe a échoué. Nous passons donc le relais.»
Le silence fini par s'installer de nouveau, un sourire traverse le visage de Mr Pakio.
«- Bien sûr vous serez payés 100 000  euros chacun.»
Cet argent me permettrait de vivre correctement avec Henry. Je regarde Julien, il pense à la même chose que moi. Mon fils aura un compte bancaire beaucoup plus rempli.
«-J'accepte.»
L'ancien policier répond le premier, suivi de Johanna Toiry. Le mécanicien fut plus long mais fini par dire oui aussi. Le dossier entre mes mains je soupire, regarde Julien, hoche la tête et lui donne le tas de papier.
«- Nous marchons, mais avant, il faut qu'on passe un coup de fil, répond Julien.
- Au fond du couloir à gauche, ajoute Vincent Pakio.
-Merci.»
Je me dirige vers le téléphone et appelle la nourrice.
«-Oui ?
-Julia, c'est Alice, je répond.
-Oh ! Bonsoir madame.
-Bonsoir, j'aurais...un service à te demander.
-Bien sûr. Tout va bien ?
-Oui ne t'en fais pas. Je vais devoir m'absenter quelques temps. Est ce que tu pourrais garder Thomas ? Je sais que tu as encore des cours à la fac mais...
-Il n'y a pas de soucis Mme Hina, Thomas est le seul enfant que je garde en se moment.
-Merci Julia, un ange ne ferait pas mieux que vous, dis-je soulagée.
-Vous êtes sûr que tout va bien ?
-Oui, un nouveau travail, rien de plus.
-Oh. Et bien bonne chance.
-Merci Julia. Merci infiniment.»
En retournant dans la salle d'interrogatoire,  un poids s'est enlevé de ma poitrine. Je retrouve Julien, à la même place que quand je suis parti.
«-Bon, maintenant que tout est réglé, nous allons pouvoir y aller. Nous avons rendez-vous à Boston.»
Mr Pakio nous laisse à chacun une heure pour faire nos valises. Un policier m'accompagne. Une fois devant la porte de mon appartement, j'hésite, la main sur la poignée.
«-Pourriez-vous rester ici ?»
Je me retourne et regarde mon accompagnateur. Il hocha la tête mais fronce ses épais sourcils. Je souris et rentre chez moi.
«-Mme Hina ?»
Julia se lève du canapé et viens me rejoindre dans l'entrée sombre.
«-Bonsoir Julia. Thomas dors ?
-Il somnole seulement.
-Maman ?»
Une voix ensommeillée sort du couloir. Henry se tient à la porte de sa chambre en se frottant les yeux.
«-Mon chéri, tu devrais dormir.»
Je souris à Julia et pars prendre mon fils dans mes bras. Je l'emmène dans sa chambre et le borde.
«-Je dois partir quelques temps, mon ange. J'ai un nouveau travail.
-Tu reviens quand ?
-Je ne sais pas vraiment.»
Henry n'a jamais été très bavard. Il se contente donc de me tendre un ours en peluche.
«-Comme sa, moi aussi je pars avec toi.
-Je t'aime.»
Je lui plante un bisou sur son front et ferme la porte de sa chambre derrière moi, sa peluche serrée contre ma poitrine.
Ma chambre se situe en face de la sienne. Appuyée contre la porte je m'autorise un soupir. Après avoir fermée les yeux pendant cinq minutes, je me dirige vers le placard et cherche mon sac noir. C'est un sac de militaire, assez grand. Déjà à moitié rempli avec un ordinateur portable et plusieurs téléphones prépayés, je me contente d'enfourner quelques vêtements avant de le fermer.
Je donne à Julia une liasse de billets qui lui permettra de faire les courses, lui dis au revoir et quitte mon appartement mon sac sur l'épaule.

Fuite impossibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant