Chapitre 7

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-Allez ! Une bouchée pour Papa….

Je secoue la tète en croisant mes bras sur mon torse. Gabi laisse retomber la cuillère dans la purée et affiche une moue sévère.

-Non mais sérieusement Bethany, faut que tu manges… Ce n’est pas comme ça que tu va t’en sortir !

Je jette un coup d’œil au plateau, un verre d’eau, une compote et une assiette de purée à la couleur pas très alléchante. Mon estomac se tord et je réprime un haut le cœur.

-Je ne peux vraiment pas, c’est tellement… Beurk !

Ma meilleure amie éclate de rire et viens s’allonger à coté de moi, je me pousse un peu et nous tenons toute les deux sur le petit lit d’hôpital. Elle pose sa tête sur mon épaule et observe la petite pièce blanche démunie de couleurs. Ça fait maintenant deux jours que je suis ici, les médecins m’ont fait passer une batterie de tests et cet après-midi je dois encore passer une radio et je pourrais sortir quelques heures plus tard, si tout va bien. Je n’ai pas revu Edwin et Henry depuis hier, mais je sais qu’ils sont très occupés pour annoncer la vérité sur ma maladie et expliquer les nouvelles formalités du contrat. Soudain la voix de Gabriella brise le silence.

-Sincèrement, pourquoi tu ne m’en as pas parlé ?

Je soupire en remettant une mèche de mes cheveux en place.

-Je ne voulais pas t’inquiéter...

-Et psychologiquement comment tu vas ?

Je ne sais pas comment lui expliquer que j’ai constamment peur que mon rêve s’écroule du jour au lendemain. Que je ne parviens pas à me dire que je suis réellement malade et que c’est quelque chose d’assez sérieux dont il n’existe pas de solution miracle. Je n’arrive pas encore à croire que je vais devoir m’habituer à ce problème de santé et que mes jours sont désormais comptés. Comment réussir à faire comprendre à une personne en parfaite santé que la vie est plus fade depuis que l’on sait que notre durée de vie est réduite ? Comment lui faire part de nos sentiments, décuplés en sentant l’étau de la mort se resserrer autour de nous ? J’y pense constamment depuis que je me suis réveillée ici, c’est horrible. Je n’arrive pas à me rendre à l’évidence, il y a quelques jours je vivais normalement et me voilà maintenant étiqueté en tant que malade grave.

-Je crois que mon moral en a pris un sacré coup… Je ne sais pas trop comment en parler, mais je ressens tellement de choses qu’une journée ne serait pas suffisante pour tout expliquer. Les médecins souhaitent que je sois suivie par une psychologue mais je n’en ai pas envie.

Elle me prend la main, la sienne est chaude, pleine de vie tandis que la mienne est rigide et froide, démunie de sentiments, comme morte.

-Je ne peux sûrement pas comprendre, mais je veux que tu saches que je suis là pour t’écouter si tu en ressens le besoin. Comme une sorte de journal intime, tu parles et je ne te coupe pas. Sauf pour faire des blagues et te faire sourire bien sûr !

Je la regarde et à l’aide de ses deux mains elle me tire les joues pour me faire sourire. Devant ma grimace elle éclate de rire et je ne tarde pas à la suivre. Pendant un bref instant, je pense à autre chose, pendant un court moment la vie est devenue plus jolie, grâce à mon amie. La porte de la chambre s’ouvre sur mon père, frottant ses bottes sur le sol et déposant son bonnet sur la table. Il tient plusieurs boites de pizzas et Gabi se relève pour se débarrasser du plateau.

-A mon avis c’est beaucoup mieux que cette nourriture digne d’une maison de retraite! Dit-il en riant.

Il ouvre une boite et la dépose sur la table surplombant le lit. Gabriella s’installe à coté de moi tandis que mon père se met en face de nous de l’autre coté de la table. L’odeur succulente emplit mes narines et chacun se sert une part. Je croque dans la mienne et mon amie pousse un soupir de soulagement en levant les yeux au ciel.

One Song for Tomorrow Où les histoires vivent. Découvrez maintenant