One Song for Tomorrow

Chapitre 3

Je replace ma veste en jean sombre et je souffle un bon coup avant de regarder mon reflet dans le miroir. Mes cheveux que j’ai bouclés tombent en cascade sur mes épaules, seuls ces derniers ressortent sur ma tenue complètement noire. D’après mon père il faut que j’ai l’air mature et sûre de moi, je ne dois pas arriver avec un air innocent sur le visage cela risquerait de me porter préjudice et les producteurs ne feraient qu’une bouchée de moi. Je pousse la porte des toilettes et mes talons noirs claquent sur le sol carrelé de l’établissement. J’ai rendez-vous dans exactement cinq minutes avec Edwin et son manager pour discuter du contrat et d’autres formalités de ce genre.

Depuis dimanche mon quotidien a parfaitement été bousculé. Le soir même de ma victoire, mes réseaux sociaux ont été bombardés de fans voulant savoir qui j’étais et pourquoi j’ai été choisie par Edwin. Quand j’ai voulu me rendre à l’école lundi matin, tout les gens que je croisais dans la rue me souriait ou me demandait des photos. J’ai trouvé ça très étrange, c’était comme si maintenant j’étais devenue une véritable star montante. Ces gens ne connaissent rien de moi, ils ne m’ont sûrement jamais entendu chanter mais il faut croire qu’avoir été choisie par le chanteur le plus en vogue du moment arrange tout.

J’avance dans les couloirs, mon sac sur l’épaule droite, tournant la tête à chaque porte pour y lire l’inscription correspondante. Je remarque des loges sous le nom de plusieurs grands chanteurs mais je ne trouve pas celle d’Edwin. Un escalier se dresse devant moi, intriguée je décide de monter, peut être me suis-je tout simplement trompée d’étage. Je parviens au sommet et je repère très vite l’inscription « étage rendez-vous professionnels ». Un bureau en bois avec une petite femme tirée à quatre épingle est située en face de moi, je m’approche essayant de faire le moins de bruit possible puisque cette dernière est au téléphone et j’attends qu’elle ait raccroché.

-C’est pour ? Demande-t-elle en posant le combiné sur son socle.

-Bonjour, je suis Bethany Adams et je dois venir voir monsieur Henry James et Edwin pour un rendez-vous. Nous devons discuter de la forme de mon contrat ainsi que des banalités dans ce genre.

-Attendez une minute.

Elle plonge ses yeux dans différents papiers et je me tourne pour observer la pièce. Hormis ce bureau, il y a trois fauteuils gris avec un tapis blanc et une petite table en verre. Plusieurs plantes vertes apportent un peu de couleur et je remarque des prix sûrement remportés par des personnalités connues en or ou en argent sur une petite étagère. La secrétaire me regarde à nouveau en souriant et annonce gentiment :

-Ils ne devraient pas tarder, vous pouvez attendre ici.

Je hoche la tête et je vais m’installer sur un des fauteuils. Je dois bien patienter une dizaine de minutes avant que la porte sur ma droite s’ouvre dévoilant une jeune femme en tailleur, les cheveux ébouriffés et la chemise entrouverte. Je me penche pour savoir qui est l’autre personne et je constate avec amusement qu’il s’agit du manager d’Edwin, Henry James. Ce dernier renoue sa cravate en lorgnant avec envie sur les fesses de la jeune femme qui s’éloigne. Je ne bouge pas d’un millimètre, et je reste choquée. Je ne sais pas qui est cette femme mais apparemment monsieur James ne fait pas que bosser. Je fixe le sol en espérant qu’il ne m’ait pas vu quand une voix que je reconnaitrai entre milles se fait entendre.

-Bethany !

Je relève les yeux et je vois Edwin, plus beau que jamais s’avancer vers moi en souriant. Ses yeux bleus pétillent de malice et ses cheveux sont un peu en broussailles. Mais il n’a plus sa mèche devant les yeux et je fronce les sourcils quand il demande ;

-Je me suis coupé les cheveux, t’en penses quoi ?

Je reste un moment interdite, je n’ai pas eu d’autre échange avec lui depuis le jour de mon audition et il me demande si j’aime sa nouvelle coupe de cheveux, comme si nous étions amis de longue date. Je descends mes yeux sur son corps et sa chemise blanche est parfaitement assortie avec son jean noir. C’est classe, sans en faire trop.