One Song for Tomorrow

Chapitre 1

-Mais Papa, c'est une opportunité en or ! Dis-je en posant le formulaire sur la table en acajou de la salle à manger.

Mon père me regardait, les sourcils froncés signe qu'il était en proie à un débat intérieur. Il prit les papiers en mains afin de les inspecter, puis rehaussa ses lunettes en soupirant, considérant qu'il ne pouvait définitivement plus lutter.

-Bon c'est d'accord.

Je sautillai en le prenant dans mes bras. Il ria devant mon entrain considérable, et je m'asseyais à ses côtés, un stylo à la main afin de remplir ce formulaire qui peut être me permettrais de réaliser mon rêve : décrocher un contrat pour devenir chanteuse.

Lorsque l'école nous a distribué ces tracts pour le concours de chant que le célèbre Edwin organisait je n'en suis pas revenue. C'est une opportunité en or et je suis bien déterminée à m'accrocher pour essayer d'obtenir la place que tant de monde convoite. Depuis toute petite je chante, et le décès de ma mère à mes sept ans m'a ouvert les yeux sur le monde. J'ai grandi beaucoup trop vite et la musique a été pour moi une sorte de refuge. Je cachais ma tristesse en chantant, et ça m'apaisais. Dès lors mon père a vu en moi un véritable talent, alors j'ai commencé à prendre des cours de chant avec un professeur tout en travaillant à l'école. J'ai obtenu mon bac économique avec une bonne mention, et j'ai postulé pour une école de chant très réputée dans le pays, où j'ai finis par être admise début septembre.

-On est d'accord que si jamais il se passe quelque chose qui puisse te mettre en danger ou quoi que ce soit d'autre tu me tiens au courant d'accord ? Je ne veux pas que quelque chose t'arrive...

-Oui Papa, promis.

Je suis bien consciente que mon père est devenu très protecteur envers moi depuis la disparition de maman. Elle est morte dans un accident de voiture sur l'autoroute, une voiture qui circulait dans le mauvais sens l'a percuté, elle rentrait du travail, c'était le 26 Janvier 2003. Depuis je ne vis qu'avec mon père, et comme je suis en quelque sorte la seule chose qu'il lui reste il ne peut pas s'empêcher de vouloir me surprotéger. Je ne lui en veux pas, et je le comprends. Comment ne pas être angoissé quand on a perdu sa femme et que votre fille grandit en rencontrant tout les risques de la vie?

Nous remplissons donc le formulaire avec toutes les informations demandées, puis je m'occupe de l'introduire dans une enveloppe en papier et d'inscrire l'adresse du lieu où les inscriptions doivent arriver.

-Je vais poster la lettre, dis-je en criant depuis le hall à l'intention de mon père, je reviens dans une vingtaine de minutes !

J'enfilai mon manteau sombre et attacha mes souliers. Puis j'ouvris la grande porte avant de dévaler les marches jusqu'au petit portillon que je déverrouillais. Dans la rue, je descendis au centre-ville pour rejoindre la poste la plus proche. L'air frais me fouettait le visage et je gardais mes mains bien au chaud dans mes poches. On approchait de l'hiver et le temps commençait à refroidir. Les jours se faisaient plus courts et la luminosité baissait. Le vent se levait et la pluie, une sorte de petite bruine, tombait en permanence sur la capitale. Les enfants rentraient de l'école à vélo ou à pied, et les magasins affichaient déjà sur leurs enseignes, les couleurs de Noël. J'entrais dans la petite poste jaune et me mis sur la pointe des pieds pour glisser l'enveloppe dans la boîte aux lettres, assez haute. Il faut dire que ma petite taille ne m'aide pas beaucoup. Gabriella, ma meilleure amie, adore me surnommer "mini Bethany". En même temps si on nous compare on se rend vite compte que nous sommes très différentes. Je suis blonde, elle brune. Plutôt grande et élancée, elle a toujours confiance en elle et n'hésite pas à donner son avis quand quelque chose lui déplait.
Moi pour ma part je suis plutôt timide et j'ai souvent tendance à ne pas croire en moi. J'ai beau être déterminée, une fois devant le fait, je me décourage facilement.