Chapitre 12

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-Sachez que sa construction a été engagée au IIIème siècle av. JC. Elle prit fin seulement au XVIIème siècle sous la dynastie Ming. À l’origine, cet ouvrage militaire pouvait s’élever jusqu’à 17 mètres de hauteur et  s’étendait sur 20 000 kilomètres. Aujourd’hui, il n’en reste « que » 6 700 km.

Le guide parle dans un très bon anglais, et nous comprenons facilement. J’attrape mon portable et ouvre la caméra frontale que je positionne devant mon visage et celui d’Edwin. En voyant sa tête il affiche un grand sourire, je l’imite et je prends le cliché. Nos visages resplendissent de bonheur et nos chapeaux typiquement chinois ajoutent une touche d’originalité. J’en profite pour l’envoyer à mon père avec un petit message rassurant. Je range mon téléphone en me frottant les yeux, le décalage horaire est loin d’être un avantage. Mais comme nous devons faire cette liste, nous n’avons pas une minute à perdre. Je sais qu’Edwin peut ralentir le rythme si jamais ma maladie venait à devenir trop pesante mais pour l’instant il faut profiter au maximum, on ne sait pas de quoi demain sera fait. Nous suivons le petit groupe de visiteur, tandis que notre accompagnateur continue de donner des informations sur la muraille de Chine. C’est vraiment très beau, il y a parfois quelques anciennes maisons au milieu de toute cette verdure mais la plupart du temps nous ne voyons que la faune et la flore. C’est comme si nous étions déconnectés de toute civilisation, j’ai l’impression d’être dans un milieu unique, le dépaysement est vraiment grandiose.

-Depuis 2007, la Grande Muraille est classée parmi les 7 nouvelles merveilles du monde. Continue l’homme en désignant le reste du chemin d’un mouvement de main.

Les touristes saisissent leurs appareils pour immortaliser ces moments. Il n’y a pas beaucoup de Chinois, mais énormément d’étrangers venus d’un peu partout dans le monde. Des américains en passant par les Norvégiens ou bien les Français.  Nous sommes sur le tronçon de Gubeikou, Edwin a choisit celui-ci parce qu’il est moins fréquentés que les autres et beaucoup plus immergé par la nature. Je dois dire que je suis particulièrement bien d’accord avec lui, cette section est l'une des parties non restaurées de la Grande Muraille de Chine. Située à 130 km de Pékin, elle est assez difficile d'accès et donc peu fréquentée mais c’est ce qui fait son charme. Laissée à l’abandon c’est une des plus époustouflantes. Je plante mon bâton de marche tout en soufflant un peu, Edwin me passe la bouteille d’eau, une fois que je suis prête nous recommençons à marcher un peu en retrait.

-Nous voilà sur l’une des parties les plus jolies de Gubeikou : Wuhoshan ! Admirez cette beauté !

Tout le monde s’arrête tandis que j’observe le paysage qui m’entoure. Cette partie montagneuse me fait penser à deux tigres, l’un allongé sur son dos et l’autre couché à plat ventre. J’imagine que c’est pour cela qu’elle porte ce nom, soit montagne du tigre accroupi. Les tours de guet sont dispersées à une certaine distance les unes des autres. Elles offrent alors un joli point de vue et un lieu de repos idéal. Le guide nous explique que Wuhoshan est réputée aussi pour les tours Jiemei (soit tours sœurs) surplombant le lit de la rivière Chao. Nous faisons une halte à cet endroit afin que tout le monde se repose un peu et pour profiter du calme. Je m’approche pour voir le plus de choses possible. C’est tellement incroyable que j’en perds les mots, une nouvelle fois j’oublie tout. Mon nom, ma vie et mes tracas quotidiens. J’ai l’impression de planer trois mètres au dessus du ciel, d’avoir mis le pied dans une galaxie éloignée, dans une contrée reculé.

Je me tourne vers Edwin qui lui aussi est absorbé par cette vue splendide. Toujours aussi mignon avec ses cheveux blonds qui volent au vent, j’ai l’impression de découvrir une nouvelle facette de lui à chaque fois que nous découvrons une autre merveille du monde. C’est tellement amusant comme attendrissant. Malgré son succès Edwin reste une personne comme les autres, quelqu’un avec de multiples ressources mais aussi un petit garçon avec une soif d’apprendre inépuisable. Il est clairement imprévisible comme diablement attirant. Soudain sa tête pivote pour me regarder, prise sur le vif je baisse précipitamment les yeux avant qu’il sorte une remarque pouvant me mettre mal à l’aise mais il ne dit rien. Au moment où je pense qu’il ne m’a pas remarqué et que je peux reprendre mon observation, je sens deux mains se poser sur ma taille. Mon cœur s’emballe une nouvelle fois et je sens son souffle au creux de mon cou.

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