Chapitre 5

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Une fois qu'on avait traversé tous ces endroits, on alla se reposer dans un petit immeuble qui disposait de matelas durs mais plus moelleux que les cartons.
Iria : Dis, Onaku... si tu viens du Zuva... comment t'as fait pour découvrir cette dimension ?
Moi : J'avais sept ans, c'était lors de mon premier tournoi de judo. J'avais fait un malaise et du coup je me suis retrouvé ici. Au départ, je croyais que c'était un rêve mais j'ai finis par réussir à y accéder dès que je voulais donc j'ai compris. Et toi ?
Iria : Je crois que j'avais dix ans, j'avais rencontré par hasard un monstre qui m'a attaqué. Il m'a blessé gravement et, en un clignement d'yeux, je me suis retrouvée dans l'autre dimension. Moi aussi, je croyais que c'était une hallucination mais j'avais la marque de ma blessure et je ressentais parfaitement la douleur. J'ai eu vraiment peur du monde que je venais de découvrir et j'ai finis par reprendre connaissance dans ma dimension natale. Je l'ai dis à mes parents et ils m'ont ordonné de n'en parler à personne... je ne comprenais pas pourquoi... jusqu'au jour où... j'ai assisté à une exécution publique, c'était ma cousine avec laquelle j'étais extrêmement proche, elle avait le même pouvoir que moi. Ils l'ont découpé en deux en commençant par le bas pour qu'elle souffre le plus possible... elle n'avait que quinze ans...
Moi : C'est horrible... on a rien fait de mal, putain !
Je réfléchissais.
Moi : Ça te dirait qu'on se retrouve dans le Zuva ?
Iria : Oh, oui, avec plaisir !
Moi : On pourrait aller au cinéma.
Iria : Le « cinéma » ? C'est quoi ?
Moi : T'es bien une Munhu, toi.
Je rigola doucement et ferma les yeux.
Moi : À tout à l'heure, alors.
On convenu d'une heure et d'un lieu de rendez-vous puis j'alla dans l'autre dimension.

13:46

L'hôpital m'avait laissé sortir car mon état s'était amélioré.
Je partis donc rejoindre Iria.

Arrivé dans la rue marchande, je la vis devant moi, à quelques mètres, en train de regarder les affiches de films.
Je m'approcha doucement en souriant.
Moi : Lequel voudrais-tu voir ?
Elle sursauta et me sourit quand elle vit que c'était moi.
Iria : Celui-là.
Moi : Heu... c'est un film d'horreur, je ne pense pas que ce soit un choix très judicieux pour ton premier film.
Je regarda les autres affiches.
Moi : Pourquoi pas celui-là ? C'est un film de science-fiction qui parle d'une jeune fille qui se retrouve dans un monde inconnu et qui cherche à en sortir mais qui apprend en même temps à vivre dans ce monde.
Iria : Oh, ça a l'air bien !

15:51

Le film venait de se terminer.
Durant toute la séance, elle avait l'air de rencontrer une divinité ! Ses yeux brillaient et son sourire lui arrivait jusqu'aux oreilles.
On sortit de la salle et marchât dans la rue, je la vis regarder tous les gens autour de nous et elle me prit la main.
Elle pensait sûrement que c'était une chose habituelle entre humains.
Moi : J'étais surpris que tu comprenne cette langue.
Les Munhu parlaient le Nasho, c'était la seule langue connue dans leur dimension.
Iria : Au Palais Royal, il y a pleins de livres sur les humains et l'un d'entre eux nous apprend à parler toutes les langues. J'ai essayé d'écouter les mots des humains d'où j'étais et j'ai regardé à quelle langue cela correspondait. J'ai donc appris cette langue.

22:18

La journée était passée très vite !
On s'était promenés un peu partout, je lui avais fait découvrir pleins de choses.
On mangeait maintenant une glace au bord de la mer, assis sur le rebord en pierres avec le reflet de la lune sur l'eau.

Version d'Iria

La journée avait été géniale mais... j'avais ressentis que quelque chose se passait.
Moi : Onaku... pourquoi fais-tu tout ça ?
Onaku : Que veux-tu dire ?
Moi : Bah... tout ce qu'on a fait aujourd'hui, j'ai bien compris que tu ne le faisais pas vraiment... pour moi... C'est elle, pas vrai ? C'est pour elle que tu as fait ça...
Il baissa le regard, je le voyais devenir très triste.
Onaku : Tu as raison... j'aurais aimé faire tout ça avec elle...
Moi : Ce n'est donc pas ta sœur...
Onaku : Non, j'ai une petite sœur mais ce n'est pas une Kuchena et elle n'a pas disparu.
Pourquoi était-il si attaché à cette fille si elle n'était pas sa sœur ?
Était-elle de sa famille ?
Non... sinon elle connaîtrait déjà la dimension du Zuva et il n'aurait pas à lui faire découvrir tout ça...
Mais qui était-elle donc ?

Version d'Onaku

Dimanche 2 Juillet 2017

Je marchais le long des immeubles, perdu dans mes pensées jusqu'à ce que je me cogne contre quelqu'un.
Je me retourna vers cette personne.
Moi : Excusez-moi, j'étais dans mes pensées et je ne faisais pas attention.
Je regarda la personne des pieds à la tête.
Vu sa corpulence, c'était un homme mais son visage était caché par une capuche.
... : Quel est ton nom ?
Sa voix était roque et froide, c'était bien un homme mais il avait une drôle d'aura... on aurait dis une aura d'assassin...
Moi : Je... je m'appelle... Ona... Onaku...
... « Ona »...?
Je resta bouche bée quand il prononça ce surnom... une seule personne m'appelait comme ça.
Moi : Qui... êtes... vous...?
C'était les seuls mots qui réussirent à passer entre mes lèvres parmi mes milliards de questions qui firent presque exploser ma tête.
... : Onaku !
Je me retourna et vis Iria courir vers moi.
Par instinct, je fis un demi-tour sur moi-même mais l'homme avait disparu...
Iria se positionna devant moi en reprenant son souffle.
Iria : Ça fait deux jours que je ne t'avais pas vu, je m'inquiétais.
Moi : Iria... est-ce que... tu aurais vu... la personne qui était là ?
Iria : Non, il y avait quelqu'un avec toi ?
Moi : Oui... c'était un homme.
Iria : Que te voulait-il ?
Moi : Savoir mon nom...
Iria : C'est étrange...
Moi : Oui...
J'étais toujours sous le choc et sa voix prononçant ce nom continuait à hanter mon esprit.

Version d'Iria

Dimanche 9 Juillet 2017

J'attendais Onaku pour aller me coucher mais il ne venait pas... le jour se levait bientôt pourtant dans le Zuva.
Je décida donc d'aller le trouver.
Je traversa toute la ville, toutes les rues mais rien.
Je me rappela alors qu'il venait souvent à un endroit précis.
J'y alla donc et le trouva assis sur le béton, en face de la rivière, pleurant à chaudes larmes.

Moi : Onaku...
Je m'approcha de lui.
Moi : Je t'attendais, tu sais ?
Onaku : Désolé, Iria...
Je m'installa à côté de lui.
Moi : Pourquoi pleures-tu ?
Onaku : Parce que... la fille que je cherche... elle me manque tellement...
Moi : Parle-moi d'elle, ça te fera du bien.
Onaku : C'est la première personne que j'ai rencontré dans cette dimension, c'est elle qui m'a fait découvrir la Mwedzi et qui m'a appris votre langue. Je n'avais que sept ans et je l'ai perdu il y a trois ans...
Moi : Comment ça, tu l'as « perdu » ?
Onaku : On se retrouvait tous les soirs devant la Faimere Rwizi* et, du jour au lendemain, elle a cessé de venir... je ne l'ai plus jamais revu...
Il avait l'air de beaucoup tenir à elle... comme si... il était amoureux... L'était-il...?

Version d'Onaku

Je pliais sous la douleur tenace qui broyait mon âme sans merci. Je priais, sans la foi, pour qu'elle soit quelque part en sécurité. Comment ressentir de la haine pour un être que l'on aime plus fort que soi ? Faites qu'un jour je la retrouve car c'est elle qui a fait de moi un homme. Je voudrai croire que c'était de ma faute si, ce soir encore, elle n'était pas là.

Ona...

L'écho de sa voix me dévorait sans cesse. Trouver la force de bannir le passé, les souvenirs qui font mal, était-ce la bonne solution ? Le vide, l'absence, le manque et la douleur. À mes cris répondait son silence alors je pleurais, sans m'arrêter...

[ *Faimere Rwizi : «Rivière Faimere» dans la langue des Munhu ]

Je reviens te chercherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant